In Another Life [Gabriel Attal x Jordan Bardella]

Chapitre 23. Honeymoon

Honeymoon — Lana Del Rey

Gabriel

    Nous nous levons aux aurores pour prendre l'avion jusqu'à Naples. Je ne sais pas la destination exacte, mais Jordan a l'air enjoué de me montrer le pays qu'il chérit. Nous n'avons que deux heures de vol, alors ça change des douze heures que nous nous sommes pris pour partir aux Maldives. Mon mari a tout prévu, les billets, l'hôtel, mais ce que nous allons faire, nous déciderons lorsque nous y serons.

    Dans la voiture, Jordan pose sa main sur ma cuisse et la caresse lentement. J'aime quand il fait ça, une main sur le volant, et une autre sur moi. Je souris, caressant sa main de la mienne.

    La soirée d'hier m'a quelque peu chamboulée. Je ne pensais pas les parents de Jordan comme ça. Surtout son père. Je ne m'attendais pas à ce qu'il accepte directement, mais j'ignorais qu'il était aussi buté et mauvais. Sa mère m'a fait de la peine, je sens qu'elle n'a pas mauvais fond. Et dire que c'est en grande partie à cause de lui, que Jordan est grièvement malade... je ne sais pas si je pourrais un jour pardonner sa bêtise. Ça risque d'être compliqué. Je n'ai même plus envie de le revoir.

    Jordan se gare un peu en retrait de l'aéroport, afin de ne pas payer le parking. Nous marchons jusqu'au bâtiment, et je suis bien content qu'on puisse prendre le temps. Nous cherchons notre porte, puis nous dirigeons vers celle-ci. Nous passons d'abord par le contrôle des bagages, et nous sommes enfin tranquilles jusqu'à ce que nous puissions embarquer.

—  Nous sommes prioritaires, m'indique Jordan.
—  Oh, tant mieux, je réponds avec un sourire.

    Il me le rend et je serre sa main. Il a l'air de plus en plus fatigué. Des cernes sont visibles sous ses yeux, et j'espère que ce voyage au soleil lui fera du bien. Il a maigri, aussi, et ça me brise le cœur de savoir que ça empire, au lieu d'aller mieux. Il dort bien, pourtant, et il mange... bien que peu, il finit toujours ses plats. Et son teint blanchâtre m'angoisse plus que je ne le laisse penser.

    Alors que nous attendons, assis confortablement sur des sièges, je regarde mon téléphone, jouant à Candy Crush, tandis que Jordan pose sa tête sur mon épaule. J'ai pris ma tablette pour que nous puissions regarder un film durant le vol. J'en ai téléchargé plein, j'espère qu'il y en a un qu'il aimera.

—  Les passagers du vol en direction de Naples sont priés de se rendre à la porte n°9.

    Nous nous levons et une femme appelle les prioritaires. Nous passons sans encombre, puis patientons encore. Je n'ai qu'une hâte : m'asseoir dans l'avion. Je n'ai pas sommeil, mais je crois que Jordan est mort de fatigue. Ses yeux se ferment tout seuls, et il est à deux doigts de dormir debout.

    Une fois installés dans l'avion, je sors ma tablette.

—  Tu veux qu'on regarde un film ? demandé-je.
—  Je ne te garantis pas que je verrai la fin, plaisante Jordan. Mais je veux bien. Qu'est-ce que tu as ?
—  Fight Club, Interstellar, Inception, Ready Player One, et Taxi Driver.

    Il réfléchit pendant un petit moment.

—  Va pour Interstellar, me répond-il.

    J'acquiesce, lui donne un écouteur, et je lance le film. Logiquement, lorsque nous atterrirons, il sera fini.

    Et j'avais raison. Au moment où l'avion s'arrête, le film est terminé. Je sèche mes larmes et range ma tablette. Jordan s'est endormi à la moitié du film, ça m'arrange : il ne m'a pas vu pleurer. Je le secoue légèrement et il se réveille doucement, lâchant un bâillement. Je souris et dépose mes lèvres sur sa joue.