Étincelle d'espoir

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Chapitre 2: Étincelle d'espoir


Quand je me suis réveillée j'étais trempée de transpiration, les joues trempées elles aussi mais par des larmes. Mon cœur battait si fort que je croyais qu'il allait sortir de ma poitrine. Tout avait l'air si réel que je n'ai pas pu me retenir de m'effondrer en larme, à la fois de soulagement mais aussi d'angoisse profonde. J'ai réalisé que même si ça ne s'est pas réellement produit, ça le pourrait toujours. Jane était dehors, sûrement loin des côtes, entraînée par le courant océanique qui pourrait aussi bien l'emmener sur une rive que en plein milieu de l'océan, loin de toute vie humaine pouvant lui porter secours. J'entendis et vu ma porte s'ouvrir, faisant apparaitre Angela de l'autre côté de celle-ci. Lorsqu'elle prit conscience de mon état, elle accourut de suite pour me prendre dans ses bras. C'était une sensation dont je n'étais toujours pas habituée, ma mère adoptive n'a jamais été très tactile alors quand j'ai à faire à une mère comme Angela le contraste est toujours très percutant. Mais j'étais dans une telle détresse que sa présence était plus que nécessaire. Je devais admettre que cette sensation qui avait envahi tout mon corps m'était presque inconnue. Jamais je ne m'étais autant inquiété pour quelqu'un autant que je m'inquiétais pour Jane à cet instant. L'imaginer loin et peut-être de la perdre pour toujours m'était insupportable. Pourtant elle et moi étions si différentes l'une de l'autre qu'il serait presque impossible d'imaginer qu'elle est moi puisse être si proches. Pourtant c'était le cas. Mais ce que je ressentais était forcément de l'amitié, qu'est-ce que ça pourrait être d'autre sinon?

Angela me tenait fort dans ses bras pendant que les larmes n'arrêtaient pas de couler, me berçant aussi légèrement pour calmer cette crise que jamais je n'avais expérimenté dans le passé. Après au moins une dizaine de minutes, je finis enfin par me calmer et Angela me passa sa main sur mes cheveux. J'ai fini par me redresser, et par la regarder, attendant qu'elle me demande ce qu'il se passait, même si je n'avais pas envie de lui parler maintenant. Mais elle resta muette, elle avait compris que maintenant était trop tôt pour moi et qu'il allait falloir attendre un peu.

"Tu veux une tasse de thé?" elle me demanda, ses yeux remplis d'affection et de tristesse.

"Volontier." Ma voix était comme cassée, brisée par cet évènement bien trop dur à gérer. Je pensais à la vie que j'aurais sans Jane à mes côtés, vers qui je me tournerais pour parler quand j'en ai le besoin, avec qui je passerais mes soirées calmes pour relâcher la pression de la semaine, qui viendra en salle d'autopsie pour trouver des réponses, accompagnée de son sarcasme et son impatience habituels. Je ris au souvenir de ce qui la caractérisait et que, étonnamment, j'aimais énormément chez elle. Une citation disait "Les opposés s'attirent", je suppose que ce n'était pas tout à fait faux.

Angela était descendue il y a quelques minutes pour faire le thé et j'ai fini par décider de descendre aussi. Je ne voulais pas rester ici à me morfondre, il fallait que je bouge, que je me change les idées. Arrivée en bas je me suis rendue compte qu'on était déjà la nuit et j'ai compris que cela faisait maintenant vingt-quatre heures que Jane avait sauté de ce pont. La peur m'a de nouveau saisie. Il fallait que je demande à Angela des nouvelles, même si j'aurais dû en avoir aussi s'ils l'avaient retrouvé. Je me suis assise à l'îlot central de la cuisine, en face d'Angela qui préparait le thé.

"Toujours pas de nouvelles?" J'ai dit avec une intonation à moitié interrogative et déclarative. Angela soupira et une vague de tristesse passa sur son visage.

"Toujours pas non. Ils regardent de partout, tout le monde est réquisitionné. J'ai peur qu'elle ne revienne pas, Maura. Ce travail c'est beaucoup trop pour moi je ne peux pas le gérer, cette angoisse je ne la supporte plus." Sa voix tremblait et ses yeux commencèrent à se remplir de larmes, avant qu'une larme solitaire ne finisse finalement par tomber sur sa joue. Elle l'essuya directement, comme si elle ne voulait pas montrer devant moi qu'elle ne va pas bien et qu'elle voulait rester forte pour moi aussi car elle savait que souffrais énormément. "Cela fait trop longtemps qu'elle est dehors, chaque seconde comptent mais visiblement l'univers ne semble pas s'en soucier." Elle me servit une tasse de thé qu'elle venait de remplir et s'en servit une également. On prit toute les deux une gorgée du liquide encore brûlant avant que je ne rompe le silence.

"Je sais qu'elle est forte mais elle n'est pas invincible. D'après ce qu'un ami m'a dit, l'eau est plus chaude que ce que l'on pensait. Mais elle ne survivra pas vingt-quatre heures de plus au mieux si elle à trouvé un objet auquel s'accrocher pour se reposer, mais sinon le manque d'eau potable et le froid la tuera." Le silence se réinstalla, elle et moi nous buvions le thé, absorbées par nos propres pensées et peurs. J'ai fini de nouveau par parler, poussée par une force inexplicable. "Elle me manque déjà." un sourire s'est dessiné sur mon visage en anticipation à ce que j'allais dire ensuite "Je la revois sur ce canapé avec nous trois, ainsi que Frankie et le capitaine Korsak en train de manger des pizzas et de boire des bières devant du baseball, et Jane avec ses anchois à l'odeur nauséabonde." Angela et moi nous sommes mises à rire énormément à ce souvenir. Elle enchaîna.

"C'est vrai que ces créatures ont une odeur et un goût infecte, je ne sais pas comment elle peut aimer ça." Ça faisait du bien de rire pour la première fois depuis la veille. De pouvoir alléger le cœur même un court instant.

Mais la peur est apparue de nouveau, comme pour nous faire revenir à la réalité sordide de l'épreuve que nous traversions tous. Maintenant nous étions toutes deux silencieuses, de nouveau dans nos pensées, quelques larmes tombaient sur nos joues pendant que nous imaginions un futur sans Jane. Sans son rire, ses enfantillages mais aussi tout l'amour qu'elle apportait à son entourage. Une sonnerie vint nous rompre de cet état figé et nous tirer de ce cauchemar éveillé. C'était mon téléphone, j'ai pris une inspiration, essuyé les larmes sur mes joues et décroché le téléphone, mettant sur haut-parleur pour qu'Angela puisse tout entendre.

"Allô?" J'ai dis le cœur à la fois plein d'espoir et d'appréhension. Ce coup de téléphone pourrait aussi bien annoncer la découverte de Jane mais également annoncer sa mort. La voix de Frankie retentit à l'autre bout du téléphone.

"Maura, ils ont retrouvé Paul Wescourt." À ces mots je me suis levée de mon siège, comme revigorée de toute énergie absorbée par la disparition de Jane, et j'adressai un regard à Angela qui attendait avec impatience la suite, la bouche légèrement entrouverte.

"Et Jane? Frankie dis moi qu'ils ont retrouvé Jane et qu'elle va bien." Un soupir se fit entendre avant qu'il ne réponde.

"Désolée Maura, on a aucune trace d'elle pour l'instant." je me suis assise de nouveau, comme pour m'éviter de m'évanouir sur le sol. Et Angela se renferma de nouveau sur elle-même.

La Meilleure Tragédie de Notre VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant