4. Without You

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Jordan

« Yeah, my boyfriend's pretty cool, but he's not as cool as me... »

Je vais le tuer. Je jure que je vais le tuer. A tâtons, je cherche mon téléphone sur ma table de chevet. Je le prends et regarde l'heure : neuf heures. J'aurais bien aimé dormir un peu plus, mais la voix de Lana Del Rey retentit depuis quelques minutes dehors. Je suis certain que c'est lui. A part si c'est l'hôtel qui met de la musique de bon matin, mais je n'ai pas vu ça lorsque j'ai réservé. Ça ne peut être que lui.

De mauvaise humeur, je me lève et m'habille. Il fait aussi chaud qu'hier, alors je mets un bermuda avec une chemise blanche ouverte. Je prends ma casquette McLaren et la mets sur ma tête. Je n'aurais jamais dû la lui laisser, hier, il ne la méritait pas. Il aurait pu passer les vacances à être malade après avoir attrapé une insolation, ça m'aurait arrangé.

Sur une table, je repère une corbeille de fruits et prends une pomme. Je la goûte et pousse un soupir de plaisir. Elle est excellente, juteuse, sucrée, un délice. Je décide de sortir, et je le vois, allongé sur un transat, habillé d'un t-shirt bordeaux et d'un short de bain noir, une casquette noire posée sur la tête et une enceinte posée sur le sable. La musique continue, il n'a mis que du Lana Del Rey.

« I just wanted you to know, that baby, you're the best... »

Je m'approche et éteins son enceinte. Il sursaute et se tourne vers moi, enlevant ses lunettes de soleil.

—  Bonjour, dit-il avec un sourire.

Je le fusille du regard.

—  La plage n'est pas à toi, pourquoi tu mets ta musique aussi fort ? m'énervé-je.
—  Oh, ça va, il faut se lever tôt pour profiter, répond-il en levant les yeux au ciel.

Je vais le tuer.

—  Toi, peut-être, mais pas moi, ok ? rétorqué-je. J'ai besoin de sommeil, putain.

Je me stoppe, pour ne pas en dire plus.

—  Tu crois que t'es le centre du monde ? « Moi je, moi je », réplique Gabriel en se levant. T'as 28 ans, on dirait que t'en as 50.

Je tique mais ne dis rien, me contentant de m'approcher de lui.

—  Fous-moi. La. Paix.

Je tourne les talons et pars en direction d'un café que j'ai vu hier. Attal m'a tendu. Ce n'est pas une surprise, si on se déteste au travail, on ne va pas s'apprécier dans la vie de tous les jours. Ce n'est qu'un égoïste, un imbécile, un nombriliste et j'en passe.

J'entre dans le café. Il est rempli. Mince alors, je suis vraiment un des seuls à vouloir me lever tard ? Je suis sûr que non. Attal a dû réveiller toute l'île avec sa musique à la con. Je m'installe à une table et une serveuse vient directement me voir, un grand sourire aux lèvres. Je me force à lui sourire, bien que l'envie n'y soit pas. Elle me demande ce que je veux, dans un anglais parfait, et j'y réponds que je souhaite des pancakes avec un jus d'ananas.

En attendant ma commande, j'en profite pour regarder autour de moi. Le restaurant est dans les tons bleus et blancs, tout est ouvert, alors on peut voir l'océan dehors. Le soir, ce doit être magnifique. Il y a deux étages, une terrasse en bois, le plafond blanc contient des lumières bleutées. C'est apaisant. Il y a beaucoup de couples, attablés. Ainsi que des familles, avec des enfants en bas âges qui ne mangent pas très proprement, mais qui sont heureux d'être là. Je les envie. Cette insouciance, cette jeunesse... La serveuse revient avec ma commande et je la remercie. Il faut que j'arrive à penser à autre chose.

In Another Life [Gabriel Attal x Jordan Bardella]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant