La Protégée [ L'intégral ]

Printemps - Localisation inconnue, 15h00

Localisation Inconnue, 15h00

J'observe le paysage défiler, la tête appuyée contre la vitre de la voiture.

Je soupire profondément en repensant à ma vie d'avant. Chaque heure qui s'écoule me fait un peu plus regretter l'ignorance.

Il y a encore une semaine j'étais persuadée que Neven était l'homme parfait et que je me devais d'assurer ma carrière pour le rendre fier de moi, même si la trajectoire que j'ai prise n'est pas forcément celle qu'il aurait voulu.

Aujourd'hui, je doute même de sa sincérité concernant son amour pour moi.

Je tourne discrètement la tête vers la gauche : Neil se tient là, une main sur le volant et l'autre dans l'embrasure de la fenêtre ouverte, ses grands yeux verts rivés sur la route.

Après la discussion dans le salon, j'ai osé demander qu'il m'accompagne en ville voir Anne et il a accepté sans hésiter. Ne nous voilons pas la face : sûrement plus par pitié que par gentillesse.

Entre la situation étrange de la veille, le clash de ce matin, et les révélations de l'après-midi, un flot de larmes a fini par s'échapper.

Si j'avais été à sa place j'aurais fait la même chose que lui : tout accepter pourvu que la personne en face arrête de chouiner.

Une pensée interrompt ma réflexion : il faut que j'appelle Gaïa dès que je peux. Demain sûrement. Je ne me sens honnêtement pas la force pour avoir une longue et profonde discussion sur les événements récents aujourd'hui.

- J'interrogerais Gaïa concernant les Salvadore. Je soupire en me tournant vers Neil.

Il me jette un regard intrigué, fronçant les sourcils.

- Il se peut que je n'aie pas été à 100% honnête avec toi tu as raison. Je connais vraiment bien les Sawyer.

J'ai été à l'école avec Neven. Il était l'héritier de l'entreprise mais est décédé en même temps que son père.

J'ai connu Gaïa quand je me suis rapproché de Neven et on est devenue très copine. C'est pour ça que j'ai eu mon poste actuel alors que mes études ne me destinaient absolument pas à ce genre de travail.

Elle savait que le domaine me passionnait, que j'avais de fortes connaissances sur la culture littérature étrangère, particulièrement européenne, grâce à ma mère, et que j'avais été formé pour avoir de grosses responsabilités.

Personne n'est au courant parce que je souhaitais garder une certaine crédibilité. Bref, je lui demanderais ce qu'elle sait. On a confiance l'une en l'autre, je pense qu'elle me dira ce qu'il y a à savoir.

J'observe Neil qui reste silencieux à mes propos avant de réaliser qu'il s'engage dans un petit chemin le long des champs. Il finit par s'arrêter sur le bord de la route et par se détacher. Puis il se tourne vers moi, me sondant de ses prunelles émeraude.

- Bien. Continuons, tant que tu es là, à mettre les choses à plat. Finit-il par lâcher sur un ton froid.

Tu étais au courant concernant ce que je t'ai raconté tout à l'heure ?

Je réponds négativement de la tête, déstabilisée par son ton de voix.

- Bien. Ça explique l'état dans lequel tu t'es mis après mes propos...

Tu étais super proche de toute la petite famille, depuis la fac, mais tu te rends compte que tu n'étais au courant de rien du tout...

J'approuve sa réflexion, cette fois-ci en soupirant.