11. Escapade nocturne

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Chapitre 11
( 832 mots)

Avant la chute du mur Rose
Année inconnue
Capitale
PDV ???

Un vent frais secoue mes cheveux. A la lumière de la lune, ils se teintent d'une couleur grise. Les barreaux à ma fenêtre font ressembler ma chambre à une cellule de prison. Ils ont été installées lorsqu'un petit malin a sauté de la fenêtre du deuxième étage. Il est mort sur le coup, une de ses cotes a transpercé ses poumons.

Je suis au Foyer depuis mes... je ne sais pas. Je ne connais ni mon âge, ni ma date de naissance, ni même mon nom. Un père ? Je n'en ai pas. Une mère ? Je n'en ai pas.

La nuit a endormie toute la ville mais quelques lumières de bars agités subsistent. Une ambiance mystique règne dans les couloirs de l'orphelinat. Tout le monde l'appelle « Foyer ». Ça fait plus familiale, cache-misère. Tous les jours les adultes revêtissent un masque de bienveillance hypocrite. Ils attendent qu'on ai l'âge de travailler pour nous foutre dehors avec une dette à leur payer.

Ça marche comme ça ici : on est logé et nourri et le jour où on est apte à partir, ils nous jettent dehors. Puis on leur est redevable jusqu'à ce qu'on ai payé une caution de dédommagement. Plus on reste ici, plus là somme est lourde.

Mon corps a grandi vite et s'est forgé avec le peu qu'il avait. Une chance. Peut-être que je pourrai partir d'ici avant mes 15 ans.

J'ai prétexté une envie d'aller aux toilettes pour m'échapper du dortoir. Le bruit des respirations et des lits qui grincent était angoissant et le silence des couloirs m'apaisent.

Sans Will pour me tenir compagnie, la vie ici est infernale. Il s'est fait jeté en début de mois et malgré les semaines qui passent, l'envie de foncer tête la première dans un mur ne me quitte pas. C'était celui qui prenait soin de moi. Les adultes ne le font pas. Ils se foutent de nous. Tout ce qu'ils espèrent c'est qu'on reste envie pour les payer.

Notre éducation est faite de leçons que nous ont appris nos erreurs. Du haut de mes 13 ans, je sais hurler plus fort que la personne qui me hurle dessus, je sais quand on me ment, je sais reconnaître le bruit de pas, je sais me battre, je sais faire semblant de dormir, je sais voler, je sais cacher des choses, je sais marcher sans bruit, je sais tenir tête, je sais anticiper les réactions, et... bien plus.

Je m'avance à pas de loup vers les lavabos et en décroche un méticuleusement du mur. Il révèle un trou dans le mur, suffisamment large pour que j'y ai caché un couteau suisse. Je fais sauter le loquet d'une fenêtre. Celle des toilettes ne sont pas grillagées.

Me voilà dehors, dans la nuit fraîche. L'air me fouette le visage. Mes cheveux s'emmêlent. Mes chaussures en cuir souple tapent contre les pavés de la rue sombre. Je ne suis vêtu que d'une tunique légère mais le froid ne m'atteint pas.

Mais le rie est trop basse par rapport au ciel trop haut. La pierre sale ne me suffit pas et les toiles d'ardoise m'attirent bien plus.

Je saisis ma chance sur la devanture d'une maison. Je m'agrippe au lierre et accroche la gouttière. Comme un chat, je m'élance sur le toit dans une acrobatie douteuse. Mes doigts crochètent une prise sure. Je me hisse. Me voilà sur le toit.

D'ici la capitale est encore plus belle. Tout est plus beau d'en haut. La liberté s'offre à moi.

Je sautille sur les tuiles glissantes en direction d'autres toits. Je manque de tomber, me rattrape et continue à avancer. J'erre sans but et ça me plaît étrangement.

Par une fenêtre, j'aperçois un père fatigué. Il est avachi sur une table en bois. Ses enfants doivent dormir et lui a fini sa journée de travail. Mais il ne peut pas sortir faire la fête car demain sa routine reprendra. Il devra aller remplir sa bourse de pièce d'une labeur difficile. Tout ça pour ses enfants.

Je comprends pourquoi Maman m'a abandonné.

On m'a découvert un jour de mai. Le soleil se levait à peine quand une femme de ménage a aperçu un bébé sur le pas de la porte. Je n'avais pas de landau, seulement une grande cape rouge enroulé autours de mon corps frêle de bébé. Une odeur féminine m'enveloppait et quand elle disparaissait, je' hurlais jusqu'à ce qu'on me la rende. Alors les adultes de l'orphelinat ont fini par me la laisser.

Voilà tout ce dont j'ai hérité : des cheveux bruns parfois gris sous la lune, une grande cape rouge et l'envie de courir sur les toits en toute liberté.





















Hey ! Chapitre un peu spéciale et différent des autres. Je pense que si vous avez suivi les petits détails de l'histoire, vous avez reconnu la personne. J'ai envie de creuser un peu son histoire en parallèle de l'intrigue principale.^^
Merci de votre lecture !
Juju 🐢

Pleurer sous la pluie (T.2 SNK) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant