CHAPITRE 12 : ANGOISSE

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KAHLEL


Mi-octobre, Gambetta, Paris 20ème, samedi, 2H26

Après avoir dormi 15 minutes, ces images macabres de ma mère tournoyaient de façon aléatoire dans ma tête, comme un vieux disque rayé.

La sueur s'accumulait sur mon front et sur mes tempes, mon rythme cardiaque prit une cadence incontrôlable.

Je respirais difficilement tout en tirant machinalement mes cheveux et en griffant le dos de ma main, cela me faisait mal mais cela me donnait un semblant de contrôle de ressentir de la douleur dont j'étais l'auteur.

Je fermais les yeux pour calmer ma crise qui se manifestait 3-4 fois par mois. Comme pour me punir de ne pas avoir pu sauver ma mère à temps.

J'acceptais ces crises, je les acceptais car je me sentais coupable.

Ma mère était morte par ma faute, et je n'ai toujours pas réussi à attraper son meurtrier.

Ma crise fut interrompue par la sonnerie de mon téléphone qui était sur le chevet près de mon lit. En jetant un œil au nom qui était affiché, je tendis mon bras pour récupérer le téléphone. 

Je décrochai.

—Fils, allumes les lumières et mets-toi en Facetime.

J'allumais la lampe de chevet, la luminosité de la pièce vint se battre en duel avec l'obscurité de mon être.

—Papa...je...j'ai.. je perds le contrôle, bégayai-je.

Je ne parvenais plus à m'exprimer correctement lors de mes crises, mon esprit était dépassé par mes pensées et mes émotions. Ces dernières avaient pris les rênes et moi je n'étais qu'un simple spectateur.

J'avais l'impression d'avoir couru un sprint, tellement j'étais essoufflé, je sentais que je pouvais faire un malaise d'un moment à un autre.

—Fils, assieds-toi pour faciliter ta respiration, les mains sur le ventre, tu inspires et expires avec le tempo que je t'avais conseillé la dernière fois.

J'obtempérai et je repris peu à peu le contrôle sur mon corps et mes pensées. Ma vue qui était brouillée par les larmes qui menaçaient de tomber, devint plus claire.

—Voilà, parfait. Maintenant, penses à un moment de rire que tu as eu dernièrement.

Tout en respirant et expirant de façon maintenant plus régulière, le souvenir qui me vint en tête était la fois où Kiara m'a raconté que Luz s'était cachée dans les égouts pendant une partie de cache-cache.

Je lâchai un petit rire à ce souvenir, mon rire n'a pas échappé à mon père.

—Quel souvenir t'a fait rire, raconte-moi, souffla mon père au téléphone.

—Au fait, t'es mon psy ou mon père ? demandai-je en esquissant un sourire.

Il lâcha un rire et reprit :

—Petit con, tu ne me vois pas mais je te fais des doigts d'honneur depuis Syracuse. Appelle-moi quand tu as ces crises, c'est un ordre. C'est compris ?

—J'y penserai. Papa... je... les images de maman tournent en boucle dans ma tête. Tous les soirs, je.. j'ai l'impression que je vais devenir fou. Tout...tout ce sang, sur son corps, sur les murs, sur le sol... ce...ces fleurs de colchique qui entouraient son corps. Papa, je ne vais plus tenir longtemps. Ça fait maintenant 5 ans que l'on recherche son meurtrier, on a aucune piste.

Ma crise d'angoisse partait au fur et à mesure, mes membres ne tremblaient plus. La lumière dominait de nouveau l'obscurité.

— Fils, on retrouvera celui qui est derrière le meurtre de ta mère. Tant que je serai encore en vie, je continuerai les recherches. De ton côté, tu continues toujours ton suivi chez le Dr. Bellerive ?

To The Depths Of DarknessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant