Printemps - Résidence de l'équipe, 3h30

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Résidence de l'équipe, 3h30

Alors que je me réveille en sursaut, trempée de sueur, la nuit est déjà bien tombée. Je me penche pour récupérer mon téléphone portable sur la table de nuit : il est 3h30 du matin. Cela fait déjà une journée que j'ai survécu au drame.

J'ai plusieurs appels manqués de Gaïa, ma meilleure amie et boss, deux de Tim, mon sous-directeur, et un de Daniel, mon chauffeur. Dans ma messagerie, Gaïa me demande de la rappeler dès que j'en ai l'occasion et Tim ainsi que Daniel me signalent avoir eu Gaïa au téléphone quant à ma situation et m'affirment leur soutien.

Les actualités content la fusillade sans jamais parler de ma survie ou de l'enlèvement de Dustin. Ces informations n'ont sûrement pas été révélées par la police en conférence de presse et de leur côté, étant arrivés trop tard et en l'absence de témoin, les journalistes n'ont rien à se mettre sous la dent à part des images du travail de la police ou de l'évacuation des blessés que les secours ont tentés, en vain, de sauver.

Je me laisse tomber quelques secondes sur l'oreiller, fermant les yeux, priant intérieurement pour me rendormir à jamais. Je repense quelques secondes aux événements de la veille et l'odeur du sang revient se coller dans mes narines, jusqu'au fond de ma gorge.

Il me faut un verre.

Je tire sèchement la couette à l'autre bout du lit et me lève, enfilant une paire de pantoufles au passage. Je passe un sweat tout en longeant le couloir de l'étage pour atteindre les escaliers que je descends lentement, téléphone allumé à la main, pour éviter de me casser la figure.

Je remarque qu'une pièce est allumée au rez-de-chaussée et me dirige vers celle-ci, intriguée. Je me retrouve face à Ilan, assis sur un tabouret de bar, penché sur le plan de travail de la cuisine, les yeux rivés sur son ordinateur.

Je me racle doucement la gorge pour ne pas le faire sursauter :

Salut.

Il tourne vivement la tête vers moi, probablement surpris d'être interrompu à cette heure de la nuit :

Tiens, bonsoir Lana, tu ne dors pas ? S'étonne-t-il, me fixant de ses grands yeux noirs.

Oh bah je dormais mais je me suis réveillée il y a quelques minutes... Et ça fait 24h alors... Bref, c'est compliqué de se rendormir. Et toi tu ne dors pas ?

Ilan se lève et me tire le tabouret à côté du sien pour m'inciter à m'asseoir, ce que je fais, puis il se dirige vers le four qu'il allume. S'adossant à côté de celui-ci , il me répond :

Non, je suis insomniaque. Je dors très peu et généralement en journée. Et puis ma copine habite à l'autre bout du monde, en Allemagne, alors ça me profite puis ce que ça nous permet de nous appeler.

- Oh mince, tu veux que je m'en aille peut-être ? Histoire de vous laisser tranquille !

Je bouge brusquement pour me lever et sortir de la pièce mais il m'arrête d'un geste de la main en souriant.

Non ne t'inquiète pas, elle n'aura pas fini de travailler avant quelques heures. Et puis si j'ai envie d'intimité je vais dans ma chambre, les pièces sont très bien isolées je n'ai pas de soucis pour discuter avec elle en pleine nuit. Reste un peu.

Je lui rends son sourire et acquiesce d'un signe de tête, il renchérit :

Tu bois quelque chose ?

Je remercie intérieurement le ciel qu'il me pose la question, ça m'évitera d'aller ouvrir une bouteille toute seule devant lui et de passer pour une alcoolique – que je suis probablement d'ailleurs.

La Protégée [ L'intégral ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant