Aventures de Zelda Raphaëlle Hyrule : 3.En Quête de la Fleur Maternelle

Chapitre 9 (rétrospectif)

"J'accepte de te donner ma fleur, conclut Skull Kid avec une dignité surprenante pour son âge, mais en échange j'aimerai que tu fasses quelque chose pour moi. 

- Qu'est-ce que c'est ?! m'exclamai-je, le cœur soudainement empli d'espoir et de soulagement.

- J'aimerai que tu m'expliques à quoi sert cet objet que j'ai trouvé par terre."

L'enfant de la forêt sortit alors de sa petite bourse quelque chose en bois et me le tendit. Lorsqu'il ouvrit ses doigts pour dévoiler l'objet, mon pouls s'accéléra sous la surprise : c'était l'ocarina que ma mère avait offert.

"C-Comment est-ce..., balbutiai-je aussitôt en fouillant frénétiquement dans ma sacoche avant de me résigner. C'est... C'est à moi, c'est un ocarina. Il a dû tomber sans que je ne m'en rende compte, je ne comprends pas...

- Un ocarina... se contenta de souffler avec fascination Skull Kid en observant mon bien sous toutes les coutures. Et à quoi ça sert ?

- C'est un... un instrument de musique", expliquai-je après un instant d'hésitation. Je pris précautionneusement l'objet des mains de mon jeune interlocuteur. "Il est légendaire dans notre royaume, et il fait un son très beau.

- Oh pourrais-tu en jouer ? S'il-te-plaît !" s'empressa de me demander l'esprit enthousiaste en trépignant impatience. 

Après un bref instant à faire tourner l'ocarina dans mes mains, troublée d'avoir pu le perdre sans m'en rendre compte, je portai finalement l'embouchure à mes lèvres et positionnai mes doigts en fonction. Je soufflai alors quelques notes aux consonances suaves, formant une mélodie improvisée que je n'avais jamais entendue tandis que la brume fraîche des Bois Perdus m'enveloppait toujours dans son voile mystérieux. Je répétai le cours motif à plusieurs reprises en me laissant guider par l'émotion apaisée qu'il véhiculait, puis finis par retrouver le silence et lentement émerger de ma transe.

"Waaaaaa, articula avec admiration mon petit spectateur sans lâcher mon instrument des yeux. C'était magnifique !

- Merci", murmurai-je en caressant mélancoliquement le présent de ma paume.

Je sentais le regard insistant et empli d'envie de Skull Kid sur moi, et je pouvais le voir se balancer de gauche à droite, hésitant.

"J-Je te donne ma fleur, réussit-il à formuler avec un semblant d'assurance, si tu acceptes de me donner ton ocarina et de m'apprendre à en jouer !"

Mon cœur remonta dans ma gorge et je me crispai.

"Tu... Tu es sûr ? tentai-je de négocier en m'approchant de mon interlocuteur. C'est que cet instrument est très important pour moi, il est précieux.

- Ma fleur aussi m'est précieuse, répondit-il aussitôt en plongeant ses étranges yeux dans les miens avec une soudaine et surprenante confiance. Si j'accepte de m'en séparer malgré ce qu'elle signifie pour moi, tu dois être prête à faire de même."

La répartie quasi-cinglante de l'enfant de la forêt me laissa muette, atteinte par la justesse de ses propos. Je soupirai et mon cœur se serra tandis que je me résignai à ce sacrifice, traçant encore une fois délicatement les contours de l'objet de bois.

"Bien, approche", finis-je par souffler en m'agenouillant dans l'herbe humide des bois.

Je vis le semblant de visage de Skull Kid s'illuminer et il s'empressa de me rejoindre en sautillant. Malgré ma mélancolie, je me surpris à sourire faiblement en constatant le réjouissement et la joie que je venais de faire naître chez ce petit être étrange et si simple. Je lui pris alors les épaules et le fit pivoter doucement afin qu'il soit tout juste dos à moi et donc dans la même disposition.

"Tiens, prends l'ocarina à deux mains comme ceci, une main au dessus et une main en dessous", me mis-je à expliquer le plus clairement possible en passant mes bras de part et d'autre du petit corps de mon élève improvisé afin de l'accompagner dans ses mouvements. 

En guidant lentement ses doigts qu'il avait découvert sur chacun des trous de l'instrument, je remarquai que le touché du corps de Skull Kid était quelque peu trouble et sa texture indéfinie, qu'il ne semblait dégager aucune chaleur... L'apparence de sa "peau" s'apparentait plutôt à une émanation évanescente d'un noir intense, comme si l'enfant n'était pas tangible, qu'il n'était qu'un fantôme ou une apparition...

"Une fois que tu t'es assuré que chacun de tes doigts sont bien placés au niveau de chacun des trous, poursuivis-je en surveillant attentivement que mon apprenti appliquait bien mes consignes, il faut apprendre à les lever et les abaisser selon plusieurs combinaisons pour obtenir différentes notes qui vont se succéder et former une mélodie. Pour que l'ocarina émette du son, tu dois enfin souffler dans l'embouchure juste ici. Ni trop fort, ni trop faible."

Skull Kid acquiesça avec intérêt et approcha alors l'ocarina de sa "bouche". Après quelques secondes de concentration et de calcul de ce qu'il devait faire, les premières notes lentes et vibrantes émergèrent de l'instrument sous ma supervision. Elles avaient beau être hésitantes, irrégulières et sans rythme, elles s'enchaînaient étonnement bien et formaient comme une sonate nonchalante d'une douce langueur qui me laissa un bref instant absente.

Le musicien en herbe finit par se séparer de son instrument et se tourna aussitôt vers moi, émerveillé et fier de lui.

"Tu es doué, lui dis-je alors avec bienveillance en hochant la tête de satisfaction. Tu as assimilé le principe, c'est bien. Avec un petit peu de pratique régulière, tu sauras en jouer aussi bien que moi.

- C'est vrai ?!" s'enchanta Skull Kid en contemplant l'ocarina avec enchantement.

Après un long silence ravi pour l'enfant de la forêt, nostalgique pour moi, mon jeune élève lâcha finalement des yeux sa nouvelle possession et baissa le regard sur sa ceinture. Il y détacha alors lentement la Princesse de la Sérénité, la contempla une dernière fois avec une expression indéchiffrable puis me la tendit dans le creux de ses paumes. Levant sa tête vers moi, il me souffla avec une profonde sincérité logée dans ses prunelles que je pensais inexpressives : 

"J'espère que ta maman va vite guérir."

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