Chapitre 8

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Le mois tire à sa fin, et avec l'arrivé de la paye. La gestion d'un appartement n'est pas une mince affaire, et j'ai beau avoir un bon salaire, mes responsabilités en tant que jeune propriétaire me force à restreindre mes dépenses au strict minimum.

Si seulement on m'avait prévenu que j'aurai à jongler entre les factures, les rénovations et les imprévus !

Cette réalité me pèse parfois sur le moral, ajoutant une couche de stress supplémentaire à ma vie déjà bien remplie. Mais ça, c'est un autre débat.

Ce matin, je peine à sortir du lit. La rencontre avec Jim m'a laissé un goût désagréable qui m'empêche de trouver la paix. Il est onze heures passées, et je n'ai aucune envie de me bouger. Ce n'est pas dans mes habitudes de traîner ainsi, surtout avec les travaux que j'ai entrepris dans la salle de bain que j'ai à cœur de transformer en douche italienne grâce aux tutos YouTube et Instagram. Le plus difficile a été la plomberie, car rien ne prépare vraiment à la réalité des travaux. Mais je suis fière de m'en être sortie, avec l'aide précieuse de ma mère et de Sarah, les jours où elle pouvait se libérer.

Aujourd'hui, pourtant, je n'ai envie de rien faire. Je m'en veux de laisser Jim prendre autant de place dans mon esprit, au point de me couper l'envie d'être agréable, même avec ma mère qui n'attend pas mon autorisation pour entrer dans ma chambre et ouvrir les volets en grand, laissant entrer la lumière crue qui m'aveugle.

- Maman ! Je grogne en cachant mon visage sous la couette.

Elle tire sans ménagement la couette pour me forcer à me lever.

- Si l'avenir appartenait aux lève-tard, ça se saurait ! Me rétorque-t-elle avec ce ton maternel qui m'agace au plus haut point.

Ses intentions sont bonnes, mais je ne supporte pas qu'elle me traite encore comme une enfant.

- Je peux au moins profiter de ma chambre pour me changer, ou ça aussi, tu vas me l'interdire ? Je réponds plus sèchement que je ne l'aurais voulu.

Ma mère, visiblement vexée, sort en claquant la porte derrière elle. Pourquoi ai-je réagi ainsi ? Je soupire, regrettant aussitôt mon ton désagréable, et la manière dont je laissais ce connard affecter mon rapport aux autres. Le revoir a remué des souvenirs que je croyais enterrés. Je m'efforce de les ignorer, mais ils sont là, persistants et lourds.

Je profite de ce moment de calme avant la tempête pour prendre une douche rapide. La semaine a été longue, les heures de travail s'accumulent, si bien que je ressens des courbatures dans le dos. Ce week-end devait être l'occasion de me reposer, mais il commence mal.

Une fois propre, j'enfile un jean Levis et un tee-shirt AC/DC. Cette tenue, simple mais confortable, m'apporte un semblant de normalité. En longeant le couloir vers la pièce à vivre l'odeur du petit-déjeuner me parvient, et me rappelle à quel point elle prend soin de moi malgré notre échange acerbe.

Je la trouve déjà à table, un regard préoccupé sur son visage. La culpabilité me ronge. J'attrape un toast avant de tirer la chaise en face d'elle.

- Je suis désolée pour tout à l'heure, dis-je en me pinçant nerveusement la lèvre inférieure. Je ne voulais pas être désagréable.

Elle ne répond pas tout de suite, se contentant de me servir une tasse de café. Je sens la tension dans l'air, un silence que j'ai du mal à supporter.

- Tu as l'air épuisée, répond-elle enfin.

Son expression s'adoucit mais demeure préoccupée. Je hoche la tête, incapable de formuler une réponse adéquate, tant les mots me manquent. Je me contente de boire une gorgée de café, espérant qu'il m'aider à faire le vide dans mon esprit.

- J'ai beaucoup de travail au bureau. Entre la salle de bain et... d'autres choses, bref je suis désolée !

Ma mère me regarde attentivement, comme si elle cherchait à lire dans mes pensées.

- Ce n'est rien, ma chérie. Je sais que tu es sur-bouquée. Mais je n'aime pas te voir aussi abattue. Et puis, tu n'as pas à tout gérer seule. Sarah et moi sommes là pour t'aider.

Je sais qu'elle a raison, mais une partie de moi refuse d'admettre que j'ai besoin d'aide. La fierté, sans doute, et cette envie tenace de prouver que je peux tout gérer. Mais aujourd'hui, cette fierté semble plus lourde que jamais.

- C'est juste que... mon ex est revenu hier, et ça m'a un peu chamboulée.

Elle fronce les sourcils, surprise.

- Ce Jim ? Je pensais que vous n'aviez plus de contact.

- Moi aussi, jusqu'à hier ! ça m'a rappelé de souvenirs que j'étais parvenu à oublier, ou du moins, à mettre de côté.

Ma mère pose sa main sur la mienne, un geste simple mais apaisant.

- Les vieux souvenirs ont tendance à revenir nous hanter quand on ne les attend pas. Mais tu es forte, ma fille. Tu as traversé bien pire.

Ses mots sont censés me rassurer, mais ils réveillent aussi cette part de moi qui se sent vulnérable. Oui, j'ai traversé des épreuves, mais cela ne rend pas pour autant la chose facile. Cela dit, elle a raison. Jim est un fantôme du passé, un spectre qui ne mérite pas de dicter mon présent.

Nous finissons de manger et je me sens un peu plus légère. Ma mère me raconte des histoires sur ses expériences de rénovation qui parviennent à me faire sourire malgré tout. Elle a le don de rendre les situations les plus complexes, plus supportables.

- Je vais me mettre au travail, dis-je en me levant de table. Merci pour le petit-déjeuner.

Les outils sont déjà prêts. Je me plonge dans les travaux, essayant de me concentrer sur la tâche à accomplir. Mais les pensées de Jim et les réminiscences de notre rencontre continuent de flotter à la surface de mon esprit. Chaque coup de marteau, chaque ajustement de tuyau est une tentative de repousser ces souvenirs. Les heures passent, et je finis par perdre la notion du temps. La plomberie est un défi, mais j'ai réussi à résoudre les problèmes les plus urgents. Je suis fière du travail accompli, même si ce n'est pas parfait. C'est un pas de plus vers la pièce dont j'ai toujours rêvé.

En début d'après-midi, Sarah arrive, comme promis. Son sourire et sa bonne humeur sont contagieux, et je sens une partie de mon stress s'évaporer en sa présence.

- Hé, superwoman ! Comment ça va ? lance-t-elle en entrant dans la salle de bain.

- Mieux maintenant que tu es là, je souris.

Elle m'aide à peaufiner les détails, et nous passons l'après-midi à travailler côte à côte, bavardant et plaisantant comme au bon vieux temps. Sa présence me rappelle que je ne suis pas seule, que j'ai des amis et une famille qui me soutiennent.

Le soir tombe, et nous nous asseyons enfin pour prendre un verre bien mérité. Ma mère nous rejoint, et nous parlons de tout et de rien, appréciant ce moment de détente après une journée de dur labeur.

- Tu as fait du bon travail, Guiliana, dit ma mère en levant son verre. Ta salle de bain sera magnifique.

- Merci, maman. Merci à vous deux. Je ne sais pas ce que je ferais sans vous.

- On est là pour toi, toujours.

- On est là pour toi, toujours

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FOREVER YOURS II (en correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant