Secret

|| Chapitre 9 ||

KAE PDV

Qu'est-ce qui m'arrive ? Pourquoi cette sensation d'énervement omniprésente refuse-t-elle de me laisser en paix, de me libérer de son emprise ?

Je suis là, étendu sur mon lit, contemplant le plafond de ma chambre avec une lassitude infinie, tandis que les autres, sans doute insouciants, s'adonnent à des activités joyeuses et bruyantes, comme s'ils n'avaient aucun souci au monde, probablement en train de s'amuser à un karaoké, ce qui est une activité que je n'ai jamais pu supporter, car cela transforme une soirée conviviale en un véritable calvaire auditif, une cacophonie insupportable. D'ailleurs, Elena partage exactement mon point de vue sur ce sujet, et nous avons souvent plaisanté à ce propos, nous moquant gentiment des performances désastreuses de nos amis.

Cette aversion pour les bruits forts, je le sais bien, provient probablement du fait que l'une de mes oreilles est particulièrement sensible et fragile, une vulnérabilité qui fait que lorsque le volume sonore augmente, une douleur aiguë se manifeste inévitablement, comme si un couteau s'enfonçait dans mon tympan. Certes, avec le temps, j'ai appris à gérer cette douleur, à m'en accommoder, mais je suis parfaitement conscient que si le son devenait vraiment trop fort, cela pourrait me rendre sourd d'une oreille, un risque que je ne suis pas prêt à prendre à la légère.

Soudain, un bruit inattendu me sort brutalement de mes pensées et une voix se fait entendre, une voix teintée d'une inquiétude perceptible malgré son ton mesuré.

- Ça va, Kae ? demande cette voix douce mais empreinte de sollicitude.

C'était Rhéana.

L'entendre prononcer mon nom avec une telle douceur me ramène instantanément à un souvenir précis, un endroit particulier. Je me lève, ouvre la porte de ma chambre juste assez pour glisser à l'extérieur, puis la referme rapidement derrière moi, empêchant Rhéana de voir à l'intérieur.

Je prends délicatement sa main, veillant à ne pas lui faire mal, conscient de la fragilité de ce contact. J'avais appris, au fil du temps, qu'elle aimait les étoiles, les endroits calmes et paisibles où l'on pouvait contempler le ciel nocturne sans être dérangé.

Ainsi, avant que tous ces événements ne prennent une tournure incontrôlable, j'avais décidé de créer un accès au toit, un endroit secret d'où elle pourrait admirer les étoiles en toute quiétude, un havre de paix rien que pour elle.

Je voulais qu'elle se sente à l'aise, qu'elle trouve un refuge, mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. J'ai été violent, impulsif, et je m'en veux terriblement. Elle me déteste, et je le comprends parfaitement. Qui pourrait aimer une personne qui agit de manière aussi possessive et autoritaire ? Pourtant, elle n'a pas l'air totalement malheureuse que je l'ai "acheté", alors je me rassure en me disant que ses parents doivent bien l'aimer, qu'elle doit trouver un peu de réconfort malgré tout.

Je ne savais pas comment m'y prendre, alors je l'ai comme "kidnappée", une action que je regrette amèrement. Il n'y a rien de pire que de priver quelqu'un de sa liberté de manière aussi brutale.

Après quelques pas, nous arrivons à mon bureau, un lieu où je passe beaucoup de temps à régler divers problèmes, souvent en relation avec des personnes que je préfère garder à distance. J'ouvre la porte, la main toujours posée délicatement sur son bras, et j'appuie sur un bouton dissimulé sur le mur à côté de mon bureau.