Nuit obscure

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Notes:
Un peu de contexte pour les personnes qui ne se souviennent pas bien de cet épisode en particulier:

Danielle, une jeune femme est retrouvée morte asphyxiée dans son appartement. Les preuves finissent par mener à Paul Wescourt, procureur marié et amant de Danielle. Les preuves qui l'accusent du meurtre s'accumulent, Jane fini par comprendre que c'était un coup monté. Un soir elle trouve Paul sur le bord d'un pont prêt à sauter, après l'avoir convaincu de ne pas le faire il fini par tomber, elle se lance alors à son secourt. Maura ayant assisté à toute la scène panique et se met à crier le nom de Jane.
Maura à cette époque sort avec Jack Armstrong, un professeur qu'elle a rencontré lorsqu'elle a du donner un cours dans une institution.

Chapitre 1: Nuit obscure

Je regardais l'eau attentivement, cherchant un quelconque signe de vie dans cette eau sombre, probablement glacée, sur laquelle se reflétait la lune, très grosse ce soir et particulièrement lumineuse permettant une meilleure vision de ce qui m'entourait. Le vent me donnait des frissons, il faisait froid, assez froid pour me donner la chair de poule. Cela faisait maintenant deux heures que j'étais sur ce pont, regardant en bas, examinant les remous de l'eau. Jane était là-dessous, elle avait sauté. Pourquoi a-t-elle sauté ? Est-ce qu'elle a pensé aux conséquences de ses actes au moins ? Frankie continuait de me répéter la même chose, "Jane est une excellente nageuse, elle va s'en sortir." Mais toutes mes pensées se bousculaient dans ma tête, ainsi que mes ressentis dans mon cœur. Je n'arrêtais pas de rejouer la scène dans mon esprit, je lui ai dit de faire attention, de ne pas être imprudente. Puis elle est passée de l'autre côté de la barrière, je lui ai demandé de ne pas le faire, mais je sais très bien qu'elle est têtue, ce n'est un secret pour personne. C'est quelque chose que j'admire et craint à la fois. Je me demandais ce que j'aurais pu faire pour ne pas qu'elle saute.

"Maura ?" Frankie est arrivé par-derrière et m'a sorti de mes pensées, me faisant sursauter "Désolé, je ne voulais pas te faire peur, comment tu te sens ?" C'est une question qu'il m'avait déjà posée des dizaines de fois, mais il semblait presque aussi inquiet pour moi que pour Jane.

"Je n'aurais jamais dû la laisser sauter, je m'en veux tellement, je n'arrête pas de faire tourner la scène en boucle pour trouver une alternative à ce qu'il s'est passé. J'imagine aussi différents scénarios d'elle dans l'eau, qui nage, qui lutte pour s'en sortir. Je pense à tout ce qu'elle risque." Frankie posa sa main sur mon épaule pour me donner un contact rassurant.

"Tout ira bien, elle reviendra saine et sauve, comme toujours. Retourner la situation dans ta tête ne changera rien à ce qu'il s'est passé, et ça ne fera pas revenir Jane plus rapidement, tu dois arrêter de te torturer avec ça."

Je savais qu'il avait raison, je lui souris et il me sourit en retour, puis s'éloigna retrouver les gardes-côtes et la police qui dirigeaient les opérations de recherche. Quant à moi, j'avais décidé de partir de ce pont qui me rappelait l'événement et je suis allée m'asseoir près de l'eau sur un ponton, toujours en gardant mes yeux posés sur le vaste océan. Je suis restée comme ça des heures, le soleil était maintenant levé, me réchauffant comme pour compenser le fait que j'avais passé toute la nuit glacée, attendant un signe de vie de Jane.

"Maura ?" En entendant mon nom, je me suis retournée pour voir Angela debout derrière moi, me regardant avec inquiétude, alors je me suis levée et elle s'approcha pour me prendre dans ses bras.

"Je suis désolée, j'aurais dû agir et l'empêcher de faire quelque chose de si stupide." Je dis avec la voix tremblante et pleine de regrets.

"Tu n'aurais jamais pu la raisonner, et tu as été prise de court, personne n'aurait pu savoir qu'elle allait sauter avant qu'elle ne le fasse. Je suis venue te ramener chez toi." Elle me répondit en me tendant une de mes vestes qu'elle avait dû prendre de mon dressing et elle m'aida à la mettre pour que je puisse me réchauffer. Non, je ne pouvais pas rentrer maintenant.

"Angela non, je refuse de partir tant que je ne suis pas sûre que Jane va bien et est hors de danger, je ne peux pas l'abandonner." j'ai protesté, basculant mon comportement sur la défensive. La pensée de partir maintenant m'était insupportable. Angela prit un visage triste.

"Maura, tu ne peux pas rester ici pour toujours..." Elle marqua une pause, comme si elle faisait référence au fait que Jane ne reviendrait peut-être pas. Elle continua. "...tu dois te reposer, tu n'as pas dormi depuis plus de vingt-quatre heures. Que tu sois ici ou chez toi ça ne change rien. Jane ne voudrait pas que tu l'attendes indéfiniment en négligeant ton propre bien être. S'il te plaît Maura, si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour moi, j'ai besoin de compagnie pour me changer les idées et arrêter de penser un instant à tout ça." J'ai hésité longuement, mais j'ai fini par céder à contrecœur.

"Très bien." J'ai soupiré. "c'est d'accord, je vais venir avec vous."

Elle a souri avec contentement et prit la direction de sa voiture et je la suivis. Le trajet en voiture était calme, ni elle si moi n'avions parlé. Je contemplais le paysage défilant devant mes yeux, Jane toujours ancrée profondément dans mon esprit. Arrivées chez moi, je suis restée figée dans la pièce principale un instant, sans savoir ce que j'étais censée faire à présent.

"Tu dois aller te reposer, je vais rester ici dans le salon pour au cas où tu aurais besoin de moi." Me dit Angela. Alors un léger sourire se dessina un instant sur mon visage et ainsi, je pris la direction de ma chambre. Je mis un de mes pyjamas de haute qualité dont j'adore la texture, et je me suis installée dans mon lit.

J'ai commencé à me retourner dans mon lit, cherchant une bonne position et ne pouvant pas dormir à cause de l'inquiétude qui saisissait mon ventre depuis la veille malgré mon manque évident de sommeil. Après plus d'une heure, j'ai fini enfin par m'endormir, je pensais pouvoir enfin me détendre un peu, mais mon esprit en avait décidé autrement. Je commençai à rêver. De Jane, évidemment. Je la voyais, flottant sur l'eau, sûrement morte d'hypothermie ou d'épuisement qui précéda la noyade. Moi, je l'observais depuis une tour, incapable de la rejoindre et de la sortir de cet endroit, à la fois beau et sinistre. Ses cheveux suivaient les mouvements des courants de l'eau qui faisaient tanguer le corps sans vie de ma meilleure amie. Moi, du haut de l'endroit où je me trouvais, j'étais à terre, sur mes genoux, incapable de respirer, les larmes coulant sans s'arrêter sur mes joues brûlantes, rougies par le désespoir qui venait m'assaillir.

La Meilleure Tragédie de Notre VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant