La Dame et la femme

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(La scène se déroule à Paris, Notre Dame a brûlé la veille. Alors que je me promène sur les quais de Seine, je vois une femme sans-abri qui vient me parler.) 


Un matin bleu de solitude, et de lassitude amusée 

Une inconnue vint me parler; près de l'eau verte ramollie. 

Me raconta scène par scène sa vie si triste ressassée

Jusqu'à son dernier repas, une Cène qui n'eut pas lieu

Près de la scène elle me dit, on sentait pleurer dans ses yeux 

Que la veille près de la Seine elle n'avait pas pu manger

On n'avait rien distribué. Je composais dessous sa voix : 

Une femme tremblait de froid sous une Dame qui brûlait. 


Elle a vécu en Italie, appris l'allemand le français 

Elle parla de ces deux ans où elle fit avec succès

Une école d'informatique, et de cela longtemps parla

C'était simplement fantastique, et pas dans le sens du Horla ! 

La suite de sa vie brûla, l'on s'indignait de l'acte cru

Sous les cieux un morceau d'histoire avait simplement disparu 

Devant la Dame s'agglutinent des sans abris bouche nue. 

Une femme tremblait de froid sous une Dame qui brûlait. 


Elle fit froncer ses sourcils, la Mafia qu'elle évoqua.

"Rendez vous compte, la Mafia"! Jamais on ne se méfia.

Et fuit l'Italie pour la France, et son visage usé, osseux, 

Reçut les coups de sa cousine, qui fit d'elle une paria 

Après le décès de son frère et de sa mère le cancer

Des gens grégaires s'isola, et fut seule devant la Seine

Parla pour soulager sa peine, face à ce poing qui se serre. 

Une femme tremblait de froid sous une Dame qui brûlait. 


(Je n'ai pas l'habitude d'écrire des scènes qui m'arrivent. La femme ayant fini de parler, partit jusqu'à se transformer en point. Avant de prendre moi aussi le chemin du retour, je vis l'homme du café. Il crut sans doute bien faire en me disant que "la prochaine fois, si elle t'embête encore, je vais la dégager, tu aurais pu me prévenir". "Ah non, ai je dit indifférente, elle ne m'a pas embêtée." C'était bientôt l'heure de retourner au lycée, j'étais en Terminale, et je fis semblant de passer à autre chose et d'oublier.)



Le parfum de l'eauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant