Chapitre 17. Summertime Sadness

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Summertime Sadness — Lana Del Ray

Gabriel

    Je pense que je n'ai jamais été aussi heureux. Ça se passe bien. Très bien, même. Sur tous les plans. Même si je dois m'habituer au fait qu'il soit gravement malade... je vais bien. Aujourd'hui, nous avons décidé de faire quelque chose de tranquille, parce que c'est le dernier jour de Stéphane ici. Il repart demain matin. Ça va me faire bizarre. Kelly part également, elle dans l'après-midi. Nous ne serons que tous les deux, Jordan et moi.

    Hier soir, quand il m'a défendu, j'ai su que c'était le bon – même si je n'avais pas de doutes – car c'est le seul qui ait fait quelque chose comme ça. Je me suis pris beaucoup d'insultes, dans ma jeunesse, et même dans ma vie d'adulte, et on m'a toujours dit de ne pas y faire attention, que ce n'était que des imbéciles. Or, Jordan en est venu aux mains. J'aurais pu être choqué et lui en vouloir, mais non, au contraire, je suis encore plus rassuré. Il nous a défendu.

    Je le sens bouger contre moi, et ses paupières s'ouvrent. Il est beau quand il dort, paisible, serein, les traits détendus. Il tourne le regard vers moi, et il s'illumine. Ses yeux sont tout endormis, je trouve ça adorable. Il s'étire puis se cale un peu plus contre moi.

—  Bonjour, murmure-t-il.
—  Ça va ? demandé-je.
—  Bien et toi ?
—  Bien.

Je lui demande ça tous les matins, car j'ai peur qu'il ait mal quelque part, qu'il ait mal dormi, qu'il refasse une crise. Celle d'hier m'a effrayé, je dois l'admettre. Sa respiration était comme celle de Dark Vador, ça m'a fait peur. Je me rends compte, à cause de ça, que je n'ai aucune envie de le perdre. J'aimerais prendre sa douleur comme John Café dans La Ligne Verte. Je le serre contre moi et dépose un baiser sur sa joue. Jordan en dépose un dans mon cou, et je souris.

—  On fait quoi aujourd'hui ? me demande-t-il.
—  Je ne sais pas, je réponds. Qu'est-ce que tu voudrais faire ?

Il semble réfléchir quelques instants, les yeux fermés. Si longtemps que je crois qu'il s'est rendormi, mais il me répond enfin.

—  On pourrait faire du paddle à quatre, marmonne-t-il, sa voix étouffée par mon cou.
—  C'est une bonne idée, admets-je. Je vais demander aux autres.

Je prends mon téléphone et envoie un message sur notre groupe WhatsApp. On en a fait un car c'est plus simple pour tout le monde. Les réponses sont rapides, alors je regarde l'heure et constate qu'il est midi passé. On dort beaucoup, quand même... En même temps, vu la nuit que l'on vient de passer... je rougis en y repensant.

—  Ils sont tous ok. On se rejoint dans deux heures, informé-je Jordan.
—  Super, dit-il. On va manger ?

J'acquiesce et après un effort incommensurable, nous nous levons du lit. Nous nous habillons et nous préparons puis partons en direction d'un restaurant. On va dans le buffet à volonté, parce que j'ai super faim, et nous nous installons. Jordan regarde le menu tandis que je l'observe. Ses yeux parcourent la carte. Il est tout le temps beau, c'est frustrant. Je prends mon téléphone et le prends en photo. Il relève le regard et arque un sourcil.

—  Qu'est-ce qui t'arrives ?
—  Rien, je te trouvais beau, c'est tout, m'expliqué-je, les joues rouges.

Il sourit.

—  On n'a pas de photos, tous les deux, à part celle que Kelly a prise, l'autre fois, dis-je. Il faudrait en prendre plus.

Parce que le jour où il partira et que je n'aurais aucune photo de lui ou de nous deux...

In Another Life [Gabriel Attal x Jordan Bardella]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant