12 • THAIS

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THAIS

Le jardin est plongé dans une pénombre apaisante, les dernières lueurs du jour s'effaçant doucement à l'horizon, tandis que j'attends Léon sur le banc où je me suis réfugiée. L'air frais m'entoure, mais ne parvient pas à apaiser la tempête d'émotions qui tourbillonne en moi. La conversation avec mon frère m'a apporté un certain réconfort, mais la peur et les doutes continuent de peser lourdement sur mon cœur.

La conversation avec mon frère m'a aidé à comprendre que je ne pense pas être assez courageuse pour prendre le risque d'éloigner Léon de son rêve. Son coach avait raison, je suis une trop grande distraction. Je crois qu'à sa place j'aurais compris et j'aurais aimé que quelqu'un tienne à moi au point de renoncer à une relation

Je suis si absorbée par mes pensées que je n'entends pas les pas approcher. Ce n'est que lorsque quelqu'un s'assied à côté de moi que je prends conscience de ne plus être seule. En tournant la tête, je m'attends à voir Léon, mais c'est Thomas qui se tient à mes côtés.

« Thaïs ? Est-ce que ça va ? » demande-t-il doucement, ses yeux pleins d'inquiétude en voyant mon visage encore marqué par les larmes.

Je suis surprise de le voir là. Thomas est quelqu'un de chaleureux et toujours prêt à aider, mais nous n'avons jamais vraiment eu de discussions personnelles. Pourtant, il est là, ses traits exprimant une sincère préoccupation.

« Je... Oui, ça va, » balbutiai-je, tentant de reprendre mes esprits. « Je réfléchissais juste à certaines choses. »

« Ça n'en a pas l'air, » rétorque-t-il, un sourire triste aux lèvres. « Tu pleurais, non ? Qu'est-ce qui ne va pas ? »

Ses mots touchent une corde sensible, et malgré mes efforts pour me contrôler, je sens une nouvelle vague d'émotions me submerger. Avant que je ne puisse me retenir, les larmes recommencent à couler. Voyant cela, Thomas réagit instinctivement. Il se penche vers moi et me prend dans ses bras, m'enveloppant dans une étreinte réconfortante.

« Eh, ça va aller, » murmure-t-il doucement, sa voix pleine de tendresse. « Tu n'as pas à tout garder pour toi, tu sais. »

Je me surprends à m'abandonner à son étreinte, sentant la chaleur et la sincérité de son geste. C'est comme si, juste pour un instant, le poids de mes inquiétudes s'était un peu allégé. Thomas passe une main délicate sur mes cheveux, puis doucement, il essuie les larmes sur mes joues.

« Je ne sais pas ce qui te bouleverse autant, mais je suis là si tu veux en parler » continue-t-il, ses mots enveloppés de douceur.

C'est alors que j'entends des pas précipités derrière nous. Je me tourne pour voir Léon s'approcher, le visage figé dans une expression que je ne lui ai jamais vue auparavant. Un mélange de colère, de confusion, et surtout... de jalousie.

« Léon... Ce n'est pas ce que tu crois, » dis-je rapidement, tentant de me lever, mais les bras de Thomas autour de moi, bien que réconfortants, donnent une tout autre impression.

« Je vois que tu n'as pas perdu de temps, » rétorque Léon, sa voix dure, trahissant une amertume qui me transperce. « Je t'ai demandé de me retrouver ici, mais apparemment, tu avais déjà prévu autre chose avec Thomas. »

Les mots de Léon me frappent en plein cœur. Je réalise que la situation est en train de complètement déraper. Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, Thomas, comprenant le malentendu, relâche doucement son étreinte et se lève.

« Je ne faisais que réconforter Thaïs, » dit-il en levant les mains en signe de paix. « Elle avait besoin de quelqu'un, c'est tout. »

« Je vois ça, » répond Léon, les mâchoires serrées, son regard passant de Thomas à moi. « Je pense que tu devrais y aller, Thomas. »

« Léon, tu te trompes. Il n'y a rien entre Thomas et moi. Il m'a seulement trouvée ici, en larmes, et il voulait savoir ce qui n'allait pas. »

« Je vais vous laisser, » murmure Thomas, me jetant un dernier regard empreint de bienveillance avant de s'éloigner. Mais le mal est déjà fait

« En larmes ? » répète Léon, sa colère toujours palpable. « Et pourquoi tu pleurais Thaïs hein ? »

Thomas qui n'est pas encore suffisamment éloigné dit alors « A cause de toi ! T'es tellement égoïste que tu t'en rends pas compte ! »

Léon encre ses yeux dans les miens « Est-ce que c'est vrai ? »

Je peux voir dans ses yeux toute la peur qu'il ressent quant à ma réponse.

« Oui... Non... Enfin, pas exactement, » balbutiai-je, cherchant mes mots, la panique s'installant. « C'est compliqué, Léon. Je voulais justement te parler de tout ça. »

Il se tient là, les bras croisés, le regard dur, attendant que je m'explique. La douceur du jardin contraste avec la tension qui s'est installée entre nous.

« Je... Je suis désolée, » finis-je fini par dire, ma voix tremblante. « Je ne voulais pas que ça se passe ainsi. Ce que je ressens pour toi... c'est réel, mais c'est aussi terrifiant. J'ai tellement peur de tout gâcher, pour toi... »

Léon ne dit rien pendant un moment, puis il pousse un long soupir, sa colère semblant s'atténuer. « Thaïs, tu ne comprends pas, » murmure-t-il enfin. « Ce qui me fait peur, ce n'est pas que tu puisses tout gâcher. C'est que tu ne me laisses même pas essayer. »

Ses mots sont à la fois une déclaration et un reproche. Je réalise alors à quel point j'ai sous-estimé ses sentiments, sa détermination. Ce malentendu avec Thomas n'a fait qu'exacerber une tension déjà palpable entre nous.

« Je suis désolée, Léon, » répétais-je, ma voix à peine audible. « Je ne voulais pas te blesser. »

Léon me fixe, et je peux voir dans ses yeux qu'il se bat avec ses propres émotions. Enfin, il s'approche de moi, doucement, et prend ma main dans la sienne.

« Thaïs » dit-il, plus doucement cette fois, « peu importe ce qui se passe, je veux qu'on soit honnêtes l'un envers l'autre. Si tu as des doutes, des peurs, dis-le-moi. Ne me repousse pas sans me donner une chance. »

Je hoche la tête, les larmes recommencent à couler, mais cette fois, elles sont plus douces, moins désespérées. « Je vais essayer » murmurai-je. « Je vais vraiment essayer. »

Léon me serre doucement la main, et pendant un moment, nous restons là, dans le calme du jardin, unis par cette fragile promesse de surmonter nos peurs ensemble. On décide finalement de se diriger vers nos chambres respectives, toujours en silence.

« Léon ? » je demande d'une petite voix. Il acquiesce, me regardant dans les yeux « J'ai peur de gâcher ta carrière, d'être une trop grosse distraction ou au contraire d'être quelqu'un pour qui tu n'as plus le temps. J'ai peur que tu ais à renoncer à ton rêve par ma faute, parce que je sais mieux que personne à quel point ça fait mal. »

Je vois dans ses yeux qu'il comprend mes peurs et je vois aussi qu'il les écartera. Nous sommes arrivés devant sa chambre alors qu'il me réponds

« Thaïs, je ne sais pas ce qu'il t'es arrivé pour que tu penses comme ça mais je vais tout faire pour te prouver que tu as tort d'avoir peur...»


A Contre Courant / Léon MarchandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant