3. Brooklyn Baby

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    Gabriel

    L'île est paradisiaque, c'est incroyable. Je ne suis jamais venu, c'est ma première fois ici, et je ne regrette en rien d'avoir pris les billets sur un coup de tête, après avoir vu un Tik Tok dessus. L'eau est si claire qu'on peut voir les poissons à travers, les gens sont heureux, paisibles, amicaux... j'ai hâte de visiter toute l'île pour voir tout ce que l'on peut faire. J'ai déjà repéré un terrain de tennis et de basket, il me faut donc trouver un ami ici. Ou plus. Un amour de vacances, comme dans les films ? Ce serait bien.

    J'ouvre la porte de ma villa et reste bouche bée. Magnifique. C'est le mot. La salle de bains est extérieure, dans une sorte de jardin, avec la douche et une baignoire. La chambre double donne directement sur la plage, et je vois une silhouette au loin, que je reconnais directement. Les mains dans les poches, Bardella regarde la mer, pensif. Habillé d'un t-shirt blanc et d'un short anthracite, je reconnais qu'il a la classe. Je m'approche de lui. Son regard est perdu, au loin, je me demande à quoi il pense. J'ai été désagréable, sur le bateau nous emmenant ici, je l'admets. Mais il faut que je digère le fait que nous allons sûrement passer nos vacances ensemble. Voisins. Avec personne autour. Un frisson d'horreur me parcourt. Il ne faut pas que je gâche ces vacances, alors il faut que je sois le plus sympa possible.

— Bonjour, voisin, le salué-je avec un sourire.

    Il ne se retourne pas, ne sursaute pas, je le vois juste contracter ses mâchoires et mon sourire s'intensifie. Que j'aime l'embêter.

— Ne me dites pas que votre villa est dans ce secteur, souffle-t-il en fermant les yeux, dépité.
— Eh si. Dommage pour vous, plaisanté-je.

    Il se tourne enfin vers moi et me lance un regard noir. Jordan Bardella s'approche dangereusement de moi et pointe son doigt sur mon torse. La proximité ne me gêne pas, étonnamment. Au contraire, elle m'amuse.

— Ne me dérangez surtout pas, pendant ces vacances, me prévient-il d'un air menaçant. Je veux être tranquille et ne surtout pas penser au travail.
— Je n'allais pas vous parler du travail, répliqué-je en grimaçant. Je suis ici pour les mêmes raisons que vous.
— Ça m'étonnerait, marmonne-t-il en se reculant.

    Je fronce les sourcils, ne comprenant pas. S'il est venu ici, c'est pour s'éloigner de la ville polluée de Paris, être avec des gens heureux et patients, qui sourient quand on leur dit bonjour lorsqu'on se croise, n'est-ce pas ? En tout cas, personnellement, c'est ce que je recherchais.

— Arrêtez de m'emmerder, ok ?
— Je ne vous le promets pas, mais j'essaierai, rétorqué-je avec un petit sourire en coin.

    Il me regarde longuement, et je me perds dans ses yeux couleur chocolat. Il lâche un soupir et s'éloigne, non sans me jeter un dernier coup d'œil énervé. Je le vois partir vers sa villa. En effet, on est vraiment juste à côté. Peut-être va-t-il dormir, il me semble qu'il a passé douze heures éveillé, alors que j'ai dormi quasiment tout le trajet. Sur son épaule, la honte. Heureusement, il ne m'a rien dit.

    Les mains dans les poches de mon bermuda, je me dirige vers ma villa et fouille dans ma valise à la recherche d'un maillot et de ma crème solaire. Je vais bronzer en lisant, ça me fera du bien. Une fois apprêté, je me dirige vers un hamac et m'y installe. C'est calme. Il n'y a aucun enfant qui crie, aucune autre personne à part moi. S'il n'y avait pas les maisons, je me serais cru dans Seul au monde. J'adore les vacances comme ça.

« Va-t'en, sale pédé ! »
« Ne m'approche pas, la taffiole ! »
« Ah, regardez, il sort avec un mec... ça me dégoûte. »

    Je me réveille en sursaut, et quelque chose tombe devant mes yeux. Une casquette. Il ne me semble pas en avoir prise une tout à l'heure, et elle n'est clairement pas à moi. Blanche et orange, avec écrit « McLaren » dessus. Je fronce les sourcils. A qui est cette casquette ? Une âme charitable qui traînait ici et m'a vu m'assoupir ? Je tourne vivement la tête vers la villa de Bardella. Non. Ça ne peut pas être lui. Impossible. Il regarde la F1 ?

    Un peu engourdi, je me redresse et m'étire. Je retourne à la villa déposer mon bouquin, et garde la casquette sur ma tête. Je préfère les chapeaux, mais ça suffira. Je sors pour aller explorer les alentours. Il y a pas mal de gens qui se baladent, et je leur souris lorsqu'ils passent près de moi. Ils me sourient en retour, et ça fait un bien fou. Des gens polis... ça me manquait.

    Je repère une grande piscine en L et m'approche. Quelques personnes se baignent, dont deux enfants en brassard. Adorables. Je continue ma route, jusqu'à voir un jardin de plantes. Je m'y aventure, voyant des bananiers, des cocotiers, des hibiscus, des jasmins... je souris en sentant quelques fleurs. J'adore.

    Lorsque je retourne à la villa, le soleil est en train de se coucher. De ma chambre, j'aperçois une silhouette familière, assise sur un transat, la tête baissée sur un livre. Il pourrait profiter du coucher du soleil... Je me rappelle alors que la casquette est peut-être à lui, alors je m'approche de lui. Le contact du sable tiède sous ma peau est agréable.

— C'est à vous ? demandé-je en lui tendant la casquette.
— Oui, répond Bardella en la prenant.
— Pour quelqu'un qui ne souhaite pas que je sois dans ses pattes, vous êtes quand même vachement sur mon d-
— De rien, me coupe-t-il sèchement, revenant à son livre.

    Mes joues chauffent et je bégaye avant de formuler ma phrase.

— Merci, soufflé-je en baissant le regard sur mes pieds. Je vous en dois une.
— Je passe mon tour.

    Je lui lance un regard blasé qu'il ne voit pas.

— Bon. Tutoyons-nous, dans ce cas.

    Il lève enfin la tête de son fichu livre et me regarde, les yeux écarquillés et les sourcils haussés.

— Pardon ?
— Nous allons sûrement nous recroiser, nous sommes voisins, après tout. Tutoyons-nous.
— J'ai pas envie, marmonne-t-il en rebaissant le regard sur son livre.
— Très bien, Jordan, fais comme tu veux, soupiré-je avec un léger sourire.

    Jordan tique et me regarde, horrifié. J'ai l'impression d'avoir insulté sa mère. Qu'est-ce qui ne va pas chez lui ?

— Je déteste entendre mon prénom sortir de ta bouche, dit-il.

    En effet, ça fait bizarre de se tutoyer. J'ai l'impression qu'on est amis. Je grimace à cette pensée, et il le voit.

— On peut se vouvoyer de nouveau, me fait-il remarquer.
— Non, non. Combien de temps vo... tu restes ici ? demandé-je.
— Deux semaines, répond-il.
— Oh. Moi aussi, soufflé-je, étonné.

    Je le vois retenir un énième soupir. Je tourne la tête vers l'océan, et vois que le soleil se couche doucement. L'eau devient orangée et le ciel devient mauve.

— Regarde ça, murmuré-je, le sourire aux lèvres.

    Jordan lève la tête et se fige face à la beauté de la nature qui s'étend devant nos yeux. Ce sera sûrement ça tous les soirs, mais ça reste magnifique. Mon cœur bat un peu plus vite, et mes yeux pétillent. Une fois le soleil entièrement couché, les lumières dans les palmiers s'allument.

— Bonne nuit, lâche Jordan en se levant.

    Je le regarde faire.

— Bonne nuit.

    Je le regarde aller dans sa villa, les bras croisés. Il est si... fermé. Est-ce qu'avec moi, ou avec tout le monde ? Sa maison d'éditions est pourtant bien réputée, preuve que le patron doit être agréable. Qu'est-ce que j'ai fait pour qu'il me déteste autant ? Cependant, on se tutoie et on s'appelle par nos prénoms. C'est un grand pas. Cela ne fait même pas un jour, mais avec tout ce qu'il s'est passé aujourd'hui, j'ai l'impression que ça fait trois jours que je le côtoie. Un vent frais me fait revenir à la réalité. Demain est un autre jour, et j'ai hâte. J'ai prévu d'aller faire du jet-ski en bord d'océan. Il y a un club là-bas, ce qui est franchement chouette. Il y a aussi la plongée sous-marine que j'aimerais faire. Le spa, les restaurants, les baignades...

    Je regagne ma villa avec le sourire aux lèvres, trépignant d'impatience.

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Coucouuu ! J'espère que vous avez passé un bon week-end les loulous 🫶🏻
Chapitre tranquille parce que ce n'est que le début 😈 j'espère qu'il vous a tout de même plu 🤭
Je vous dis à mercredi pour le prochain !
J'vous love 🫶🏻

In Another Life [Gabriel Attal x Jordan Bardella]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant