Aventures de Zelda Raphaëlle Hyrule : 3.En Quête de la Fleur Maternelle

Chapitre 7

Après avoir fait plusieurs tours désespérés de la forêt Korogu, suivie par un cortège curieux de ses petits habitants, je me résignai à retourner dans les Bois Perdus dans la partie que je n'avais pas encore visitée. Tandis que ma torche commençait à faiblir avec le temps, je me perdais volontairement entre les arbres en détaillant le sol avec minutie. La moindre touffe d'herbe disparate au loin me faisait accourir, le cœur battant avant de me plonger toujours plus profondément dans la désillusion.

J'avais beau tenter de refouler ma détresse qui ne ferait que ralentir mes recherches, je sentais par moment les larmes me monter aux yeux sans que je ne puisse rien y faire. Je sentais alors Jam, toujours perché sur mon épaule, resserrer son étreinte autour de ma nuque et enfouir son museau tiède dans le creux de ma clavicule.

Après près d'une heure d'errance infructueuse, sentant la faim me miner l'estomac ainsi que la fatigue et le stress mettre à mal mon sang-froid, je m'accordai une courte pause le temps de manger et de retrouver mon calme.

M'asseyant au pied d'un arbre mort, l'ambiance morbide des bois me pesant toujours inlassablement, je sortis de ma sacoche un fruit que j'entamai avant de laisser ma tête tomber en arrière pour reposer sur le tronc. Je fermai les yeux un instant, chassai du mieux que je pouvais les pires scénarios qui s'esquissaient depuis plusieurs heures dans mon esprit et, me rappelant des dires pieux de l'Arbre Mojo, soufflai :

"Déesses je vous en prie, aidez-moi..."

Relevant la tête et rouvrant les yeux, je vis alors à mes pieds Jam, immobile et à l'affût, regardant fixement un point devant lui. Suivant son regard avec perplexité, je crus soudainement voir une ombre bouger derrière un arbre à plusieurs mètres de nous. Sur mes gardes, je tâtonnai autour de moi jusqu'à trouver la fusée de mon épée que je saisis sans lâcher la présence des yeux. Cette dernière se mut à nouveau légèrement, comme si elle nous observait également et voulait être discrète. Après de longues secondes de face à face aveugle, une tête se pencha de derrière le tronc pour mieux nous détailler. Je fus surprise de voir une simple forme noire, ronde coiffée d'un large et imposant chapeau de paille et piquée de deux disques de lumière blanche qui s'apparentaient à des yeux. La hauteur de la tête n'était pas très importante, supposant que son propriétaire n'était pas très grand.

Stupéfaite par cette apparition que je n'avais jamais vue, ma main lâcha inconsciemment la lame Purificatrice. Cet étrange être, bien que je ne l'avais jamais vu et que j'ignorais sa provenance, ne me semblait pas être une menace et paraissait même être bienfaisant.

"Excuse-moi-", dis-je alors doucement à son attention.

L'étrange présence sursauta au son de ma voix et replongea derrière son arbre. Je m'apprêtai à m'avancer lentement vers lui lorsque je vis Jam me devancer et sautiller légèrement de quelques mètres en direction de la cachette du nouveau venu.

Ce dernier émergea de nouveau avec beaucoup plus de prudence cette fois-ci et remarqua aussitôt mon Rumy à quelques mètres de lui. Comme fasciné par l'esprit, il oublia presque instantanément ses précautions et sortit complètement de sa cachette pour approcher la curieuse créature. Jam se laissa faire, fixant toujours intensément l'être sans visage. Ce dernier s'accroupit en arrivant au niveau de mon ami domestiqué et, oubliant complètement ma présence qui l'effrayait quelques secondes plus tôt, caressa délicatement la fourrure luminescente du Rumy. 

Après un long moment à se laisser faire amicalement, Jam se détourna vers moi et me rejoignit alors en quelques bons assurés. Son admirateur releva le regard, perplexe, et sembla me redécouvrir. Il eut un mouvement de recul, mais je l'interpellai sur un ton pacifique :

"S'il-te-plaît, je ne te veux aucun mal. Viens !"

D'abord anxieux et tiraillé, l'étrange autochtone baissa la tête vers Jam, lové sereinement à mes pieds et se décida à avancer timidement.

Il avait la morphologie d'un humain, plutôt d'un enfant étant donné sa taille moitié moins grande que la mienne. Il était vêtu d'une large tunique végétale assortie à son chapeau, de gants et de sabots à l'extrémité recourbée vers le ciel. La "peau" de son visage était d'un noir si profond qu'on ne pouvait rien en distinguer et ses "yeux" dépourvus d'iris brillaient simplement d'un blanc orangé hypnotisant.

"Je m'appelle Raphaëlle, dis-je alors pour mettre en confiance mon interlocuteur lorsque celui-ci fut suffisamment près. Et toi ?"

Alors que je me disais que l'étrange enfant était peut-être muet, ce dernier me répondit d'une voix aiguë et innocente :

"Je suis Skull Kid."

Le dénommé Skull Kid semblait toujours sur ses gardes, resté à une certaine distance de moi et surveillant avec appréhension chacun de mes gestes. Comprenant cela, je repoussai lentement et avec mon pied l'Épée de Légende pour la mettre hors de portée de ma main.

"Tu habites dans cette forêt Skull Kid ?" demandai-je à l'étrange garçon pour poursuivre la conversation. Il acquiesça. "Tu vis tout seul ici ?

- Oui, je ne vois pas beaucoup de monde, répondit-il en baissant la tête. Sauf les Korogus, ce sont mes amis." 

Rassurée d'apprendre cette information qui confirmait la confiance que j'avais en ce jeune inconnu, je souris avec attention en hochant la tête.

"Tu dois bien connaître les lieux dans ce cas, repris-je alors tandis que le trac faisait battre mon cœur plus vite à mesure que la question fatidique approchait. Dis-moi, je suis à la recherche d'une fleur très rare qui aurait poussée ici. La Princesse de la Sérénité, est-ce que tu en connais ?

- J-Je ne sais pas..., bégaya Skull Kid en se balançant, incertain. La seule fleur que je connais, c'est celle-là."

L'habitant des bois se tourna alors vers sa ceinture, sembla chercher quelque chose dans une petite bourse à son flanc et en sortit une fleur. Blanche, bleue, à cinq pétales et au long pistil doré. 

"C'est... C'est... balbutiai-je, incrédule devant une telle vision. C'est elle ! Où l'as-tu trouvée ?! m'écriai-je aussitôt tandis qu'un sourire profondément soulagé se dessina tout seul sur mon visage.  

- Je... hésita Skull Kid, prit de court par ma réaction virulente et inattendue. Je la cultive depuis quelques années pour en avoir toujours une avec moi, elle m'accompagne et lorsqu'elle fane, je plante ses graines pour qu'elle renaisse.

- J-J'ai absolument besoin de cette plante, soutenai-je, mon cœur battant la chamade dans ma poitrine. Skull Kid il me la faut c'est très important. Pourrais-tu me la donner ?"

Je vis l'enfant s'étonner d'une telle demande puis hésiter, l'air inconfortable.

"C'est que... elle est très chère pour moi, murmura-t-il presque en regardant la fleur dans ses mains.

- Cette fleur est le seul remède qui pourrait guérir ma mère, qui est très malade, lui expliquai-je alors en m'approchant doucement de lui et en cherchant son regard. Il faut que je la sauve ou elle risque de mourir." Ma voix s'étrangla un instant. "S'il-te-plaît."

Je sentais mon jeune interlocuteur perdu et confus, levant tantôt ses yeux brillants vers moi tantôt les baissant sur son trésor. Après un long moment durant lequel mon cœur battant d'appréhension ne me laissait pas de répit, Skull Kid finit par reprendre la parole :

"J'ai perdu ma maman il y a longtemps, me conta-t-il en caressant avec une infinie précaution les pétales de la Princesse. Depuis elle me manque tous les jours, je ne veux pas que tu connaisses ça. J'accepte de te donner ma fleur, conclut-il avec une dignité surprenante pour son âge, mais en échange j'aimerai que tu fasses quelque chose pour moi."

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