16. Amour Incertain

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Lorsque je me réveillai, le soleil était dans le haut, se faufilant sous mes rideaux et projetant doucement une lumière dans ma chambre. Paresseusement étendu, je frottais les couvertures fraîches contre ma peau. Pour une fois, je devais me permettre de dormir tard. Dernièrement, j’ai été épuisé – entre la vie dans ce nouvel endroit, les entrevues constantes et les souvenirs douloureux. Mais ce matin; ce matin, il n’y a rien d’autre que de la paix et du calme. Je restai un moment allongée, observant les motifs délicats que la lumière dessinait sur le plafond. Mon esprit vagabondait, encore enveloppé par le confort de ce refuge qu’Alex nous avait offert.

Finalement, je me résignai à quitter la chaleur réconfortante de mon lit. Mes pieds nus touchèrent le sol en bois, et je me dirigeai lentement vers la grande baie vitrée qui dominait ma chambre. Tirant les rideaux de côté, je fus accueillie par une vue imprenable sur l’extérieur. La piscine scintillait sous le soleil éclatant, ses eaux claires renvoyant des reflets bleutés qui dansaient sur les murs. Et c’est alors que je le vis. Aaron. Il sortait de l'eau, sa silhouette se découpant magnifiquement contre la lumière du jour. Mon souffle se bloqua un instant dans ma gorge. Là, devant moi, se tenait une vision presque irréelle, comme un tableau vivant, une œuvre d'art en mouvement.

Aaron avait toujours été beau, c’était indéniable. Mais là, à cet instant précis, il était bien plus que cela. Il était tout simplement époustouflant. L’eau glissait le long de son corps, accentuant chaque courbe, chaque muscle, comme si elle voulait elle-même caresser la perfection de sa peau. Ses cheveux, encore humides, laissaient des gouttelettes tomber sur ses épaules larges et puissantes. Chaque pas qu’il faisait en sortant de la piscine était empreint d'une grâce naturelle, presque animale, et je ne pouvais m’empêcher de suivre chacun de ses mouvements, fascinée. Mon regard fut inévitablement attiré par son torse, où un tatouage complexe s'étalait, s'enroulant autour de sa peau comme une seconde nature. Deux serpents, magnifiquement réalisés en nuances de gris, se faisaient face, prêts à se mordre mutuellement la queue. Le détail de l’œuvre était saisissant : les écailles des serpents étaient finement gravées, chaque courbe, chaque ombre donnant l’illusion que les créatures étaient presque vivantes, comme si elles allaient se détacher de son corps d’un moment à l’autre.

Les serpents semblaient s’enrouler autour de son torse comme pour en souligner la force et la symétrie. Leur regard perçant, presque hypnotique, ajoutait une dimension mystérieuse à l’ensemble, comme si ces créatures symbolisaient quelque chose de plus profond, de plus primal. La position des serpents, prêts à se mordre la queue, évoquait le symbole de l’Ouroboros, un ancien emblème représentant l’éternel cycle de la vie, de la mort et de la renaissance. C'était un rappel poignant de la complexité d’Aaron, de ses forces et de ses faiblesses, de son passé et de son avenir. Je ne pouvais détacher mes yeux de lui. Chaque détail de son corps semblait taillé dans le marbre, chaque muscle étant une preuve vivante de sa force intérieure et extérieure. Mais ce n'était pas seulement sa beauté physique qui me captivait. Il y avait aussi cette aura, ce charisme silencieux qu’il dégageait. Une sorte de puissance tranquille qui me fascinait, me captivait, me submergeait.

Aaron ne semblait pas avoir conscience de l’effet qu’il avait sur moi. Peut-être était-ce mieux ainsi. Je me sentais presque coupable de le regarder avec une telle intensité, mais il était difficile de détourner le regard. Mon esprit vagabondait malgré moi, imaginant la chaleur de sa peau contre la mienne, la force de ses bras m’entourant. Je réalisai alors à quel point mes sentiments pour lui étaient devenus difficiles, mêlant admiration, désir, et quelque chose de plus profond... de plus effrayant : une affection sincère, une tendresse que je ne m'étais pas autorisée à ressentir depuis longtemps. Ces derniers jours, je m’étais surprise à penser à lui bien plus que je n’aurais voulu l’admettre. La nuit, lorsque je fermais les yeux, c'était son visage que je voyais, son sourire en coin, ses yeux d'un vert profond qui semblaient toujours percevoir plus que ce que je disais. Et les paroles de Raphaël revenaient sans cesse dans mon esprit, murmurant comme une vérité que je refusais d’accepter.

L'Emprise Des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant