Chapitre 8

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La soirée continuait son cours, ils avaient mangé l'un en face de l'autre en refaisant le monde à leur manière. Jordan avait l'impression de revivre toutes ces années qu'il avait passé à cacher sa sensibilité, sa tendresse et son besoin d'être au service des autres. Si seulement, Flora était là se dit-il. Elle serait si fière de lui, Jordan avait réussi à ne pas se perdre complètement dans le gouffre de la politique, il n'y avait pas laissé ce qu'il était. Dans ce tunnel insalubre de la politique, Gabriel était sa lueur, celui qui éclairait où il devait aller. Il ferait tout pour le rendre heureux, son sourire faisait le sien.. il n'aurait jamais le courage de lui dire mais il n'en pensait pas moins dans son regard. Gabriel ne croyait pas vraiment aux âmes sœurs, ou aux flammes jumelles. Mais il savait qu'avec la personne qu'il avait en face de lui, le lien relevait de quelque chose de l'au delà. Un lien qui dépassait tous les êtres humains, il savait que le chemin serait long et difficile pour qu'ils vivent pleinement leur amour mais rien ne les empêcherait, leur amour était trop puissant.

Gabriel fut frappé par la réalité violemment, les flash-back revenaient. Il avait la tête qui tournait, le premier ministre ne voulait rien gâcher. Mais on ne peut pas réparer une âme vagabonde en quelques jours. Il avait la main de Jordan sur la sienne, pourquoi avait-il l'impression que c'était Stéphane ? Qu'il allait serrer encore plus fort jusqu'à ce qu'il ait mal ? D'un mouvement brusque, il se leva, Jordan le regardait avec des yeux plein d'inquiétude prêt à intervenir pour n'importe quoi.

« Je.. je me sens pas bien.. dés.. désolé » dit-il difficilement. Il courut aux toilettes les yeux embués de larmes, il se mit à vomir. Il ne vomissait pas que son repas, il vomissait sa souffrance. Toutes les paroles nauséabondes de Stéphane, tous ses gestes. Tout ce qu'il avait vécu ces quinze dernières années. Il sentit une main caresser son dos, Jordan s'était agenouillé pour être à la hauteur de celui qu'il aimait.

« Gaby.. t'inquiète pas je suis là. » Jordan lui caressait doucement le dos jusqu'à ses cheveux, pendant que Gabriel avait une respiration difficile, quelques minutes plus tard, Gabriel se retourna. Il avait le visage dans un piteux état. Son regard était tout de même magnifique pour Jordan, il lança :

« Comment t'arrives à ne jamais t'énerver contre moi? »
« Ce n'est pas de colère dont tu as besoin toi, c'est d'amour Gaby. Maintenant faut que tu prennes une bonne douche »
« Ça se voit que tu as connu quelqu'un comme moi. »
Jordan déglutit doucement, il voulait lui raconter cette belle histoire mais ce n'était pas le moment. Son amoureux avait besoin d'aide, il serait prêt à donner son coeur pour qu'il respire mieux. Jordan était prêt à prendre toutes ses souffrances pour qu'il se sente enfin heureux et apaisé. Gabriel se mit à pleurer, de chaudes larmes perlaient ses joues. Pour lui, il avait encore gâché la soirée avec ses histoires de flash-back. Il voulait juste disparaître, se jeter du toit ou se defoncer à une substance addictive.

« J'arriverai.. pas à me.. doucher.. Jordan » essaya-t-il d'articuler en hoquetant à cause des larmes.
« Je vais t'aider. Installe toi dans la baignoire, j'arrive. »
« Tu.. tu ferais ça pour moi? » en réalisant ce qui allait se passer. Cette belle innocence fit sourire son homme qui lui chuchota à l'oreille « je ferai n'importe quoi pour toi puis te voir sans vêtements me donne foutrement envie tu vois ». Gabriel, dans sa souffrance ne put s'empêcher de sourire bêtement comme un enfant. Jordan savait le faire rire, savait lui procurer des sensations qu'il n'avait jamais eu quand il était au bord du précipice. C'était peut être cela lorsqu'on est amoureux de quelqu'un ? On est prêt à tomber mais cette personne nous relance toujours une corde pour remonter, indéfiniment, autant qu'il le faudra.

Jordan sortit de la salle de bains pour ne pas mettre son amoureux mal à l'aise, il ne voulait en aucun cas qu'il pense que ce moment était plein d'arrière pensées. Jordan ne profiterait jamais de sa vulnérabilité pour lancer un moment comme celui là. Mais il est vrai qu'il en avait envie. Il entendit de l'autre bout de la pièce

L'amour au pouvoir. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant