21 • THAIS

842 44 4
                                    

THAIS

La finale du 400 mètres 4 nages. Un moment clé, celui où Léon allait montrer au monde entier de quoi il était capable. Le stade est bondé, les gradins remplis de visages excités, impatients de voir ces athlètes de haut niveau se disputer l'or.

Quant à moi, c'est la nervosité qui domine. Depuis ce matin, j'ai du mal à respirer normalement. Léon a nagé de façon spectaculaire pour se qualifier, mais je sais que la finale est une autre histoire. La compétition sera rude, et les enjeux, colossaux. Et pour couronner le tout, je suis assise au milieu de spectateurs que je ne connais pas, mes mains moites serrant les accoudoirs du siège.

Je suis arrivée un peu en retard, la faute à une réunion imprévue avec l'équipe de natation synchronisée. En pénétrant dans le stade, j'ai eu l'impression que tout le monde me fixait, comme si notre relation cachée avec Léon était imprimée sur mon front. Mais en réalité, personne ne me connaissait vraiment ici, ou du moins, c'est ce que je croyais.

Une fois sur place, je cherche fébrilement mon siège. Quand je trouve enfin la rangée, une femme blonde d'une quarantaine d'années m'interpelle gentiment :

« Excusez-moi, vous cherchez une place ? »

« Euh... oui, » je balbutie, légèrement embarrassée. « C'est le siège 17. »

La femme sourit chaleureusement. « Oh, c'est juste à côté de moi. Venez, je vous en prie. »

Je m'assieds, remerciant discrètement le ciel d'avoir enfin trouvé un endroit où poser mes affaires. Les tribunes commencent à vibrer au rythme des chants et des acclamations. Un rapide coup d'œil autour de moi m'apprend que je suis entourée de gens qui semblent être là pour encourager Léon. Leurs discussions ne laissent aucun doute : ils parlent de ses performances, de sa carrière, de son potentiel à remporter cette médaille d'or. Je me sens un peu étrangère parmi eux, bien que chaque mot prononcé résonne en moi d'une manière particulière.

La femme à ma gauche se tourne à nouveau vers moi. « Vous suivez la natation depuis longtemps ? »

Je réfléchis à une réponse qui ne révélerait pas trop ma proximité avec Léon. « J'ai moi-même nagé un peu, oui. J'ai des amis dans ce milieu. »

Elle hoche la tête, semblant satisfaite de ma réponse. « C'est un sport fascinant, n'est-ce pas ? Léon a vraiment une manière unique de nager. »

Mon cœur rate un battement en entendant son prénom. Léon. Ils parlent de Léon. Mais avant que je puisse répondre, un homme plus âgé, assis de l'autre côté de cette femme, intervient dans la conversation.

« Léon a toujours été exceptionnel. Depuis qu'il est tout petit, on savait qu'il irait loin. »

Mon esprit commence à assembler les pièces du puzzle. Cette femme, cet homme... pourraient-ils être les parents de Léon ? Mon estomac se noue à cette idée. Comment ai-je pu me retrouver ici, assise à côté de la famille de Léon, sans même le savoir ?

Je les observe discrètement, essayant de ne pas paraître trop nerveuse. L'homme doit être son père, avec ses traits qui rappellent étrangement ceux de Léon. La femme, quant à elle, a ce sourire doux et réconfortant que j'ai déjà vu chez Léon. Il l'a clairement hérité d'elle.

Les minutes passent, et je me retrouve de plus en plus angoissée. Je ne peux pas m'éloigner maintenant sans attirer l'attention, alors je reste là, tentant de cacher mon inconfort. Mais mon cœur bat la chamade à l'idée qu'ils pourraient se rendre compte de qui je suis.

Soudain, un brouhaha se fait entendre dans la foule. Les nageurs font leur entrée, et l'excitation monte d'un cran. La femme à côté de moi applaudit vigoureusement en apercevant Léon.

A Contre Courant / Léon MarchandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant