Les jours s’étaient allongés, transformés en mois, et la vie en prison semblait s’être arrêtée pour Maxime. La routine étouffante, les couloirs glacials, et l’ombre permanente du doute planait encore, mais une chose avait changé : Sidjil.
Sidjil n’avait jamais abandonné. Même quand Maxime avait cru que l’acharnement du gardien était futile, qu’il n’y avait aucun espoir de renverser cette condamnation injuste, Sidjil continuait de se battre. Chaque moment volé ensemble, chaque échange secret derrière les portes de la prison, avait nourri cette lueur d’espoir qui avait semblé si lointaine.
Pendant de longs mois, Sidjil avait étudié les preuves, interrogé d’anciens témoins, retourné chaque pierre, parfois jusqu’à l’épuisement. Il y avait quelque chose dans les yeux de Maxime, quelque chose qui lui criait qu’il ne pouvait pas être coupable, que derrière cette dureté se cachait une vérité plus profonde. Un lien s’était créé entre eux, plus fort que la routine carcérale, plus puissant que les murs qui les séparaient. Et ce lien avait donné à Sidjil la force d’aller jusqu’au bout.
Finalement, un nouveau procès avait été obtenu. Maxime devait à nouveau se tenir devant un juge, mais cette fois, il n'était pas seul. Sidjil avait réussi à convaincre des témoins de revenir sur leurs témoignages, de révéler des détails autrefois ignorés, et avait découvert de nouvelles preuves. Il s’était battu corps et âme pour que la justice soit rendue.
Le jour du verdict, la tension dans la salle d'audience était palpable. Maxime fixait le juge, sentant son cœur battre à une vitesse folle. Chaque seconde qui passait semblait durer une éternité. Il n’entendait presque rien de ce qui se disait autour de lui. Tout ce qu’il voyait, c’était Sidjil, assis dans un coin, le regard rivé sur lui, comme un ancrage dans cette mer de doutes. Maxime n’était pas sûr de mériter cette dévotion. Il ne comprenait toujours pas pourquoi Sidjil s’était autant investi dans sa cause. Mais cette loyauté, ce soutien indéfectible, était devenu la seule chose à laquelle il pouvait se raccrocher.
Le juge prononça enfin son verdict.
"Maxime Biaggi est acquitté des charges portées contre lui. Vous êtes libre."
Libre. Ce mot résonna dans l’esprit de Maxime, comme un écho lointain, presque irréel. Il se leva, encore en état de choc. Il lui fallut plusieurs secondes pour réaliser pleinement ce qui venait de se passer. Après six longues années d’incertitude, de souffrance, et de désespoir, il était enfin libre.
Sidjil était à ses côtés en un instant. Il n’y avait pas de mots, seulement des regards. Dans ces moments où les mots semblaient dérisoires, tout passait par leurs yeux. Maxime sentit une vague d’émotion monter en lui, quelque chose qu’il n’avait pas ressenti depuis des années. Une chaleur, un soulagement, un début de paix. Mais surtout, un remerciement silencieux.
Une fois les formalités achevées, Sidjil guida Maxime vers l’extérieur. Pour la première fois en six ans, Maxime franchissait les portes de la prison sans menottes, sans escorte. Il inspira profondément l’air frais de la liberté, encore ébahi par cette sensation. Chaque pas qu’il faisait semblait incertain, comme s’il apprenait à marcher à nouveau.
Sidjil l’attendait près de sa voiture, les clés en main, le visage grave mais soulagé. "Je vais te ramener chez moi. Il est trop tôt pour que tu retournes à l’endroit où tout a commencé. Tu as besoin de temps."
Maxime hocha la tête, incapable de formuler une réponse. Il était encore submergé par les événements, par la réalité de ce qui venait de se produire.
Le trajet se fit dans un silence apaisant. Maxime regardait par la fenêtre, observant le paysage défiler, comme s’il voyait le monde pour la première fois. Chaque détail, chaque couleur semblait nouveau. Le poids qui avait écrasé sa poitrine pendant des années commençait à se dissiper, peu à peu. Mais en même temps, il ressentait une étrange incertitude, comme si le monde extérieur lui était devenu étranger.
Ils arrivèrent finalement chez Sidjil, une petite maison sobre mais chaleureuse, nichée dans un quartier calme. Sidjil coupa le moteur et tourna son visage vers Maxime. Leurs regards se croisèrent de nouveau, cette même tension, cette même complicité silencieuse s’installa entre eux.
"Maxime..." commença Sidjil, hésitant. Il prit une grande inspiration avant de poursuivre. "Il y a quelque chose que je dois te dire."
Maxime tourna la tête vers lui, sentant un nœud se former dans son estomac. Il n’avait aucune idée de ce que Sidjil allait dire, mais il pouvait deviner que cela changerait tout.
"Depuis que je t’ai rencontré... j’ai ressenti quelque chose. Quelque chose que je n’ai pas compris tout de suite, mais qui est devenu impossible à ignorer." La voix de Sidjil tremblait légèrement, signe de l’émotion qu’il essayait de contenir. "Je sais que ça peut sembler fou, après tout ce qu’on a traversé, mais... je tiens à toi. Je me suis battu pour toi, pas seulement pour que tu sois libre, mais parce que je crois en toi. Et... je suis tombé amoureux de toi."
Les mots flottèrent dans l’air, lourds de signification. Maxime se sentit comme paralysé, incapable de bouger ou de parler. Il avait passé tant de temps à se protéger, à ériger des murs autour de lui, qu’il ne savait plus comment réagir à une telle déclaration. Une partie de lui voulait fuir, repousser ces sentiments qu’il n’avait jamais pensé mériter. Mais une autre partie, plus profonde, ressentit une chaleur familière se propager dans sa poitrine.
"Je comprends que tu n’aies pas forcément envie de répondre maintenant," poursuivit Sidjil, visiblement nerveux. "Je voulais juste que tu le saches. Peu importe ce que tu décides, je serai là pour toi."
Le silence s’étira, chaque seconde semblait durer une éternité. Maxime chercha ses mots, essayant de comprendre ce qu’il ressentait. Il avait été enfermé si longtemps, tant physiquement qu’émotionnellement, qu’il ne savait plus comment ouvrir la porte de son cœur. Mais face à Sidjil, face à cet homme qui avait tout sacrifié pour lui, quelque chose en lui craqua.
"Sidjil... je... je ne sais pas quoi dire," murmura-t-il, la voix rauque. "Je n’ai jamais pensé qu’après tout ça, quelqu’un puisse encore m’aimer. Je ne sais même pas si je sais encore comment aimer."
Sidjil sourit doucement, tendant la main pour effleurer celle de Maxime. "Tu n’as pas besoin de savoir tout de suite. Ce qui compte, c’est que tu n’es plus seul. Tu n’as jamais été seul."
Et pour la première fois depuis des années, Maxime sentit que cela pouvait être vrai.
VOUS LISEZ
Liaison Derrière les Barreaux ~Djilxime~
FanfictionDepuis six ans, Maxime purge sa peine dans une prison réputée pour sa rigueur. Son quotidien, rythmé par l'hostilité et la solitude, semble immuable jusqu'à l'arrivée de Sidjil, un nouveau gardien au passé mystérieux. Entre méfiance et attirance, un...