Chapitre 23

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Mon sauveur me sourit avec une chaleur instantanée, révélant une rangée de dents impeccables et des yeux d'un bleu éclatant. Je suis immédiatement frappée par la profondeur de son regard, bien que je note en moi que ses yeux ne sont pas aussi captivants que ceux de Léon. Cette pensée me fait tiquer. Pourquoi devrais-je comparer chaque nouveau regard à celui de Léon ?

— Pas de problème, tout va bien ? me demande-t-il d'une voix chaude et rassurante.

— Euh, oui, merci... Je ne sais pas ce qui s'est passé, je n'ai pas l'habitude de trébucher comme ça, dis-je en essayant de cacher mon embarras derrière un sourire.

— C'est le sol qui a dû te jouer un tour, plaisante-t-il. Ou peut-être que c'était une ruse pour tomber dans mes bras ?

Je ris, un peu plus détendue.

— Peut-être bien. Ma technique a bien fonctionné, non ?

Il rit à son tour

— Je m'appelle Gabriel, dit-il en tendant la main.

— Éléonor, réponds-je en serrant sa main.

— Enchanté, Éléonor. Tu es venue seule ce soir, ou quelqu'un t'attend à l'intérieur ?

— Je suis avec des amis, mais j'avais besoin de prendre l'air. Trop de monde, trop de bruit.

— Je comprends. Parfois, il faut juste s'échapper un moment, trouver un peu de calme au milieu du chaos.

Le courant passe bien entre nous, et je commence à me détendre, appréciant réellement la compagnie de Gabriel. Pourtant, malgré la connexion évidente, un petit détail me dérange. À chaque fois que je le regarde, je ne peux m'empêcher de penser à Léon. Cette comparaison incessante commence à me frustrer.

Je me retiens de soupirer et je me demande pourquoi je me laisse encore emporter par ces pensées. Gabriel est une personne charmante, avec qui il est facile de parler, mais je suis incapable de cesser de le comparer à Léon, comme si Léon était la référence ultime à laquelle tous les autres devraient se conformer.

Le moment de lucidité m'atteint enfin lorsque je me rends compte de mon irritation croissante contre moi-même. Pourquoi est-ce que je me fais encore du souci pour Léon ? Pourquoi ne puis-je pas simplement apprécier le présent sans me laisser envahir par des comparaisons inutiles ? Mon agacement envers moi-même s'intensifie.

— Alors, qu'est-ce qui t'amène à Nice ? me demande-t-il, me sortant de ma réflexion.

Je prends une légère pause, réfléchissant à la meilleure façon de répondre.

— Disons que j'avais besoin de m'éloigner de certaines choses... de prendre du recul. Un peu comme une remise à zéro.

Il hoche la tête, son regard devenant plus sérieux.

— Je vois. Parfois, on a besoin de ça pour se retrouver. Nice est l'endroit parfait pour ça.

Je hoche la tête, reconnaissante qu'il ne pousse pas plus loin. La soirée se poursuit, et nous finissons par nous asseoir à une petite table à l'écart de la foule.

À un moment donné, Alice et Matt viennent nous retrouver. Alice, avec son œil de lynx, remarque immédiatement Gabriel et s'approche avec un sourire amusé.

— Eléonor on t'a cherché partout, mais je vois que tu as de la bonne compagnie, dit-elle en jetant un coup d'œil complice à Gabriel.

Je rougis légèrement, mais Gabriel, lui, reste parfaitement à l'aise.

Matt s'installe à côté de moi et me taquine à son tour, mais je me sens bien. Il y a quelque chose de léger, d'agréable, dans l'air, et je me laisse emporter par la conversation, le rire et la compagnie de Gabriel. La soirée continue de manière inattendue, pleine de surprises agréables, et je réalise que, pour la première fois depuis longtemps, je me sens vraiment bien.

Lorsque la nuit touche à sa fin et que nous décidons de rentrer, Gabriel m'accompagne jusqu'à la sortie.

— J'ai passé une super soirée, dit-il en me regardant droit dans les yeux. J'espère qu'on pourra se revoir avant que tu ne quittes Nice.

— Moi aussi, Gabriel. Ce serait avec plaisir, réponds-je, sincèrement touchée par sa gentillesse.

Nous échangeons nos numéros, et il me dépose un baiser léger sur la joue avant de s'éloigner, me laissant avec un sourire aux lèvres.

**

Le lendemain matin, la lumière douce du soleil filtre à travers les rideaux, illuminant la cuisine de l'appartement. L'arôme du café fraîchement moulu flotte dans l'air, apportant avec lui une touche de confort et de réconfort. Je me suis levée tôt, désireuse de profiter de la tranquillité matinale pour réfléchir à la soirée d'hier et essayer de comprendre mes propres sentiments.

Alice et Mathéo sont déjà en train de discuter joyeusement de la soirée, leurs voix se mêlant au murmure du café qui filtre doucement. Je m'assois à la table, un sourire forcé aux lèvres, tout en essayant de masquer l'agitation qui tourbillonne en moi.

— Alors, raconte-nous tout sur Gabriel ! s'exclame Alice avec enthousiasme. Vous avez l'air de vous être bien amusés.

Je ris doucement, essayant de cacher mes émotions sous un masque de légèreté. Je sers les tasses de café avec des gestes précis, me concentrant sur la routine plutôt que sur le tumulte intérieur.

— Oh, rien de bien excitant, juste une rencontre sympa. Il est vraiment intéressant, dis-je en essayant de garder le ton décontracté.

Alice me fixe avec une intensité amusée, comme si elle pouvait détecter la moindre incohérence dans mon discours. Matt, avec son sourire taquin, ajoute :

— Intéressant ? Tu ne veux pas nous en dire plus ?

Je vois Alice échanger un regard complice avec Mathéo, et je me sens soudainement sur la défensive. La dernière chose que je veux, c'est discuter en détail de Gabriel alors que mes propres sentiments sont encore en désordre.

— Il est intéressant, c'est tout, dis-je, un peu plus fermement. Cela n'ira pas plus loin.

Alice plisse les yeux, visiblement perplexe par ma réponse. Il est évident qu'elle ressent que quelque chose ne va pas. Elle pose sa tasse de café et se penche vers moi.

— Pourquoi dis-tu ça ? Vous avez l'air de bien vous entendre.

Je secoue légèrement la tête, cherchant les mots justes pour expliquer sans trop en dire. Ma main serre la tasse de café, et je me rends compte que j'essaie de me donner du courage.

— C'est possible, mais je préfère ne pas me faire de films pour l'instant.

— C'est possible, mais je préfère ne pas me faire de films pour l'instant. Je ne veux pas me lancer dans quelque chose sans être certaine de ce que je ressens.

La mention de Gabriel semble susciter une vague de souvenirs et de réflexions intérieures. Alors que je parle, je me demande pourquoi je suis encore hantée par les souvenirs de Léon, même après tout ce temps. Je me fais la réflexion que c'est probablement stupide de me laisser encore affecter par quelqu'un qui semble vouloir tourner la page de son côté.

Matt, toujours attentif, remarque mon hésitation. Il se penche légèrement, son regard rempli de sincérité.

— Tu es sûre que ça va, Élé ? Tu sembles un peu préoccupée.

Je lui adresse un sourire rassurant, bien que je sente l'insécurité percer à travers mon masque de calme.

— Oui, oui, tout va bien. Juste un peu fatiguée, je suppose.

Je prends une gorgée de mon café pour me donner du temps pour réfléchir et pour apaiser le tourbillon d'émotions qui menace de s'échapper. La conversation se poursuit avec une légèreté feinte. Il y a quelque chose dans cette situation qui me rend confuse et m'oblige à affronter des vérités que je préfère éviter.

Sous les projecteurs - Léon MarchandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant