Chapitre 3

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Le lendemain matin, tout paraissait flou pour Jordan. Tout, sauf le fameux message qu'il avait reçu avant de s'endormir d'ivresse. Il avait un mal de crâne virulent. Il jeta un coup d'œil à son téléphone, 8h02. Jordan se leva difficilement et alla prendre de l'aspirine pour calmer son mal de tête. Il aurait voulu pleurer, personne ne l'observait, personne n'aurait pu le juger. Mais son ego le rattrapait, il ne devait pas se laisser aller à un coup de fatigue.

De son côté, Gabriel s'était levé extrêmement tôt pour aller au ministère, dans la nuit il avait décidé de désinfecter ses blessures.. heureusement que personne n'a entendu ses cris étouffés se disait il. En partant de chez lui, il remit son masque de premier ministre prêt à tout affronter. Ça fait plusieurs années que cette addiction était entrée dans sa vie, c'était comme une drogue.. on sait que c'est mal mais qu'est ce que ça fait du bien quand on en prend bordel. Ses pulsions venaient généralement lors d'une crise d'angoisse, de culpabilité ou de pensées noires. Mais s'il en parlait personne ne le prendrait au sérieux, il n'était pas à plaindre lui avait dit un nombre incalculable de personnes. Aucun être humain ne voit ce qu'il est au fond de lui, personne n'entend ses pensées qui l'empêchent constamment de vivre. En se levant, son chien lui sauta dessus ce qui lui fit échapper un rire sincère. Le soleil levant lui rappela son rendez vous de ce soir. Attal était un peu perdu, ça fait des années qu'il n'a pas eu de rendez vous avec quelqu'un. Il voyait souvent ses amis en groupe.. rien depuis Stéphane.

Mais c'était simplement une retrouvaille pour mettre les choses au clair, il ne pouvait pas se laisser aller à des distractions encore moins une amitié avec Jordan Bardella. Après avoir mis son costard, et pris une douche d'une rapidité folle car malgré l'heure de son réveil, il était en retard. En arrivant à Matignon, il vit sa collègue Valérie lui tendre les dossiers de la journée.

« Salut Gabriel, alors encore en retard ? » ria-t-elle.
« J'ai eu une nuit un peu agitée. »
« Ah oui ? J'aurais cru que t'avais bien dormi... t'as rencontré quelqu'un ? »
« Non pas du tout, Valérie je pense qu'on est pas assez proches pour parler de ça. Faut qu'on se mette au travail »
À cette parole, Valérie se sentit vexée. Le ministre était souvent du style à se braquer lorsqu'il s'agissait de sa vie personnelle et surtout, il n'avait rencontré personne à part un... adversaire.

Il fit une réunion avec le reste des ministres, les élections législatives étaient passés. C'était l'effervescence des JO. Gabriel suivait les nouvelles tout le temps, allait aux épreuves quand il le pouvait. Il n'était plus premier ministre pour très longtemps. Mais il avait réalisé son rêve au fond de lui, servir les français autant qu'il le pouvait. Et il le continuerait, jusqu'à sa mort probablement. Il continua sa journée plongé dans des affaires ministérielles, il était bientôt dix neuf heures. Il devait rejoindre le lieu de rendez vous, avec les embouteillages, il serait à l'heure.
Mais avant de partir il eut une entrevue avec le président de la république, la personne qui l'avait toujours soutenue et poussée au bout pour qu'il y arrive. Il lui devait beaucoup sans doute.

« Bien Gabriel, c'est fini pour aujourd'hui. Tu peux rentrer, s'il y a une urgence tu es contacté. Tu vas au dîner des ministres ? »
« Non monsieur le président, je suis euh.. attendu ».
Il lui fait un regard interrogateur mais Attal ne répondit pas, se contenta de lui serrer la main. Il faisait tout pour garder ses relations loin des regards. Gabriel rejoignit son chauffeur, Pierre. Il sentait l'air frais lui emplir les poumons, pour une fois il respirait sereinement. Ces dernières heures, ses sens et ses sentiments étaient dans une position instable. Les rues de Paris, étaient illuminées lui rappelant ses années de jeunesse où il sortait en ne souciant de rien.. à quel moment ses ombres sont apparus dans son esprit pour le torturer ?

Gabriel ne le savait pas lui même. Il entra dans la voiture. Il ordonna
« Déposez moi à La Défense Arena Pierre. »
« Bien monsieur, mais vous ne devez pas être d'abord à l'Elysee ? »
« Déposez moi à La Défense c'est un ordre »
« D'accord. On y va. »

L'amour au pouvoir. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant