CHAPITRE 23 : SOUVENIRS

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KIARA



Fin novembre, Gambetta, Paris 20ème, lundi, 12H23

En ouvrant difficilement les yeux à cause de la lumière du jour, je reconnus une odeur que je connaissais parfaitement bien.

Je me redressais avec précipitation sur le lit et je me rallongeais avec déception lorsque je me rendis compte qu'il n'était pas là.

J'avais tout simplement dormi dans son lit avec ses draps qui s'étaient imprégnés de son odeur.

Je posais négligemment ma main sur la table de chevet près du lit pour regarder l'heure sur mon téléphone. J'avais complètement perdu la notion du temps depuis 2 jours.

Depuis qu'il est parti.

L'écran de mon téléphone affichait 12H25, j'avais donc dormi pendant 3H vu que j'étais partie déposer Luz à l'école et que j'étais revenue à l'appartement à 9H.

Luz n'arrêtait pas de m'interroger sur l'absence de Gabriele depuis hier mais je lui avais dit qu'il était parti en voyage d'affaires.

Je n'avais pas encore réalisé qu'il était véritablement parti, c'était une réalité qui m'effrayait et que je refusais d'accepter.

Lorsque j'étais rentrée dans cet entrepôt samedi soir pour déposer le faux tableau et que j'étais tombée nez à nez avec Gabriele, j'avais cru que mon cœur allait sortir de ma poitrine.

Malgré le fait que je lui avais menti pour me rendre à cet entrepôt, la lueur dans ses yeux était restée la même. Il avait toujours ce regard empli de bienveillance et d'amour.

Il voulait essayer de comprendre mes agissements, il n'y avait absolument aucun jugement dans sa voix. Alors qu'il aurait pu s'emporter dès le début, il avait gardé sa voix habituelle.

A cet instant précis, j'ai su qu'il n'était pas simplement un homme de passage dans ma vie mais qu'il s'agissait de l'homme de ma vie.

C'était pour cette unique raison que j'avais préférée me taire. Je ne devais pas lui dire la vérité sur les menaces que je recevais au risque que mon bourreau s'en prenne à lui. Je devais me plier à la volonté de mon maître-chanteur pour protéger Luz. Si j'en parlais à Gabriele, mon bourreau qui était sans scrupule pourrait s'en prendre à Gabriele ou pire encore à Luz. Je n'aurais pas supporter perdre l'un d'eux.

Ils étaient désormais mes repères sur cette Terre.

Mais le fait que cet entrepôt appartienne à Gabriele, était-ce une coïncidence ? Cela signifiait que Gabriele avait un commerce d'œuvres d'arts dans cet entrepôt et que moi je nuisais à son activité en fournissant de faux tableaux ? Je ne m'y attendais tellement pas... Est-ce que Gabriele et mon bourreau étaient liés d'une quelconque façon ?

Puis Gabriele m'avait dit que tous les loyers de mon ancien appartement avaient été payés, comment était-ce possible ? Ce matin, j'avais appelé mon ancien propriétaire qui m'avait effectivement confirmé que tous mes loyers de retard avaient été payés par un virement bancaire. L'opération bancaire mentionnait « Règlement des loyers de retard de Kiara Estévez ». Le propriétaire m'a annoncé que l'identité du payeur était inconnue mais la seule chose qu'il savait, c'est qu'il s'agissait d'un virement émanant de la Russie. Sauf que je ne connaissais personne originaire de ce pays.

Tant de questions sans réponses se bousculaient dans ma tête, j'étais désemparée.

Quand Gabriele avait quitté l'entrepôt samedi soir, j'avais quand même confié le tableau à l'un de ses hommes pour remplir ma mission.

To The Depths Of DarknessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant