Chapitre 14 : Le Voyage en Mer

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Le port était encore plongé dans l'obscurité lorsque Eldaya et Raek arrivèrent, leurs pas résonnant faiblement sur les pavés humides. Leurs bourses désormais presque vides, ils se dirigèrent vers le quai où un grand navire attendait, les voiles repliées comme un animal endormi, prêt à s'éveiller aux premiers souffles du vent.

Le bateau était un vaisseau imposant, robuste, conçu pour affronter les mers tumultueuses du monde originel. Ses planches de bois massif étaient noircies par les années passées à braver les tempêtes, et des cordages épais serpentaient autour des mâts géants. De grandes voiles, encore enroulées, attendaient le signal pour se déployer, prêtes à capter le vent nocturne et à emporter l'équipage vers le sud. Le pont était large, offrant un espace suffisant pour accueillir à la fois les voyageurs et la cargaison.

Le coût des billets avait été exorbitant. Raek ne conservait plus que quelques pièces de bronze, cliquetant misérablement dans sa bourse désormais légère. Pourtant, malgré ce sacrifice, ni Eldaya ni lui ne regrettaient leur décision. Le gain de temps était précieux, et chaque instant les rapprochait de leur objectif.

Sur le pont, une poignée de voyageurs attendait en silence. Il y avait des marchands, leurs visages marqués par des années de négoce, et des soldats au regard vigilant, toujours sur le qui-vive. Quelques mercenaires, aux armures usées et aux armes bien entretenues, complétaient ce tableau hétéroclite. Mais personne ne parlait. Chacun semblait perdu dans ses pensées, contemplant l'horizon noir où la mer se confondait avec le ciel.

Le capitaine fit son apparition. C'était un homme imposant, grand et trapu, avec une carrure qui témoignait d'années de dur labeur. Ses cheveux, autrefois peut-être d'un noir de jais, étaient maintenant grisonnants, et son visage portait les traces de nombreuses batailles, des cicatrices gravant son histoire dans sa peau. Malgré son âge, ses yeux brillaient d'une vivacité indéniable, et il n'y avait aucun doute qu'il était maître à bord.

« Préparez-vous ! » lança-t-il d'une voix grave qui résonna sur le pont comme un coup de tonnerre. « Nous levons l'ancre dans quelques instants. »

Un silence encore plus profond suivit ses paroles, comme si tous les cœurs s'étaient synchronisés avec le rythme de la mer. Les marins se mirent en mouvement, dégourdissant leurs muscles et déliant les cordages, tandis que les grandes voiles se déployaient enfin, capturant le vent frais du large. Dans un grincement sourd, le navire se mit lentement en mouvement, quittant le port et se glissant dans les ténèbres de la nuit.

Eldaya se retira sur le côté du pont, cherchant un endroit tranquille où elle pourrait s'installer. Elle trouva un coin près de quelques tonneaux, à l'abri du vent. La mer, noire comme de l'encre, se mouvait doucement autour d'eux, et le clapotis des vagues contre la coque du navire apportait une étrange sérénité. Eldaya s'assit et ferma les yeux, espérant trouver un peu de répit avant que l'aube ne se lève.

Mais le sommeil, loin d'être réparateur, fut agité et plein de visions troublantes. Une fois encore, elle se réveilla en sursaut, le cœur battant à tout rompre. Mais cette fois-ci, ce n'était pas une main qui enserrait son cou, mais une sensation étrange émanant de la bague qu'elle avait achetée plus tôt. Une chaleur inhabituelle irradiait du bijou, se répandant dans ses doigts et remontant le long de son bras.

Elle toucha la bague de son autre main, cherchant à comprendre ce qui se passait, lorsqu'une lumière argentée jaillit soudainement du bijou. Dans un éclat presque éthéré, une chouette majestueuse se matérialisa devant elle, projetée de l'artefact comme un rêve devenu réalité. L'oiseau ne resta pas longtemps près d'elle, s'élevant rapidement dans les airs et disparaissant dans la nuit, ses ailes battant silencieusement.

Eldaya regarda sa bague, désormais faiblement illuminée. Elle pouvait presque sentir les battements du cœur de la chouette à travers le bijou, chaque pulsation envoyant une vague de chaleur dans ses veines. Une compréhension intuitive s'installa en elle : la chouette et la bague étaient liées, leur essence fusionnée par la magie ancienne de l'Animancie, une magie oubliée depuis longtemps.

Soudain, sa vision changea. Elle ne voyait plus le pont du navire depuis sa propre perspective, mais depuis les cieux. La mer s'étendait sous elle, sombre et infinie, et le bateau n'était plus qu'un petit point avançant lentement sur les flots. Elle pouvait se voir elle-même, assise près du tonneau, et Raek à quelques mètres, ses traits tendus par la fatigue et la vigilance. C'était comme si elle partageait les yeux de la chouette, explorant le monde à travers les sens de l'animal.

Mais l'effort fut trop grand. Sa vision bascula brutalement, revenant à sa perspective humaine, et une vague de vertige l'envahit. Ses forces la quittèrent, et avant même de pouvoir appeler Raek, elle s'effondra sur le pont, inconsciente, emportée par l'épuisement et l'étrangeté de la magie qu'elle venait de découvrir. Le navire continuait de fendre les flots, indifférent à ce qui venait de se produire, tandis que l'aube commençait lentement à percer l'obscurité, apportant avec elle de nouveaux défis et de nouvelles révélations.

Partie 1 : AstromancieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant