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Le matin se levait comme tous les autres jours à la prison de Saint-Éloi : lentement, sans éclat, et sous la surveillance constante des gardiens. Maxime se réveillait au son de la cloche stridente qui signalait le début d'une nouvelle journée. Il se redressait dans son lit en fer, se frottait les yeux et observait, comme un rituel quotidien, les murs dénudés de sa cellule, marqués par le passage du temps et des émotions usées.

Chaque journée de Maxime était une répétition minutieuse d’activités préétablies, une suite de gestes devenus presque automatiques. Dès le réveil, il avait quinze minutes pour se préparer avant l’appel du petit déjeuner. Le repas du matin était une bouillie grise et insipide, accompagnée d'un café amer qui ne parvenait qu'à peine à éveiller ses sens engourdis. Maxime avalait sa nourriture rapidement, essayant de préserver un semblant de tranquillité dans ce moment de solitude imposée.

Après le petit déjeuner, il avait deux heures pour occuper son temps. Certains détenus passaient ce moment à discuter entre eux, à jouer aux cartes ou à échanger des nouvelles. Maxime, lui, préférait rester seul. Il se plongeait dans un livre usé, échangé à plusieurs reprises parmi les prisonniers, ou passait du temps à faire des exercices physiques dans le petit espace de sa cellule. L'exercice était un moyen de maintenir sa forme physique et de canaliser l'agitation intérieure. C’était aussi un moyen de résister à la tentation de céder au désespoir, d'offrir à son esprit une distraction face à la monotonie écrasante.

Les heures qui suivaient étaient marquées par des périodes de travail ou de devoirs imposés par l’administration pénitentiaire. Maxime était affecté à des tâches variées : nettoyage des couloirs, tri des déchets, ou réparation de vêtements usés. Chaque tâche était accomplie avec une précision mécanique, sans passion, mais avec une discipline acquise au fil des années. Le travail était une échappatoire temporaire, mais il ne faisait que souligner l'absence de véritable accomplissement ou de satisfaction personnelle.

La promenade quotidienne en cour était le seul moment où Maxime pouvait respirer un air légèrement moins confiné. Il était entouré de murs hauts, avec une clôture barbelée qui semblait encore plus menaçante au crépuscule. Les détenus se dispersaient dans cet espace réduit, se regroupant selon leurs affinités ou leurs besoins de protection. Maxime, fidèle à son habitude, se contentait de marcher seul le long des chemins bétonnés, observant les autres sans vraiment interagir.

Les soirées étaient les moments les plus lourds de la journée. Après le dîner, un repas encore moins attrayant que le petit déjeuner, il retournait dans sa cellule pour les heures restantes avant le coucher. Le silence de la nuit était interrompu par les bruits de la prison : les hurlements lointains des autres détenus, les bruits des pas des gardiens qui faisaient leur ronde, et le grincement incessant des portes métalliques. Maxime s’allongeait dans son lit, les pensées tourbillonnant dans son esprit. Le désespoir était une présence constante, se faufilant dans les interstices de son esprit comme une ombre persistante.

Il avait appris à vivre avec ce poids, à ajuster ses attentes en conséquence. Il avait cessé d’espérer une libération prochaine, s’accrochant plutôt à de petits objectifs quotidiens pour maintenir un semblant de normalité. Il se concentrait sur la survie, sur la gestion de son espace et de son temps avec une rigueur presque obsessionnelle. Les moments de répit étaient rares et précieux, et il s’efforçait de les savourer malgré leur brièveté.

Les violences qui éclataient sporadiquement dans la prison, les disputes entre détenus ou les interventions brutales des gardiens, étaient des rappels constants de la fragilité de son équilibre. Maxime avait appris à naviguer dans cet environnement hostile avec une prudence accrue, en évitant les conflits et en restant à l'écart des problèmes. Il avait développé une sensibilité aiguë aux signaux de danger, une capacité à se retirer dans l'ombre lorsque les tensions montaient.

Le désespoir n'était pas seulement une émotion, mais une réalité quotidienne qu'il avait intégré dans son existence. La routine, aussi accablante soit-elle, était devenue un refuge, un moyen de maintenir une certaine stabilité dans un monde où tout semblait hors de contrôle. Maxime se battait chaque jour pour ne pas se laisser submerger, pour conserver une part de lui-même intacte malgré les années de détention et la violence omniprésente.

Ainsi se déroulait la vie de Maxime, une lutte silencieuse contre la monotonie et le désespoir, une tentative constante de trouver un sens et un but au milieu de l’ombre pesante de la prison. Chaque jour était un pas de plus dans un chemin difficile, une série de moments enchaînés où le désir de survivre l’emportait sur la tentation de céder à la défaite.

Liaison Derrière les Barreaux ~Djilxime~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant