1. Off to the Races

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Gabriel

    Enfin, je suis en vacances. Malheureusement, elles ne vont pas commencer si je suis en retard à l'aéroport. Mon taxi se gare devant ce dernier, et je le remercie, ouvrant la porte avec empressement, et sortant de l'habitacle avec précipitation. Je prends mes deux valises et cours jusque dans l'immense bâtiment. Mon vol part dans trente minutes, ça pourrait le faire si je n'avais pas la douane à passer, ainsi que la présentation de passeport.

    Stressé, je me dépêche de poser ma valise sur le tapis roulant, de jeter toutes mes affaires personnelles dans le bac, et de passer le portique de sécurité. Aucun bip. C'est déjà ça. J'attends mes affaires en tapant du pied, c'est toujours long, ces choses-là, surtout quand on est pressé. Enfin, je les vois arriver. Maladroitement, je prends ma veste, mon téléphone portable, mon portefeuille et les fourre dans mes poches. J'attrape ma petite valise qui n'a pas sa place dans la soute, et la fais rouler. Je dois à présent trouver ma porte d'embarcation. Plus que dix minutes avant le départ, et mon estomac se contracte. Je cours dans l'aéroport, cherchant la porte. Heureusement, il est très tôt et il n'y a presque personne.

    Enfin, je la trouve, et je reprends ma respiration devant l'hôtesse de l'air qui me demande ma carte d'embarcation ainsi que mon passeport. Je lui présente le tout et me dirige enfin vers l'avion. Toujours essoufflé, je vois que l'engin est rempli, des gens sont excités, mais aussi fatigués, puisqu'il y en a certains qui dorment déjà. Je regarde l'heure sur ma montre : 4h56. Nous décollons dans quatre minutes. Je me dépêche de trouver ma place et m'installe. Par chance, il n'y a personne du côté du hublot, alors je choisis cette place. A quatre minutes du vol, impossible que quelqu'un arrive, je dois être le dernier à arriver.

    Je m'installe confortablement, notamment parce que je vais avoir douze heures de vol, et ferme les yeux. Je vais rattraper ma nuit.

— Vous êtes à ma place.

    Mon sang se glace, et j'ouvre les yeux directement, tournant lentement la tête vers l'homme qui doit me parler. Oh non.

— Attal ?
—Bardella ?

    C'est un cauchemar. Qui vous voulez, mais pas lui... Nous nous toisons en silence. Jusqu'à ce qu'une hôtesse demande à Bardella de s'asseoir.

— Il est à ma place, dit-il en me lançant un regard noir.
— Je vais me déplacer, j'interviens en me levant.

    Il me regarde d'un œil mauvais tandis que je me déplace sur mon fauteuil initial. Je vais passer douze heures à côté de lui ? C'est une blague. Je n'aurais pas dû virer Emmanuel, cette semaine, le bon Dieu me punit. Ça doit être ça... Jordan Bardella passe devant moi, et s'installe à sa place, côté hublot. Les effluves de son parfum me parvienne, il est en retard et il ne transpire même pas ? Quel est cet homme ? Il ne m'adresse pas un regard, ne me parle même pas. Ces douze heures vont être très longues...

    L'avion commence à manœuvrer après deux minutes, et je vois mon voisin de droite se crisper. Oh, il craint l'avion ? Qu'il ait peur, ça lui apprendra à mal me parler de bon matin. Je mets mes écouteurs et ferme les yeux. Mais je sens Bardella se tendre et j'ouvre un œil. Sa main agrippe l'accoudoir et sa respiration devient irrégulière. Merde, c'est une vraie phobie.

—  Calmez-vous monsieur Bardella, ça va bien se passer, marmonné-je.
—  Parlez pour vous, répond sèchement le brun.
—  Restez dans votre malheur, dans ce cas, répliqué-je avec venin.

    Quel con. Il soupire et se pince l'arête du nez. Je le vois contracter la mâchoire et me lancer des regards furtifs. Il soupire de nouveau, et j'ai loupé le passage préféré de ma musique préférée, ça m'agace. Je mets pause.

    Jordan Bardella, je le connais depuis un peu plus de cinq ans. Il est plus jeune que moi, et il fait exactement le même métier que moi : directeur d'une maison d'édition. Oui, en plus de ça, nous sommes dans la même ville. Nous sommes donc rivaux, et cela pourrait s'arrêter au travail, mais non, on ne peut pas se voir en peinture. Nous nous vouvoyons depuis le début, et nous ne sommes jamais d'accord sur rien. Néanmoins, devant les autres, nous faisons semblant. Le problème avec Bardella, c'est son arrogance. Parce qu'il est plus jeune et qu'il fait le même métier que moi, il me regarde tout le temps d'un air supérieur. Je le déteste.

    Mais là, il me fait presque pitié.

—  Comment vous faîtes ? me demande-t-il.
—  Pour ?
—  Ne pas avoir peur, réplique-t-il sur le ton de l'évidence.
—  Je ne sais pas, j'ai confiance au pilote, j'imagine. Tant que les lumières ne clignotent pas et que les masques ne tombent pas, tout va bien.

    Il me regarde longuement de ses yeux marrons, et je maintiens son regard, ennuyé. Il m'exaspère. Enfin, ça aurait été n'importe qui, j'aurais eu de la compassion. Mais là, c'est Jordan Bardella, alors je n'en ai pas.

—  Très bien, je vais vous faire confiance, marmonne-t-il.

    Nous décollons. Enfin. Je jette un coup d'œil à mon voisin, qui ferme les yeux et respire doucement. Je souris malgré moi : j'aimerais le filmer et regarder la vidéo à chaque fois que j'irai mal. Malheureusement je pourrais finir au tribunal s'il porte plainte... ce n'est pas de chance.

—  Douze heures de vol, c'est bien ça ? me demande-t-il.
—  Oui.

    Il soupire à nouveau et je retiens un rictus amusé. Pour une fois qu'il ne fait pas le beau et qu'il est dans une situation compromettante, c'est plutôt drôle. Je remets mes écouteurs et ferme les yeux. A présent, je peux finir ma nuit.

    Je suis réveillé par une odeur de café, ce qui me fait ouvrir les yeux. Bardella a une tasse fumante sur sa petite tablette, et mon ventre se réveille. J'interpelle l'hôtesse de l'air afin qu'elle m'en donne un également, ainsi que des madeleines. Je regarde le hublot : il fait jour.

—  Quelle heure est-il ? demandé-je à mon voisin.
—  Neuf heures, répond-il en prenant une gorgée de son café.

    Neuf heures. J'ai donc dormi quatre heures seulement. Le pire, c'est que je ne suis même plus fatigué, ce qui m'embête. Je remarque alors que Bardella regarde un film tout en buvant son café et en mangeant des Haribo. Je n'ose pas le déranger. Bon, en réalité, il me déteste déjà.

— Qu'est-ce que vous regardez ? je demande en prenant une gorgée de ma boisson chaude.
— Un film.

    Je tique. Il m'agace profondément.

— Sans blague. Lequel ? insisté-je.

    Il met pause en soupirant et je souris, fier de moi. Il m'a bien embêté pendant que j'écoutais ma musique : un point partout.

— Devinez grâce aux images, répond-il.

    Et il remet lecture. Je contracte les mâchoires, agacé. Quel insupportable petit... imbécile. Je regarde alors son film, malgré le fait que je n'ai pas de son. L'image n'est pas hyper nette, signe que c'est un vieux film. Il y a des cow-boys. Je reconnais Clint Eastwood. Je tapote l'épaule de mon voisin et il lâche un soupir en mettant pause de nouveau. Je souris, tout content.

— Vous regardez Le Bon, la Brute et le Truand, dis-je.
— Bravo, quel cinéphile, ironise-t-il en levant les yeux au ciel. Vous voulez un bonbon ?

    Je sais qu'il dit ça pour m'énerver, mais je pioche un bonbon avec plaisir, ce qui le fait froncer des sourcils. Je le mets à la bouche en souriant, et il hausse les sourcils d'un air désabusé en se tournant vers l'écran de sa tablette, remettant son film en marche. De mon côté, je referme les yeux et remets mes écouteurs, souhaitant m'endormir de nouveau. Dieu merci, je sens que je tombe dans les bras de Morphée.

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Et voilà le premier chapitre de ma nouvelle histoire ! Ça tombe bien puisqu'on est en vacances et qu'eux aussi, hihi 🤭
J'espère que ça vous plaira, j'espère que vous allez aimer autant que j'ai aimé l'écrire !
Il y aura 2 chapitres par semaine, un le lundi et un le vendredi !
Je vous fais des bisous, je vous love 🫶🏻

In Another Life [Gabriel Attal x Jordan Bardella]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant