9-1-1 : Combien de fois devras-tu fuir ?

Chapitre 4 : Rendez-vous

Ils vont faire du canoë, comme promis. Malheureusement, Buck est incapable de tenir une conversation, car la majeure partie de sa capacité mentale est accaparée par les bras d'Eddie – au moment où il a retroussé les manches de son Henley, Buck a fait ses adieux à toute conversation intelligente.

Quand Eddie finit par poser sa rame, Buck est captivé par le spectacle qui les entoure. L'eau est calme, vide, à part eux deux, les arbres semblent avoir été peints sur un ciel bleu sans nuages. C'est comme s'ils pouvaient être les deux seules personnes sur Terre.

« C'est magnifique » murmure Buck.

« C'est probablement mon endroit préféré au monde » dit Eddie. Il s'apprête à dire autre chose, mais ravale ses mots et contemple le paysage.

« Tu venais ici avec ta femme ? » demande Buck, lisant dans le silence. C'est une compétence qu'il a perfectionnée depuis bien plus longtemps qu'il ne le souhaiterait.

Eddie sourit et s'affaisse un peu. « Oui. » Il évite le regard de Buck.

« Est-ce que ça s'améliore ? Avec le temps ? »

Eddie passe une main dans ses cheveux et c'est au tour de Buck de détourner les yeux. « Ouais... au début, j'essayais d'éviter tous les endroits où nous étions allés ensemble. J'ai essayé d'oublier, de tout laisser derrière moi, de rester tourné vers l'avenir, mais ça n'a tout simplement pas fonctionné. Et j'ai réalisé que si je ne pensais pas à elle... qui le ferait ? »

Il soupire.

Buck attend.

« Elle ne méritait pas ça. C'était une femme incroyable et je l'aimais, malgré tous nos problèmes – et je veux que Chris la connaisse. »

Eddie reprend sa rame et commence à ramer, alors Buck fait de même, tout en continuant d'attendre.

« Nous allions divorcer » dit Eddie, les yeux fixés sur l'eau. « Nous n'en avions parlé à personne, même pas à Chris, mais ce n'était pas vraiment une question entre nous. Puis elle a reçu le diagnostic et il n'était plus nécessaire d'en parler – je n'allais pas la quitter à ce moment-là, dans cet état. »

Une pensée lui traverse l'esprit – qu'Edmundo Diaz peut transformer n'importe quoi en art, y compris le sacrifice – mais Buck ne dit rien. Ce n'est pas le genre de réflexion à laquelle Buck sait comment répondre. Il n'est même pas sûr de devoir le faire. Une goutte froide se pose sur la joue de Buck, et il lève les yeux instinctivement. « Tu as senti ça ? »

« Qu'est-ce que c'est ? » demande Eddie, puis touche son front et lève les yeux vers le ciel. « Merde. »

Ils commencent à ramer vers le rivage, mais l'averse les rattrape et ils sont trempés jusqu'aux os avant même d'être assez proches pour envisager de sortir. Ce n'est pas si mal, cependant – Eddie n'arrête pas de le regarder, et Buck ne peut s'empêcher de rire, et Eddie lui prend la main quand ils échouent le canoë et ne la lâche pas pendant qu'ils cherchent un abri pour échapper à la pluie.