7 • LEON

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LEON

Le réveil sonne avant même que le soleil ne pointe à l'horizon. La lumière pâle de l'aube filtre à peine à travers les rideaux de ma cabane, baignant la pièce dans une lueur bleutée. Je me lève d'un bond, encore engourdi par le sommeil, mais conscient que la journée commence tôt ici, à Vittel. Le programme du stage ne laisse pas de place à la paresse.

Je jette un coup d'œil par la fenêtre, observant la forêt encore enveloppée de brume. L'air est frais, presque mordant, une véritable bouffée de renouveau. C'est exactement ce dont j'ai besoin. Je me passe un peu d'eau sur le visage avant d'enfiler ma tenue de sport. Le silence règne dans le campement, seulement brisé par les premiers bruits d'activité venant de quelques cabanes voisines.

Je rejoins rapidement les autres sur l'esplanade centrale pour l'échauffement musculaire du matin. C'est la première étape de la journée, une routine essentielle pour réveiller le corps en douceur et préparer les muscles aux efforts à venir. L'entraîneur, Alain, est déjà là, nous attendant avec son regard perçant et son sourire tranquille.

« Allez, les gars, on s'y met tout de suite. Échauffement complet, on ne traîne pas ! » lance-t-il d'un ton encourageant.

Je m'étire, sentant mes muscles encore raides se détendre peu à peu sous les mouvements lents et contrôlés. Autour de moi, les autres membres de l'équipe exécutent les mêmes gestes, chacun à son propre rythme. À côté de moi, Maxime Grousset, toujours sûr de lui, en fait des tonnes. Il en rajoute même dans l'amplitude des mouvements, comme pour rappeler à tout le monde qu'il est en pleine forme.

« Eh Léon, t'es encore endormi ou quoi ? On dirait que t'as passé une nuit agitée ! » plaisante-t-il en me donnant un coup d'épaule amical.

Je roule des yeux avec un sourire. Maxime a toujours cette manière de vouloir montrer qu'il est au top, mais c'est aussi ce qui fait sa force. Son assurance est presque contagieuse, même si elle peut parfois agacer.

À quelques pas de là, Yohan Ndoye-Brouard fait ses étirements tout en racontant une blague à Mewen Tomac, qui reste concentré, le visage impassible. Yohan a toujours été le rigolo de la bande, capable de détendre l'atmosphère en toutes circonstances.

« ... Et là, le mec lui dit : 'C'est pas parce que t'as des palmes que t'es un dauphin !' » s'exclame Yohan, déclenchant un éclat de rire général.

Mewen, lui, reste stoïque, comme toujours, complètement focalisé sur ses mouvements. C'est l'un des gars les plus déterminés que je connaisse. Rien ne semble pouvoir le distraire de ses objectifs.

Après un échauffement complet et des étirements minutieux, Alain nous libère enfin pour aller prendre le petit-déjeuner. L'effort matinal a aiguisé mon appétit, et je me dirige rapidement vers le bâtiment principal où un buffet nous attend.

Je prends une assiette bien garnie et m'installe à une table avec Maxime, Yohan, et Mewen. Les discussions vont bon train, entre plaisanteries et commentaires sur l'échauffement. Maxime ne manque pas de rappeler à quel point il s'est senti en forme, tandis que Yohan continue de lancer des blagues pour amuser la galerie.

« Alors, Léon, tu te sens prêt pour la session dans l'eau ? » me demande Mewen, en se concentrant sur son bol de flocons d'avoine.

« Ouais, » dis-je en hochant la tête. « Ça va faire du bien de reprendre sérieusement. »

Le petit-déjeuner se termine dans la bonne humeur, et après un rapide coup d'œil à l'horloge, nous nous dirigeons vers la piscine. C'est là que le vrai travail commence. Le bassin est déjà éclairé par les lumières artificielles, l'eau semble presque irréelle, d'un bleu limpide et profond. Je sens monter en moi cette excitation familière, ce mélange d'adrénaline et de concentration.

Alain nous fait signe de nous rassembler au bord de la piscine. « On commence par une session technique ce matin. Je veux voir des virages nets, une poussée efficace, des longues coulées et surtout, de la fluidité dans vos mouvements. On va y aller progressivement, mais je veux que chacun donne le meilleur de lui-même. »

Je repère alors les nouveaux, un peu à l'écart. Rafael Fente-Damers et Emma Terebo. Ils semblent un peu nerveux, comme c'est souvent le cas lors d'un premier stage avec une équipe aussi soudée. Rafael est grand, bien bâti, avec une expression concentrée, presque dure. Emma, quant à elle, a une silhouette élancée, mais son visage montre une détermination calme.

Je me dirige vers eux avec un sourire. « Salut, vous êtes prêts ? »

Rafael hoche la tête. « Ouais, prêt à donner tout ce que j'ai. »

Emma sourit timidement. « Un peu stressée, mais ça va aller. »

« Ne vous inquiétez pas, » dis-je en essayant de les rassurer. « On est tous passés par là. Le plus important, c'est de rester concentré et de profiter du moment. »

Le coup de sifflet d'Alain nous rappelle à l'ordre, et nous nous mettons en position au bord du bassin. Le premier plongeon dans l'eau est toujours un choc, mais c'est un choc que j'aime. L'eau m'enveloppe, coupant le monde extérieur, et il ne reste plus que moi et ma nage.

Les premières longueurs se passent bien, je me concentre sur ma technique, sur chaque mouvement, chaque respiration. Maxime est déjà à fond, son style puissant et rapide lui permettant de prendre une avance sur les autres. Yohan, malgré ses blagues de ce matin, est un concurrent sérieux, tout en fluidité. Mewen, toujours aussi imperturbable, nage avec une précision presque clinique.

Je garde un œil sur Rafael et Emma. Ils se débrouillent bien, même si je sens qu'ils n'ont pas encore trouvé leur rythme. Ils sont encore en train de s'adapter, de se familiariser avec l'environnement et les attentes.

Après plusieurs séries, Alain nous fait sortir de l'eau pour une pause rapide. Nous sommes tous essoufflés, mais satisfaits. Cette première session dans l'eau est un rappel brutal de ce qui nous attend, mais c'est aussi un défi que j'accueille à bras ouverts.

« Bon boulot les gars, » lance Alain en nous réunissant au bord du bassin. « Les filles, vous passerez toutes à la table de massage pour récupérer tranquillement et prendre une collation. Pendant ce temps, les gars, vous venez avec moi pour la session vidéo. On échangera évidemment ensuite.Vous aurez le droit à une petite pause durant laquelle vous pourrez prendre des nouvelles de vos proches puis tous au réfectoire. Je rappelle que je ne suis pas là pour vous interdire de boire ou manger quoi que ce soit, mais rappelez-vous juste qu'une alimentation saine est la base de tout bon sportifs ! Je vous donnerez le reste du programme plus tard. »

Le programme bien chargé de la matinée nous est annoncé et on s'exécute tous en vaquant à nos occupations respectives.

Je prends quelques secondes pour m'étirer une dernière fois avant de rejoindre la salle vidéo avec les autres gars. L'atmosphère y est studieuse, presque solennelle. Alain nous montre les enregistrements de nos entraînements précédents, analysant chaque détail. Il met l'accent sur la nécessité d'améliorer notre fluidité dans l'eau, nos virages et la puissance de nos coulées. Pendant qu'il parle, je sens la tension monter en moi. Chaque mot d'Alain est un rappel des attentes élevées de ce stage. Il n'y a pas de place pour l'erreur, seulement pour le progrès.

« Léon, tu vois ici, à la sortie du virage, tu perds de la vitesse, » dit-il en pointant un moment précis sur l'écran. « On va travailler ça cet après-midi, je veux que tu te concentres sur la poussée et la reprise de ta vitesse. »

Je hoche la tête, prenant note mentalement de chaque conseil. L'entraînement est intense, mais c'est précisément ce que je suis venu chercher ici. Ce stage à Vittel est l'occasion de se surpasser, de repousser mes limites.

A Contre Courant / Léon MarchandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant