Chapitre 13

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L'après-midi touche doucement à sa fin alors que je pousse la porte de mon logement au village olympique. Le déjeuner avec Léon a été simple, presque apaisant, malgré l'étrange dynamique qui persiste entre nous. Mais à peine ai-je posé mes affaires que mon téléphone vibre dans ma poche. Je le sors, m'attendant à voir un message de Léon ou d'Alex, mais non. C'est un message d'Alice, ma meilleure amie.

« Alors, tu comptes m'en parler un jour ou pas ? »

Je fronce les sourcils, un peu déconcertée. Avant que je ne puisse répondre, un autre message s'affiche sur mon écran.

« C'est quoi cette histoire avec Léon Marchand ? Tu te décides enfin à sortir avec des mecs célèbres, et tu me laisses en dehors de tout ça ?!?! »

Je soupire, à la fois amusée et légèrement agacée. Alice est en vacances depuis une semaine, quelque part sur une plage paradisiaque, coupée du monde, et je réalise qu'elle n'a absolument aucune idée de ce qui s'est passé ici pendant son absence. Je tape une réponse rapide pour essayer de démêler la situation.

« Ce n'est pas ce que tu crois... Longue histoire. Tu es dispo pour un appel ? »

Presque immédiatement, sa réponse arrive :

« Toujours dispo pour toi. Appelle-moi. Maintenant. »

Je me laisse tomber sur le canapé, déjà épuisée à l'idée de devoir lui expliquer ce qui m'arrive. Mais je sais qu'Alice est la seule personne en qui je peux vraiment me confier, sans filtre. Je compose son numéro et elle décroche à la première sonnerie.

— Alors, c'est quoi cette histoire, mademoiselle "je sors avec une star internationale et je ne dis rien à ma meilleure amie" et je ne dis rien à ma meilleure amie ?! Sa voix est taquine, mais je peux déceler un soupçon de curiosité sincère derrière son ton amusé.

Je ne peux m'empêcher de sourire. Alice a toujours ce don de rendre les situations les plus complexes un peu plus légères.

— C'est compliqué, Alice... Vraiment compliqué.

— Je t'écoute, répond-elle, son ton devenant un peu plus sérieux.

Je prends une grande inspiration et me lance dans le récit. Je lui raconte tout : la soirée où Léon et moi avons été vus ensemble par hasard, les photos qui ont fuité, et la manière dont son manager, Alex, a orchestré toute cette mise en scène pour nous faire passer pour un couple. Je lui parle aussi de la pression que je ressens, de la fausse relation qui commence à brouiller mes émotions, et de la difficulté à jongler entre ma vie personnelle et ce rôle que je dois jouer.

— Attends, m'interrompt-elle, après m'avoir écoutée patiemment. Tu es en train de me dire que tu dois faire semblant de sortir avec Léon Marchand, poster des trucs sur les réseaux comme si vous étiez un vrai couple, tout ça parce que son manager te l'a demandé ? Je l'entends étouffer un rire. Mais c'est totalement dingue !

Je laisse échapper un petit rire nerveux.

— Oui, c'est complètement fou. Et pour couronner le tout, je dois partager une chambre avec lui au village olympique. Pour que ce soit plus réaliste, tu vois...

Un silence se fait de l'autre côté de la ligne, puis Alice éclate de rire.

— Non mais attends, t'es en train de me dire que tu dois vivre avec lui 24h/24, dormir dans le même chambre, et faire semblant d'être folle amoureuse de lui pour le bien de sa carrière et pour augmenter ton nombre d'abonnés ?!

Je pousse un soupir résigné.

— C'est ça. C'est ridicule, je sais.

— Oh là là, Éléonor, c'est la meilleure histoire que tu m'aies jamais racontée. Genre, je pars une semaine et tu deviens l'héroïne d'une comédie romantique foireuse ?!

Je ne peux m'empêcher de rire avec elle, même si la situation est loin d'être aussi amusante pour moi.

— Dis comme ça, c'est vrai que ça sonne absurde. Mais crois-moi, c'est loin d'être romantique. Léon est sympa, mais tout ça me dépasse un peu.

— Sympa ?! Alice répète en riant. Éléonor, tu vis dans un soap-opera grandeur nature et tu me dis qu'il est "sympa" ?! Non mais sérieusement, tu te rends compte de la chance que tu as, ou pas ?!

— Franchement, je préférerais être n'importe où ailleurs.

— Et lui, Léon, il en pense quoi ? Il est d'accord avec tout ça ?

Je prends un moment pour réfléchir avant de répondre.

— Léon... Il est difficile à cerner. Parfois, il est vraiment sympa, et à d'autres moments, il est distant, comme si tout ça le fatiguait autant que moi. Mais il n'a pas vraiment le choix non plus. On est tous les deux coincés dans cette situation, et on essaie de faire de notre mieux.

Alice reste silencieuse un moment, puis reprend d'un ton plus doux :

— Ça ne doit pas être facile, je comprends. Mais tu es forte, Éléonor. Ne te laisse pas emporter par tout ça. Et si jamais ça devient trop pour toi, rappelle-toi que tu n'as pas à tout sacrifier pour cette histoire.

Je hoche la tête, même si elle ne peut pas me voir.

— Merci, Alice. C'est juste... tellement étrange de vivre tout ça. Et puis, il y a ce moment, tout à l'heure, après sa course... Je ne sais pas, j'ai l'impression qu'il y a peut-être quelque chose de plus. Mais je ne suis pas sûre.

Alice pousse un petit soupir avant de dire avec un sourire perceptible :

— Tu es en train de me dire que tu commences à avoir des sentiments pour lui ?

Je reste silencieuse, incertaine de comment répondre.

— Je ne sais pas. C'est confus. C'est difficile de séparer ce qui est réel de ce qui ne l'est pas, surtout avec tout ce qu'on doit faire pour les apparences.

Alice reste silencieuse un moment, réfléchissant à ce que je viens de dire. Puis elle ajoute, sur un ton plus doux :

— Tu es plus forte que tu ne le penses, Éléonor. Mais souviens-toi aussi de ne pas trop t'oublier là-dedans. Et qui sait, peut-être que cette histoire va te réserver de bonnes surprises.

Je souris malgré moi, touchée par ses mots.

— Merci, Alice. T'es vraiment la meilleure.

— Ça, je le sais déjà !, répond-elle en riant. Et promets-moi de me tenir au courant de tout. Parce que si ça se transforme en vrai truc entre vous deux, je veux être la première à le savoir.

— Promis, je te dirai tout.

Nous continuons à discuter pendant encore quelques minutes, Alice alternant entre me rassurer et se moquer gentiment de la situation dans laquelle je me trouve. Mais quand je raccroche, je me sens un peu plus légère. C'est bien de savoir que même dans cette situation bizarre, j'ai une amie comme Alice pour me faire rire et me rappeler ce qui est important.

Je reste là, sur le canapé, à réfléchir à ses mots. Peut-être qu'elle a raison. Peut-être qu'il y a quelque chose à tirer de tout ça, même si pour l'instant, tout semble flou et compliqué.

Sous les projecteurs - Léon MarchandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant