Jour 1 : Perdu en pleine mer.

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La chute fut plus courte que ce qu'il aurait cru. Nathan ne dégringola dans le ciel qu'une poignée de secondes avant de traverser durement la surface de l'eau. Il choc fut brutal, il s'enfonça dans l'océan comme une flèche. L'impact de l'eau et sa température l'assommèrent, mais la main qui tenait fermement la sangle du gilet de sauvetage tira aussitôt dessus, instinctivement. Le ballon jaune se gonfla autour de son buste et l'emporta vers l'air libre. Son visage creva la surface, lui permettant d'arracher une grande inspiration et de se stabiliser au milieu des vagues. Les flots s'agitaient chaotiquement autour de lui, le ballotaient sans retenue. Il se mit aussitôt à nager, se maintenant la tête hors de l'eau, avalant parfois d'écœurantes gorgées d'eau de mer. Il suivait la direction qu'avait pris l'avion, en espérant de tout son cœur ne pas se tromper, gardant la lune à sa droite comme repère. Une peur profonde l'animait et accélérait son cœur, a la pensée de ce que les abysses sous lui pouvaient cacher. Mais il ne pouvait laisser la panique s'emparer de lui, cela signerait son arrêt de mort.

Le sac dans son dos lui paraissait si lourd qu'il le tirait sous l'eau et il hésita à s'en débarrasser. « Non, notre maître ne nous l'a pas donné pour rien. » De terribles nuages sombre approchaient, le vent se levait, creusait les vagues. La nuit devenait de plus en plus sombre alors que la tempête menaçait. Il sentait le désespoir s'emparer de son cœur. Il était peut-être en plein milieu de la mer, sans espoir de terre ferme avant des heures de nage. Mais il continua. Chaque brasse affirmant un peu plus sa détermination. « Aller. Je n'abandonne pas. Je continue. Mètre après mètre. »

Après de longues minutes de nage, Nathan capta un changement dans le courant. Comme si l'océan se calmait, les vagues devenaient plus longues et l'emportait plus facilement. Il continua sa progression dans la même direction tout en essayant d'utiliser la force des vagues pour prendre de la hauteur et observer son environnement. Il crut voir une masse sombre sur l'horizon de l'eau, immobile, à des dizaines de mètres sur sa droite. Il vira dans cette direction, sans hésiter. Mais il se retrouva vite contre le courant qui le traînait sur le côté et il devait lutter face à lui. Mais après quelques longues minutes d'affrontement, il lui sembla traverser une barrière invisible. L'océan cessa tout combat contre lui et s'inversa pour l'emporter jusqu'à un banc de sable.

L'orage gronda tandis qu'il sortait de l'eau et progressait sur l'îlot. Il était minuscule, quelques dizaines de mètres de long, moitié moins de large. Et bien que la nuit fût d'encre, Nathan ne percevait pas le moindre obstacle devant lui : il n'y avait que du sable et rien d'autre. Il se tourna vers la direction dans laquelle il nageait, et où il estimait que l'avion avait continué sa chute. Au loin, dans des ténèbres plus profondes de ce qu'il devinait être la forme d'une île, le jeune homme voyait un brasier éphémère s'élever d'entre les arbres. Ephémère car un rideau de pluie cavalcadait droit sur lui pour en apaiser l'ardeur.

L'ombre de l'île disparut sous un torrent et l'averse s'abattit également sur Nathan une minute plus tard. Il s'installa au creux du sable, les genoux rabattus contre sa poitrine, ne pouvant rien faire d'autre qu'attendre que le ciel cesse de déverser ses larmes sur lui. Nager sous cette tempête pour tenter de rejoindre l'île, sans aucun repère, serait de la folie pure. Alors il attendit.

Il attendit en essayant de maintenir toutes ses pensées négatives sur l'événement terrible qu'il venait de vivre. Il n'arrivait pas à se résoudre à la disparition de son maître, pas de manière si brutale, pas ainsi... Il préféra se concentrer sur ce qui allait suivre, sur sa survie.

Les gouttes qui frappaient son crâne se transformèrent bientôt en milliers de coups, tels des insectes s'écrasant sur un pare-brise. Les minutes semblaient des heures et par moment, il perdait toute notion de temps. Il tremblait de froid et d'épuisement. Son corps se relâchait parfois, le temps d'une minute de somnolence. Puis il était ramené à la réalité, la dure réalité d'une pluie interminable qui le glaçait jusqu'à l'os.

Le SurvivantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant