Chapitre 27. Like a Prayer

443 38 117
                                    

Like a Prayer — Madonna

    Gabriel

    Une semaine et quatre jours sont passés depuis que nous sommes revenus de notre lune de miel. Tout va pour le mieux, du moins sentimentalement parlant. Jordan n'arrive plus à rien faire sans s'essouffler. Il a démissionné, remerciant tous ses employés, et a légué l'entreprise à Marine, qui l'a remercié en pleurant, d'après ce qu'il m'a dit. Il leur a également dit pour sa maladie, et tous ont été très choqués, ne s'attendant pas à ce qu'il parte à cause de ça. Il est parti beaucoup plus serein qu'il ne l'était, et il m'a dit que c'était grâce à moi. Je ne vois pas trop en quoi je l'ai aidé, mais ça me fait quand même plaisir de savoir qu'il n'a plus de regrets.

    Sauf peut-être son père. Jordan est toujours en contact avec sa mère, ils se voient régulièrement, mais il refuse de parler de son père. A son retour du café, il y a onze jours, il m'a tout expliqué. Et, même si je pardonne facilement, au fond de moi, je n'arrive pas à pardonner au géniteur de Jordan. A cause de lui, l'homme que j'aime va partir trop tôt. Et le pire, c'est que je pense qu'il n'en a rien à faire. L'entreprise a une nouvelle directrice, donc sa rancœur est ici, également. Il aurait voulu qu'elle devienne une maison d'éditions de père en fils. Malheureusement, il ne peut s'en vouloir qu'à soi-même.

—  Jordan, tu es sûr que tu ne veux pas que je reste avec toi ? lui demandé-je, soucieux.
—  Non, Gabriel, je ne veux pas que tu rates le travail à cause de moi, répond-il fermement.

    Ce n'est pas la première fois que nous avons cette discussion. Son état empire, il ne peut plus prendre les escaliers, il ne peut plus se doucher sans être essoufflé, ni même jouer trop longtemps avec Volta.

    En parlant de ma chienne, Jordan l'a très vite adoptée. Ils s'adorent, tous les deux, et ça me réchauffe le cœur de voir qu'au moins, lorsque je ne suis pas là, il ne s'ennuie pas grâce à elle.

    Le soir, quand je rentre, le repas est prêt et la table est mise. Cependant, il commence à en avoir assez de ne plus pouvoir faire le ménage sans que ses poumons le fassent souffrir. Cette situation nous pèse à l'un et à l'autre. Il ne veut pas servir à rien, et je veux juste profiter de sa présence, l'aider au quotidien, mais il pense que je fiche mon travail en l'air si je me mets en arrêt maladie.

    Le truc, c'est que j'ai plus d'un tour dans mon sac, donc j'ai écourté mes horaires. Ce n'est pas bien pour la boîte, je sais, mais mes employés sont plutôt bons et ont compris. Je commence donc à neuf heures et finis à seize heures, dorénavant. J'ai fait croire à Jordan que c'était à cause de mes horaires qui étaient trop élevées alors je les ai baissées. Or, je sais qu'il sait que c'est faux, et que c'est seulement pour rentrer plus tôt. Mais je m'inquiète toute la journée, lui envoyant des messages toutes les heures. Quand je rentre, j'ai peur de le retrouver sur le sol, inanimé. J'ai peur d'arriver trop tard. Je n'arrive même plus à trouver le sommeil, parce que je crains de ne pas l'entendre s'il s'étouffe. Bref, ça devient compliqué.

—  Très bien, soupiré-je.
—  Allons au cinéma, propose-t-il.
—  Vraiment ?
—  Oui, j'ai envie de sortir, me dit-il. Je n'en peux plus, d'être toujours à l'intérieur.

    J'acquiesce et nous nous levons. Alors qu'il se dirige vers la porte d'entrée, je lui attrape le bras et le tourne vers moi. Je prends son visage en coupe, me mets sur la pointe des pieds et l'embrasse tendrement, lui transmettant tout l'amour que je ressens pour lui. Il pose ses mains sur ma taille et approfondis le baiser, et je souris contre ses lèvres, le cœur battant un peu plus fort.

—  Je t'aime, soufflé-je.
—  Je t'aime encore plus, me dit-il en m'embrassant une nouvelle fois.

    Mon cœur s'allège, et, main dans la main, nous sortons de mon appartement. Nous prenons l'ascenseur pour aller jusque dans le parking, puis je conduis, parce que Jordan est fatigué. Ça aussi, c'est de plus en plus fréquent : il a beau dormir, il est constamment fatigué. Il ne mange presque plus, ses joues se sont creusées et ses côtes sont de plus en plus présentes, lorsqu'il se met torse-nu. Ça me brise le cœur, et ça me fait peur. Il tousse très souvent, et dès que ça lui prend, il crache du sang. Heureusement, il prend ses médicaments qui le calment directement, mais je suis constamment sur mes gardes.

In Another Life [Gabriel Attal x Jordan Bardella]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant