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Elle fit quelques tours de sa chambre, pour mieux réfléchir, mais sa décision était déjà prise. Elle y allait. C’était exactement la septième nuit que passait Tim captif. Dans le futur, la jeune fille ne supporterait pas de savoir qu’elle aurait pu l’aider et de ne pas l’avoir fait. Les recherches de la police n’étant pas approfondies, ayant fait choux blanc, aucun indice n’avait été trouvé. Elle se trouvait en possession de toutes les informations et avait désormais la possibilité de lui porter secours.

Elle fourra toutes les affaires recueillies la semaine précédente dans la sacoche et enfila son pull à capuche noire par dessus un tee-shirt sans manche, blanc et sans col, sûrement un des rares de sa penderie. Julie se regarda dans la glace accrochée derrière sa porte, elle était habillée de la tête au pieds toute en noir. Elle décida de se changer, histoire de ne pas attirer l’attention de son frère quand elle sortirait, cette fois-ci, pas habillée en voleuse qui va braquer une banque. Elle hésita trois secondes avant d’attraper le couteau repliable qui était posé sur son bureau à côté de ses carnets. Parfois, elle prenait les branches tombées du cerisier du jardin pour les taillées avec celui-ci. Le couteau avait un manche en bois d’olivier pâle et les initiales de Julie Lynn y étaient gravées, il était plutôt beau. Elle espéra tout de même ne pas avoir à s’en servir mais comme “on n’est jamais trop prudent”, elle le fourra dans la poche arrière de son pantalon. Après un dernier petit coup d'œil au miroir, elle était prête. Elle portait par-dessus son tee-shirt à manches courtes un gilet couleur vieux rose et une veste en jean bleu foncé, comme sa tâche sous l’oreille gauche. La tâche était visible du fait qu’elle ne portait pas de col, mais personne n’aurait l’occasion de la voir en pleine nuit, même si elle faisait la taille d’une pièce de cinquante centimes. Elle remonta sa capuche sur sa tête. La jeune fille descendit les escaliers à pas de loup, les lumières du salon étaient éteintes. “Ulysse doit être dans sa chambre”, se dit-elle. Elle attrapa les clés de la maison, sortit et referma la porte derrière elle. 

– Ahhhh, punaise ! Tu m’as fait peur, s’écria-t-elle en jetant un regard noir à son frère après avoir frôler la crise cardiaque, dont elle ne distinguait, à peine, la silhouette dans le noir.

– Pardon, je pensais que tu étais couchée. Que fais-tu dehors ? s’enquit-il en passant une main dans ses cheveux parfaitement coiffés.

– Je te retourne la question, répondit-elle, histoire de gagner un peu de temps pour préparer son mensonge. Alors ?

– Je vais à une soirée chez des amis, je ne pense pas être de retour avant minuit, et toi ? répondit-il d’un air gêné.

– Euh, pareil… Je serais de retour avant toi, je pense. 

– Tu vas à des soirées, toi ? dit-il en se moquant d’elle.

– Pardon ? Tu te fiches de moi ?

Elle avait failli le frapper en sortant de la maison, une minute plus tôt, dans le noir, et elle aurait peut-être dû le faire d’ailleurs. Tu as envoyé un message à Maman ?

– Oui, j’ai dit que tu étais couchée, et que je lisais sur le canapé.

– Tu sais lire, toi ? interrogea-t-elle, avec un sourire au lèvres sur le même ton taquin qu'utilisait son frère à longueur de journée.

– J’adore quand je déteins sur toi, mais tu perds rien pour attendre.  Je suis pressé… À plus tard ! 

Il se retourna et partit à grand pas.

Elle suivit du regard son frère qui tournait à droite au bout de la rue. La petite brune vérifia qu’elle n’avait pas oublié son téléphone chez elle et qu’il était bien dans sa poche gauche. Elle sortit ensuite la carte et la boussole de la sacoche. La jeune fille traça son trajet avec son doigt sur la carte. Elle l’estima d’environ trente minutes de marche, si elle se dépêchait elle en aurait peut-être pour moins mais elle ne pouvait plus espérer être à l’heure du rendez-vous qui était à dix-neuf heure ; il était déjà dix-neuf heures trente. Elle leva la tête vers le ciel, elle avait environ une demi-heure avant que ce soit le noir complet sur toute la valée.

– Allo ? appela-t-elle son amie, pendant qu’elle marchait, à travers les écouteurs de son téléphone.

– Julie ! Alors, que fais-tu ?

– Je suis sur le chemin pour aller chercher Tim.

– Ok, reste prudente surtout. Anxieuse ?

– Un peu, mais ça va aller, je reste sur mes gardes et si ça dérape, j’ai juste à rentrer.

Il y avait bien sûr l’éventualité que tout soit un énorme piège et elle préférait s’attendre au pire pour ne pas être prise au dépourvu, même si cela revenait à augmenter la vitesse de ses pulsations cardiaques.

Elle tourna ensuite à gauche au bout de la rue, elle approchait de la forêt. La jeune adolescente avait décidé de marcher tout le long des quartiers qui longeait la forêt pour pouvoir rentrer dans les bois Nightingale au moment venu. Elle pressa le pas autant pour se dépêcher que pour se détendre.

– Et toi, le Portugal ? Comment ça se passe ?

– C’est super sympa ! Les plages sont magnifiques, tout comme les portugais. C’est bien dommage que je ne sache pas parler le portugais.

– Les portuguais parlent-ils un peu espagnol ? 

– Oui mieux que l’anglais. J’ai trouvé des tissus incroyables à Lisbonne.

La passion de Noémie était la couture et elle était d’ailleurs particulièrement douée, elle créait la plupart de ses habits et n'hésitait pas à en faire profiter son amie.

Déjà plus détendue qu’au départ, elle salua son amie et raccrocha. Elle entrait dans la forêt et n’avait déjà plus de connection. Il était déjà cinquante à sa montre mais elle avait réussi à terminer le parcours en moins de temps que prévu. Elle attrapa le bout de bois long comme son bras, adossé à la pancarte qui pointait vers la droite dans les bois. Le bois, complètement pourri et recouvert de mousse, indiquait “Forêt Nightingale”. Le ciel était d’un bleu foncé, la lumière était moindre mais elle pouvait distinguer les formes grandes et élancées des arbres. Elle commença à s’enfoncer dans la pénombre de la forêt entre les arbres, lierres et buissons. Julie marchait à pas de loup dans le noir et essayait de suivre le sentier de terre qui menait vers sa destination. Le chemin était de plus en plus humide et la luminosité était peu élevée, la jeune fille était à présent à la moitié du trajet et dans l'obscurité, elle entendit un craquement de branche.

Soudainement, elle se retourna brusquement et envoya de toutes ses forces le bout de bois qu’elle tenait à bout de bras, en face d’elle, à la verticale, en priant pour que ce soit juste un peu de vent, ou une branche qui venait de tomber. Mais non… 

by running2thedaylight

Normale Où les histoires vivent. Découvrez maintenant