L'Emprise Des Ténèbres

19. Harmonie Brisée

La nuit était calme, seulement troublée par le léger bruissement des feuilles et le chant lointain des grillons. Je m’étais tournée et retournée dans mon lit pendant des heures, incapable de trouver le sommeil. Les événements de la journée, surtout ce baiser inattendu, me hantaient. Je ne pouvais chasser de mon esprit la sensation de ses lèvres sur les miennes, la tension palpable entre nous.
Finalement, je me levai, espérant que l’air frais pourrait apaiser mes pensées tourmentées. Je m’approchai de la baie vitrée et ouvris doucement les portes, laissant la brise nocturne envahir ma chambre. Je sortis sur le balcon, savourant la tranquillité de la nuit, mais mon cœur manqua un battement lorsque je le vis.

Aaron se tenait sur le balcon adjacent, une cigarette entre les doigts. La lumière vacillante de la lune dessinait les contours de son visage, lui donnant une allure encore plus énigmatique. Il ne portait qu’un simple pantalon, son torse nu révélant ce tatouage complexe que j’avais observé plus tôt, les deux serpents s’enroulant sur sa peau avec une perfection déconcertante.

Je restai immobile, fascinée malgré moi par la silhouette de cet homme qui parvenait à faire naître en moi des émotions contradictoires. Il leva les yeux et nos regards se croisèrent, un éclair de surprise traversant ses traits avant qu’il ne reprenne son expression impénétrable. Un instant, j’eus envie de lui parler, de rompre ce silence tendu entre nous, mais quelque chose m’en empêcha. Au lieu de ça, je me retournai rapidement, mes cheveux balayant mon visage alors que je rentrai à l’intérieur, essayant de retrouver un semblant de calme. Je me dirigeai vers le miroir, tentant de réarranger mes cheveux, mais mes mains tremblaient légèrement sous l’effet des émotions que je m’efforçais de contenir. Soudain, un léger bruit derrière moi me fit sursauter. Je levai les yeux vers le reflet dans le miroir, mon cœur s’accélérant en voyant Aaron se tenir là, sur le balcon, à quelques pas de moi. Comment est-il arrivé ici ? Pensai-je, une panique sourde montant en moi. Il entra dans la chambre, fermant doucement la porte du balcon derrière lui. Ses yeux sombres étaient fixés sur moi, et je sentis mon souffle se couper. Il avançait lentement, presque prudemment, comme s’il avait peur de briser quelque chose de fragile entre nous.

- Jenna... commença-t-il, sa voix basse résonnant dans le silence de la pièce. Je voulais m'excuser. J’ai été un idiot plus tôt. Je n’aurais pas dû dire ce que j’ai dit. C’est juste que-

Je ne lui laissai pas le temps de finir. Un élan soudain, une impulsion que je ne pouvais réprimer, m'envahit.

- Tais-toi et embrasse-moi, lui ordonnai-je d’une voix plus ferme que je ne l’aurais cru possible.

Le temps sembla s’arrêter un instant. Le choc passa dans ses yeux, suivi par une lueur d’intensité que je ne lui avais encore jamais vue. Et puis, avant que je ne puisse réfléchir davantage, je fis le premier pas, franchissant la distance qui nous séparait. Mes lèvres trouvèrent les siennes, un baiser d'abord hésitant, empli de la tension accumulée depuis des jours. Mais rapidement, il répondit avec une ardeur qui me laissa sans souffle, m’enveloppant de ses bras comme s’il craignait que je lui échappe. Le monde entier sembla s’évanouir autour de nous. Il n’y avait plus que lui et moi, mes mains glissèrent dans ses cheveux tandis qu’il approfondissait le baiser, ses lèvres explorant les miennes avec une passion brute.

Chaque geste, chaque toucher exprimait ce que ni l’un ni l’autre n’avait osé dire à voix haute. C’était comme si ce baiser contenait tout ce que nous avions refoulé, tous les conflits, toutes les émotions contradictoires qui nous avaient consumés depuis que nous nous étions rencontrés. Je me laissai emporter par ce tourbillon de sensations, oubliant tout sauf la chaleur de son corps contre le mien, la manière dont il me tenait, comme si je comptais plus que tout. Ce baiser n’avait rien de doux, mais tout de nécessaire, comme une évidence enfin admise.