Présence de trop

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Chapitre 4: Présence de trop


Angela et moi étions arrivées chez moi, le seul endroit ces dernières vingt-huit heures où j'étais allée autre que le pont et la côte. J'étais dans le salon en train de lire une revue scientifique sur les chances de survie après x temps passé dans l'eau, quand quelqu'un toqua à ma porte d'entrée. Pourtant, nous étions en plein milieu de la nuit. Angela était dans la pièce et on s'est regardés mutuellement, nous demandant qui viendrait à cette heure-ci. Je me suis levée pour aller ouvrir la porte et à ma grande surprise, c'est là que Jack apparut derrière celle-ci. Angela comprit qu'elle devait partir alors elle se dirigea vers la porte de derrière qui donnait directement sur ma maison d'ami où elle résidait. J'avais connu Jack quand j'étais allée donner un cours universitaire à des élèves et ça avait directement fonctionné. Même si je l'appréciais, je n'avais aucune envie de le voir à cet instant.

"Jack? Qu'est-ce que tu fais ici?" Il eut l'air surpris de ma réaction.

"Content de te voir aussi, je pensais que ça te ferait plaisir d'avoir de la compagnie, mais je vois que tu n'as pas l'air d'en avoir envie." C'était une très mauvaise idée actuellement.

"J'ai déjà Angela, je te remercie, mais je ne suis pas vraiment d'humeur pour plus de compagnie." Il avait l'air offensé par mes propos, mais c'était de sa faute. S'il avait téléphoné au lieu de passer sans prévenir, j'aurais pu lui éviter un voyage inutile jusqu'à ma maison.

"C'est juste que je me suis dit que tu aurais besoin de soutien moral." J'ai senti qu'il n'allait pas me laisser tranquille de sitôt alors je lui ai fait un geste pour l'inviter à rentrer. Il se dirigea vers le canapé où il s'assit et se mit à m'attendre. J'ai refermé la porte et je l'ai rejoint. Nous étions maintenant assis, lui à un bord du canapé et moi à l'autre comme si je gardais nos distances. Après quelques instants, il finit par prendre la parole.

"C'est terrible ce qui est arrivé à Jane." Cette phase me provoqua un frisson dans tout mon corps. Il était direct, on ne pouvait pas le nier.

"Je sais." Je n'étais pas ordinairement aussi sèche, mais maintenant n'était pas du tout le bon moment pour cette discussion, j'étais à la fois épuisée et à bout de nerfs.

"Je me disais que je pourrais rester ici quelques jours pour prendre soin de toi." Aussi intentionné pouvait-il être, je n'avais pas la moindre envie de le voir se balader dans ma maison pendant des jours et prendre soin de moi comme si je venais de frôler la mort. Je n'avais pas besoin d'assistance à domicile.

"Jack, ne fais pas ça s'il te plaît." Ma voix oscillait entre agacement et tristesse, je le regardais dans les yeux.

"Mais pourquoi? J'essaie seulement de t'aider, je ne comprends pas pourquoi tu réagis comme ça." La colère commençait petit à petit à monter en moi. Son insistance prolongée commençait à me faire perdre patience. Mon ton devint plus colérique et agressif.

"C'est ma meilleure amie Jack, je dois être là pour elle, je dois l'aider, la retrouver et la sauver. Personne ne sait où elle se trouve à cet instant ni même si elle est toujours en vie. Maintenant, je n'ai clairement pas besoin de quelqu'un de collant me traitant comme une enfant." Son visage se ferma et il recula légèrement, surpris par mon changement de ton soudain.

"À t'entendre, on dirait que tu l'aimes plus que tu ne m'aimes." Il déclara, de l'agacement évident dans sa voix. C'était malheureusement la phrase de trop. Cette fois j'ai pris un ton beaucoup plus calme et peu être même désolé, étant pleinement consciente des conséquences futures des mots que j'allais prononcer.

"Je n'ai jamais dit que je t'aimais Jack. Jane sera toujours plus importante que n'importe quel homme avec qui je sortirai." Il ne s'attendait absolument pas à ce que je lui dise quelque chose comme ça, et je le comprenais d'une façon, ces mots avaient dû avoir l'effet d'un poignard dans le cœur pour lui.

"Dans ce cas, on devrait arrêter." Son ton était plus sec. Je m'attendais à ce que ces mots finissent par sortir de l'une de nos bouches un jour ou l'autre. Toutes mes relations passées avec des hommes avaient échouées. Celle-ci n'était en soi pas très différente. Bien qu'il n'ait pas essayé de me tuer ou de me lécher le visage. Je me suis levée comme pour lui faire comprendre que cette discussion était terminée.

"Je suis désolée que tu le prennes comme ça." Au fond, ce n'était pas entièrement faux, Jack était un homme gentil, et c'était dommage qu'entre lui et moi ça ait pris cette tournure.

"Mais tu ne me retiens pas pour autant." Je suis restée silencieuse. Je n'avais aucune intention de continuer à me justifier pour des actes aussi compréhensifs que ceux que j'avais envers Jane. Je me suis dirigée vers la porte d'entrée pour lui suggérer implicitement qu'il était temps de s'en aller. Il passa la porte et avant de partir, il se retourna, comme pour regarder mon visage une dernière fois en signe d'au revoir. J'ai souri un instant avant qu'il ne se retourne et s'en aille, ce après quoi j'ai refermé la porte, qui marqua la fin d'une histoire.

La Meilleure Tragédie de Notre VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant