À mon Valet bien-aimé (Arlecchino x OC)

Chapitre 51 - Danse macabre

Point de vue : externe

Lorsqu'Arlecchino franchit la barrière d'eau, suivie de Capitano, Dottore, Signora et Tartaglia, une sensation étrange l'envahit. L'atmosphère de Fontaine, autrefois si vivante, si vibrante, lui paraît désormais lourdement différente. Derrière elle, les murmures des Exécuteurs résonnent faiblement, mais elle n'y prête pas attention. Son pas est rapide, sa mâchoire crispée, et ses yeux enflammés fouillent chaque recoin, en quête d'un signe, d'une trace de vie... ou de quelque chose, n'importe quoi. Mais tout autour d'elle, la nation Hydro semble baignée d'une aura sinistre, et un très mauvais pressentiment serre son cœur, un sentiment qu'elle peine à ignorer.

Le ciel de Fontaine, habituellement azur, est voilé par une couche de nuages gris menaçants, des nuages denses et lourds qui étouffent la lumière. L'air frais d'hiver règne, et une brume opaque enveloppe les rues, étouffant le moindre bruit. Tout est devenu froid, oppressant, anormal. Le vent marin, autrefois apaisant, a disparu, laissant place à un silence pesant, perturbé uniquement par le murmure du vent qui dégage une odeur lointaine de cramé.

-          « Ce n'est pas normal... » murmure Tartaglia, jetant un coup d'œil inquiet aux alentours. Même lui, pourtant avide de batailles, semble troublé.

Ils poursuivent leur route, avançant dans une Fontaine méconnaissable. Les traces de lutte sont omniprésentes. Des bateaux déchiquetés, des maisons effondrées, et, à la Cour de Fontaine, un paysage de désolation. Les bâtiments sont en ruines, les vitrines brisées, et le sol jonché de débris. Un silence assourdissant règne, interrompu seulement par des bruits sinistres. Une odeur de brûlé sature l'air, et partout, des éclats d'armes et des éclaboussures de sang séché et de sève végétale marquent les murs. Des cadavres grotesques, mi-humains, mi-plantes, rampent de façon inquiétante, les forçant à abattre ces restes animés par une force obscure.

-          « Qu'est-ce qui a bien pu se passer ici ? », demande Signora, sa voix habituellement orgueilleuse teintée de dégout. Un bras humain irrationnellement déformé tente de l'attraper, mais elle l'emprisonne d'un coup rapide de glace.

Arlecchino, elle, n'écoute plus. Ses pensées sont ailleurs, tendues vers un seul nom : Milena. Elle sait que Milena était une femme de tête, résolue et dégourdie, mais face à ce chaos, le doute s'empare d'elle. Les scènes d'horreur qui l'entourent laissent peu de place à l'espoir.

Chaque rue qu'ils traversent raconte la même histoire : armes abandonnées, armures brisées, des gendarmes de Fontaine tombés en combat ou par la maladie et les Gendarmeks, habituellement si imposants, ne sont plus que des amas de métal entremêlés de végétation.

-          « Ils n'ont pas seulement été frappés par une maladie », observe Capitano d'un ton froid. « Ils ont combattu quelque chose... et ces plantes en sont la cause. »

Le regard d'Arlecchino se fixe alors sur une silhouette familière à l'horizon : la résidence Varesquiel. Son cœur se serre. Elle se précipite, espérant retrouver sa chère et tendre, ses mouvements trahissant une nervosité qu'elle peine à contenir, au point que ses collègues rencontrent des difficultés à suivre son rythme.

Devant elle, la résidence se dresse toujours fièrement, mais elle est méconnaissable, ravagée comme si des forces extérieures s'étaient acharnées sur elle ; non seulement Dendro, mais aussi humaine. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer ? Le manoir est verrouillé, le silence est assourdissant. Ils frappent, appellent, mais rien ne répond, si ce n'est le vide.

Puis, soudain, un bruit lointain brise cette torpeur. Une porte claque, un écho sourd qui se répercute dans l'atmosphère lourde. Arlecchino se fige, ses sens en alerte. Son regard balaie les alentours, cherchant l'origine du bruit.