Normale

11

“Comment pouvait-elle voir à travers les yeux de Tim ?”

Julie plaça cette interrogation dans sa boîte à “Questions beaucoup trop nombreuses auxquelles il faut trouver pour chacune une réponse” à laquelle elle retournerait plus tard, quand elle aurait un peu de temps.

 Il avait des cheveux plus longs que ceux de Jake et plus clairs aussi, ainsi que poussiéreux et gras après avoir passé une semaine dans un grenier. Elle se plaça à sa droite et essaya de dégager ses poignets pourpres, coincés derrière son dos, le plus doucement possible. Il se réveilla en sursaut et heureusement que Jake lui plaqua sa main sur la bouche car sinon il aurait poussé le cris qui aurait tout fichu de A à Z. 

– Reste calme, murmura-t-elle du bout des lèvres. Nous allons te sortir d’ici mais jure moi de ne pas faire de bruit, Tim. 

Il bougea légèrement la tête en signe d’approbation alors Jake relâcha son emprise sur lui. Elle sortit son couteau de sa poche droite, qu’elle déplia. 

– Tu avais ça sur toi depuis tout ce temps ? interrogea Jake, les sourcils légèrement froncés.

– Excuse-moi d’être prévoyante, ironisa-t-elle. C’était au cas où je rencontrerais quelqu’un… 

– Je peux donc m’estimer chanceux… la coupa-t-il.

Oui, c’était le cas, il pouvait même être reconnaissant mais bon… Dès le début, elle n’avait aucune peur à son égard et elle ne se méfiait plus trop de lui, il l’avait bien aidé quand il l’avait rattrapé. 

Tim avait des yeux livides marron, dans la même teinte que ceux de Julie, avec la peur en plus dans le regard. Il avait vraiment une mine affreuse, il avait dû être sous alimenté, déshydraté et était blanc comme un linge. Elle coupa toutes les cordes du prisonnier d’un coup sec.

– Tout va bien ? 

Non clairement tout n’allait pas bien quand on s’est fait capturer, droguer et fait prisonnier toute une semaine. La question était bête mais il acquiesça quand même en massant ses poignets meurtris.

Julie attrapa un de ses poignets et essaya de prendre le pouls du prisonnier pour voir s’il était plutôt régulier. 

– Je peux utiliser mon hydrokinésie sur lui ? demanda Jake qui commençait déjà à récupérer les gouttelettes d’humidité dans l’air ambiant.

– Oui, tu peux, lui accorda-t-elle, curieuse de le revoir manipuler l’eau. 

L’adolescente avait le regard scotché à la sphère d’eau qui se créait au-dessus de la main de Jake. Il la plaça sur le front de Tim.

– Tiens ? C’est bizarre… Toute l’eau reste à la surface de sa peau…

– Elle est censée pénétrer ? questionna la jeune fille, sans cacher son admiration. 

– Oui, sa gorge doit être aussi sèche qu’un désert… Je ne pense pas qu’on lui ait beaucoup donner à boire vu son état de déshydratation. 

Puis il détourna ses yeux pour les poser sur la main de Julie, enlacée autour du poignet de Tim De Solas, qu’elle lâcha par la suite au cas où.... Elle n’aurait peut-être pas dû lui presser la main aussi fort vu qu’elle avait désormais l’extrémité de ses doigts rouges. L’adolescent reporta ensuite son regard énigmatique dans celui de Julie. Pendant que les secondes passaient, Jake continuait de regarder Julie dans le blanc des yeux comme si les siens cachaient tous les secrets du monde. La jeune fille soutient son regard qu’elle écarta après y avoir décelé chaque nuance de bleu : d’un bleu cobalt profond au contour de l’iris et au bord de la pupille, dispersées en cristaux épars, et sinon c’était des nuances plus ou moins foncées de bleu clair.