Chapitre 18

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Je me dirige vers les gradins où les supporters français se sont regroupés pour célébrer la victoire. L'ambiance est électrisante, les chants et les acclamations résonnent dans tout le stade. Je me joins à eux, essayant de me fondre dans la foule, mais mes pensées ne peuvent s'empêcher de revenir à ce qui vient de se passer avec Léon.

Le sourire complice qu'il m'a lancé avant de partir ne quitte pas mon esprit. C'était un moment qui semblait si naturel, si plein de sincérité, mais il y avait aussi cette petite voix en moi qui s'interrogeait sur la signification de ce baiser, sur les conséquences que cela pourrait avoir. Alors que Léon monte sur le podium avec ses coéquipiers, la foule éclate en applaudissements. Les visages rayonnants de satisfaction, ils reçoivent leurs médailles de bronze sous les acclamations de leurs supporters.

Quelques instants plus tard, je reçois un message de Léon 

«Je suis dans les vestiaires, rejoins-moi.» 

Mon cœur se serre. Le ton du message est bien plus sérieux que je ne l'aurais imaginé après ce baiser. Je prends une profonde inspiration et me dirige vers la sortie, un nœud d'angoisse se formant dans mon estomac.

Lorsque je le retrouve dehors, Léon assis sur un banc tient, les mains dans les poches, l'air préoccupé. Il lève les yeux vers moi quand j'approche, mais il n'y a pas de sourire sur son visage cette fois. Mon cœur se serre davantage.

— C'était une erreur, lâche-t-il sans préambule, sa voix étrangement calme.

Je sens mon souffle se couper, l'impact de ses mots me frappent de plein fouet. Une erreur ? Le baiser passionné, le moment intense que nous venons de partager... juste une erreur ?

— Une erreur ? Je répète, ma voix tremblant de colère et d'incrédulité. Léon, je ne comprends pas. Un jour tu es tendre, attentionné, et le lendemain tu m'ignores. Qu'est-ce qui se passe dans ta tête ?

Il détourne le regard, visiblement mal à l'aise, mais il garde un ton ferme.

— On est juste amis, d'accord ? Ce baiser, c'était pour les caméras, pour le spectacle. Rien de plus.

Je le fixe, complètement abasourdie par ce qu'il vient de dire. La colère monte en moi comme une vague, et je serre les poings pour contenir l'émotion qui menace de déborder.

— Et nos règles dans tout ça, hein ? Tu te souviens de ces foutues règles qu'on s'était fixées pour ne pas mélanger les choses, pour garder tout sous contrôle ? Et maintenant, tu dis que c'était juste pour le spectacle ? Tu te fous de moi ?

Léon se retourne vers moi, ses yeux durs mais aussi un peu perdus.

— Tu te voiles la face avec ces règles, dit-il sèchement. Elles ne sont qu'un bouclier, un moyen de te protéger, de ne pas te brûler. Mais c'est trop tard, tu es déjà tombée.

— Si je tombe, tu tombes avec moi, Léon, c'est clair ? je crie, ma voix brisée par la frustration. Tu ne peux pas jouer avec mes émotions comme ça. Un jour, tu m'embrasses devant tout le monde, et le lendemain tu fais comme si ça ne signifiait rien ? Comment oses-tu ?

Léon secoue la tête, comme s'il essayait de trouver une réponse à mes accusations, mais il n'y a rien d'autre que le silence et la tension palpable entre nous. Il tente de s'approcher, mais je recule d'un pas, mon regard brûlant de colère.

— Tu ne peux pas faire ça, Léon. Pas après ce qui vient de se passer. Si tu veux jouer les amis, alors sois cohérent. Mais ne m'entraîne pas dans tes doutes et tes hésitations.

Léon ouvre la bouche pour répondre, mais aucun son n'en sort. Je vois la lutte intérieure dans ses yeux, mais à ce moment-là, je suis trop en colère pour m'en soucier.

— Sais-tu seulement ce que tu veux ? Parce que moi, je commence à en avoir marre de ce petit jeu. Tu m'as embrassée pour les caméras ? Eh bien, bravo, tu as réussi ton show. Mais je ne suis pas ton jouet, Léon.

Il fait un geste vers moi, mais je recule encore, mon regard le transperçant.

— Ne me touche pas. Je ne suis pas une marionnette à ta disposition.

Léon reste figé, ses bras retombant le long de son corps comme s'il venait de perdre toute l'énergie qui l'animait quelques instants plus tôt. Ses yeux cherchent les miens, mais je refuse de céder, refusant de laisser la douleur adoucir ma colère.

— Très bien, murmure-t-il enfin, sa voix presque étouffée. La compétition est terminée. Tu es libre.

Libre. Ce mot résonne dans l'air comme un coup de poignard. Libre ? Comme si je n'avais jamais eu le contrôle de cette situation. Comme si tout ce temps, je n'avais été qu'une spectatrice, enchaînée à une relation factice, montée de toutes pièces pour servir ses intérêts, son image. La rage en moi monte encore d'un cran, brûlant tout sur son passage.

— Libre ? Je suis libre de faire ce que je veux, mais depuis le début, cette fausse relation tourne toujours autour de toi ! Je lui crie, ma voix résonnant dans les vestiaires vides. Tout tourne autour de ce que tu veux, de ce que tu ressens, de tes foutues règles ! Eh bien, aujourd'hui, ça va changer, Léon. Aujourd'hui, je me casse.

Je vois l'impact de mes mots sur son visage, comme si je venais de le gifler. Mais je n'ai plus le temps, ni l'envie, de m'attarder sur ce qu'il ressent. Il a pris ses décisions, maintenant c'est mon tour. Sans un regard en arrière, je tourne les talons et quitte les vestiaires, laissant Léon derrière moi, seul avec sa confusion et ses doutes.

Quand je claque la porte derrière moi, le bruit résonne dans l'air, coupant court à toute tentative de réconciliation immédiate. Le choc de la porte fermée semble marquer la fin brutale d'une trêve non dite, et tandis que je m'éloigne, mon cœur bat à un rythme effréné, comme si chaque battement résonnait de la colère et de la douleur que je viens de laisser exploser.

Je me dirige vers la sortie, cherchant un endroit pour m'isoler, pour essayer de reprendre le contrôle sur les émotions qui m'envahissent. Mais c'est impossible. Les images de Léon, de ce baiser, de ses paroles glaciales tournent en boucle dans mon esprit. Tout me revient comme un tsunami incontrôlable : la douceur de ses lèvres contre les miennes, cette brève lueur dans ses yeux, qui semblait sincère, avant qu'il ne les voile avec ses foutues "règles".

Je me laisse tomber sur un banc à l'extérieur, les coudes sur les genoux, la tête entre les mains, comme si je pouvais écraser ces pensées par la simple force de volonté. La colère continue de bouillir en moi, mais cette fois, elle n'est plus seulement dirigée contre Léon. Une autre couche d'émotion commence à se révéler, une frustration profonde et amère contre moi-même. Comment ai-je pu me laisser entraîner dans cette situation ? Comment ai-je pu être aussi naïve ?

Je ressens une chaleur envahir mon visage, non pas de l'embarras, mais d'une rage sourde contre mes propres choix, contre ma propre vulnérabilité. J'aurais dû voir venir ce moment, j'aurais dû m'en méfier, mais au lieu de ça, je me suis laissée emporter, me suis abandonnée à l'idée que ce baiser signifiait quelque chose de plus profond, de plus réel. J'ai laissé mes émotions prendre le dessus, et maintenant je paie le prix de cette faiblesse.

Je serre les poings, mes ongles s'enfonçant dans mes paumes, cherchant à détourner cette colère intérieure vers quelque chose de tangible, quelque chose que je peux contrôler. Comment ai-je pu être aussi stupide, aussi aveugle ? Les signes étaient là, évidents, mais je les ai ignorés, me convainquant que cette fois, ce serait différent.

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Je suis sadique 🤭

Sous les projecteurs - Léon MarchandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant