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L’adolescente avait froid, la tête embrumée et pour couronner le tout : la nausée. Quelle idée de dormir sur le sol… Sur le sol ? Oui, c’était sa seule certitude. Elle était étendue sur un sol dans une noirceur opprimante. La jeune fille avait peur aussi. C’était incompréhensible ! 

Une mélodie monotone et continue n’allait pas vraiment avec le thème du rêve et la ramena peu à peu à la surface.

– Mais, c’est quoi ce délire subconscient ? se questionna-t-elle, non inquiète, juste intriguée.

Elle scruta ses mains à la recherche de ce quelque chose pouvant signifier que ce qu’elle avait vu était vrai. Rien, pourtant, ne se désigna, elle était toujours en pyjama au fond de son lit et son réveil avait sonné depuis un petit moment déjà.

– Maudit mercredi, marmonna-t-elle en se tirant du lit. 

Les mercredis de semaine impaire étaient de loin les pires, à égalité avec ses mardis de toutes les semaines. La fatigue était visible sur son visage ce matin-là. Un peu plus chaque jour des cernes se marquaient sous ses yeux. Habillée, coiffée et sur le point de partir, l’adolescente fut interrompue dans son mouvement d’attrapage de sac.

– Passe une bonne journée ma chérie, chantonna sa Maman en déposant un baiser sur les cheveux de sa fille.

Myla avait l’air déjà de bon matin, d’avoir mangé une dose de paillettes et d’arc-en-ciel, ce qui contrastait avec la fatigue et l’humeur ronchonneuse de Julie. 

– On verra bien, dit-elle en soupirant, un sourire en coin, peu convaincue elle-même, mais sa mère avait un irrésistible sourire communicatif. 

– Je ferai de mon mieux pour que ça se passe bien, ajouta Julie, autant pour elle que pour sa mère.

Il était temps qu’elle arrive à la station de bus, le chauffeur n’était pas du style à attendre. Pipelette, Noémie spéculait sur lequel des quatre éléments allaient trouver les filles, en ce mercredi. 

– Moi, j’aimerais trop trouver du feu, pas toi ? Ce serait tellement bien ! La terre n’a pas grand chose d'intéressant de toute façon. Ma couleur préférée est le orange et ça correspond aussi à mon élément préféré.

Julie laissa Noémie lui faire la conversation. Elle se sentait impolie de ne rien pouvoir ajouter, mais que pouvait-elle ajouter d’autres ? “Je ne t’ai pas dit, j’ai découvert que j’avais une imagination débordante et horrifique. Moi, ça m’atteint pas, mais j’ai l’impression que je devrai y prêter plus d’importance…” Ce n’était pas très intéressant et elle ne souhaitait pas non plus surenchérir à propos du feu.

L’adolescente écouta son amie tout le long du trajet, Noémie était super excitée pour la prochaine découverte. Julie essayait juste de rester éveillée avec sa tête reposée sur le dossier du fauteuil de bus. Après les soubresauts de sa tête à chaque dos-d’âne et une fois que le bus fut arrêté devant le collège, les jeunes filles rejoignirent le grand établissement blanc aux multiples fenêtres.

Elles passèrent vite fait à leurs casiers respectifs avant d’aller en cours. Noémie mît un temps record à récupérer ses affaires.

– Alors ? Alors ? Alors ? Dis moi tout !

Sur son excitation de la trouvaille, elle ferma les yeux, glissa un doigt sur ses lèvres (comme elle le faisait habituellement pour réfléchir) et mimait sa réflexion exagérément. Elle dit en ouvrant une paupière :

– Du feu ?

– Pour le coup… Non, Noémie. Il n’y a rien aujourd'hui.

Julie avait face à elle un casier contenant que deux bouteilles qu’elle avait auparavant reçues. Elle n’avait aucun cahier carbonisé ni de pot de terre ce jour-là. Ce mercredi promettait d’être bien. 

Normale Où les histoires vivent. Découvrez maintenant