Chapitre 55

111 7 3
                                    

- Je n'aime pas quand tu me regardes comme ça, me répondit alors Jungkook en se détachant légèrement.

Au fond de moi, je pense que Jungkook savait de quoi il en retournait. Cependant, les raisons pour lesquelles j'allais agir de la sorte, c'était incertain.

- Dors un peu, soupira-t-il.

- Mais c'est important.

- Repose-toi avant et on discutera plus tard.

Il se lève alors pour sortir de la chambre, me laissant ainsi seule avec ma peluche Cooky. Je la prends alors avant de la serrer fort contre moi. Je me rallonge et m'endors en quelques minutes à peine.

Ce n'est que vers 19h que mes yeux s'ouvrent. Je sentais encore l'effet du jet-lag mais cette longue sieste m'avait quand même permis de me remettre. Je reste quinze bonnes minutes dans le lit, afin de me réveiller tranquillement. Je passe ensuite dans la salle de bain me laver, après tout je n'ai pas pris de douche depuis mon départ de la France.

- Tokki, tu as pu te reposer ? Demanda Eomma en montant les escaliers.

- Pas encore assez visiblement, mais ça va.

- Les garçons sont en train de faire à manger, tu vas te laver ?

- Oui, tu as besoin de la salle de bain ?

- Je récupère juste le linge sale. Passe-moi les tiens en même temps.

Je laisse Eomma récupérer la bannette à linge avant de pénétrer dans la pièce pour me déshabiller. J'entrouvre ensuite la porte pour lui passer mes affaires avant de me diriger vers la douche. J'en profite pour me laver les cheveux, me débarrassant ainsi de tout microbe susceptible d'avoir été attrapée pendant le vol.

Je descends ensuite les escaliers, découvrant les deux hommes de la maison en train de s'afférer à la cuisine. Jungkook relève la tête vers moi quelques secondes avant de la baisser pour continuer sa découpe de légumes.

Nous passons, une bonne dizaine de minutes plus tard, à table.

- Alors ma chérie, raconte-nous un peu la France, dit Appa en se servant en riz.

- Appa tu sais je n'ai pas tout visité, hormis Paris et ses alentours. Enfin, les parents de Charline nous ont emmené une semaine en vacances à Fréjus en avril, dans le sud. C'était vraiment bien et il a fait beau !

Après le repas, j'ai branché mon téléphone sur la télévision afin de leur montrer les photos que j'avais prises, leur contant les anecdotes qui étaient associées. Jungkook n'arrêtait pas de me fixer, se concentrant uniquement sur moi et non sur les photos. Il arborait un regard indescriptible.

- Notre vie parait fade à côté de la tienne, rigola-t-elle.

- Finalement, la France, c'était une bonne idée, mais je t'avoue que je n'avais qu'une seule hâte, c'est que tu reviennes.

- Moi aussi je suis contente Appa, dis-je en m'approchant de lui pour lui faire un câlin.

- Jungkook, ça va mon chéri ? Tu as été silencieux toute la soirée.

Le concerné relève alors la tête de son téléphone pour regarder ma mère, avant de simplement hausser les épaules et de reporter son regard vers l'écran.

- La fatigue sûrement.

- C'est vrai qu'il est tard, tout le monde au lit, dit-il en m'embrassant le front avant de se relever.

Je salue alors tout le monde avant d'aller me brosser les dents. La porte s'ouvre puis se referme pour laisser place à un Jungkook, à présent adossé contre la porte, les bras croisés. Je croise son regard dans le miroir. Nous allions enfin avoir la fameuse discussion.

- Vas-y je t'écoute.

- M-Maintenant ?

- Oui, maintenant, envoya-t-il d'un ton autoritaire.

Je me sentais faible. De plus, l'aura dominante que Jungkook arrivait à m'envoyer à travers le miroir ne m'aidait en rien.

- Jusqu'au bout tu vas me rendre la vie dure. Arrête de faire la gamine un peu et-

- Voilà, exactement, je ne suis encore qu'une gamine Jungkook. Je ne peux pas me permettre de sortir avec un gars qui a quatre ans de plus, âgé de 20 ans qui plus est ! Lâchai-je d'un coup en me retournant vers lui.

Je reste un instant figée en prenant conscience que je venais de tout lui déballer. Il fronce alors les sourcils, son regard change tout en conservant cette dureté que je détestais tant.

- C'est bien ça alors... Myunghee tu ne peux pas t'arrêter qu'à ça.

Prise d'un élan de courage je m'avance vers lui, déterminée à bien lui balancer tout ce que j'avais actuellement sur le coeur.

- Tu veux que je continue, okay, alors premièrement, je suis mineure Jungkook et ça pendant encore trois longues années. Alors okay, peut-être que dans quelques années notre différence d'âge paraitra moins grande, mais là quatre ans c'est vraiment beaucoup.

- Tu t'inquiètes pour notre âge ? Demanda-t-il perdu, fronçant les sourcils.

- Non, il y a plus important. Je respire profondément. Jungkook, t'es mon putains de frère ! Comment tu penses que les parents vont réagir s'ils l'apprennent hun ? Okay Halabeoji et Halmeoni l'ont acceptée mais nos parents ?

- On leur en parle et c'est réglé.

- N'en mais t'es pas bien ! Jungkook, s'ils l'apprennent et qu'ils ne l'acceptent pas c'est pas toi qui aura des problèmes. Mais c'est moi ! C'est moi l'étrangère de la famille qui s'est fait adoptée, mon regard commençait à s'humidifier.

- Tu n'es pas étrangère, arrête...

- Ils me rejetteront Jungkook. Je craque. Ils me rejetteront de la même manière que mes parents biologiques l'ont fait, pleurai-je.

Bien que j'avais l'habitude de dire que mon adoption ne m'affectait pas, je prends petit à petit conscience qu'une part de moi regrette d'avoir été abandonnée par mes parents biologiques.

- Tokki..., commença-t-il, plus doux, en s'approchant de moi.

- Non Jungkook... Je ne veux pas de ça... et... je veux encore moins d'une relation secrète avec toi, finis-je en le contournant pour franchir la porte.

Je me dirige rapidement vers ma chambre avant de fermer la porte d'arrière moi, m'adossant sur cette dernière. Mes parents semblaient déjà couchés, plus aucun son ne sortait de la maison.

Une porte se ferme et des pas se dirige jusqu'à ma chambre.

- Tokki, ouvre-moi. Je mets ma main devant la bouche, m'empêchant de sortir un sanglot en entendant la voix désespérée de mon frère. S'il te plait. Myunghee... Je me faisais violence pour ne pas lui ouvrir. Okay... t'as gagné. Toi et moi... putains... en fait il n'y a aucun toi et moi, finit-il en descendant les marches avant de sortir de la maison.

Je me laisse alors glisser contre la porte, lâchant cette fois-ci une multitude de sanglots, étouffés par ma main afin de ne pas réveiller les parents. Cette dernière phrase m'avait compressé le coeur, au point où j'avais l'impression qu'il se brisait en mille morceaux. Cette nuit-là, je n'ai fait que pleurer, impossible de trouver le sommeil. Et ce qui m'inquiétais le plus, c'est que Jungkook n'est jamais rentré.

Blood Sweat & TearsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant