Le Survivant

Jour 9 : Douleur

Il dormit mal. La douleur le réveillait souvent, saccadait son sommeil.Chaque mouvement relevait de l'épreuve, les rares fois où il quittait sacouchette, c'était pour les besoins primordiaux : boire, manger, toilettes ets'occuper de ses blessures. La morsure d'insecte n'était à première vue pasaffectée, il décida de laisser la blessure « respirer » et ne pas la bander.Les médicaments calmaient la douleur sans totalement l'occulter mais ill'assommait tellement que Nathan n'osait pas trop en prendre. L'air necirculait pas dans l'habitacle et la chaleur régnait à l'intérieur. Il suait alors qu'ilne bougeait presque pas. A moins que ce soit la fièvre qui s'en prenait à lui, cequi n'était pas bon signe. Il se sentait terriblement faible et épuisé, il passa sajournée à somnoler.Il resta alité ainsi deux jours. Voilà plus d'une semaine qu'il était coincésur cette île, il avait pourtant l'impression d'être arrivé hier. Il avait tentédurant ces jours de se concentrer sur les tâches concernant sa survie et derepousser toutes autres questions. La solitude n'avait jamais été aussiprésente, sûrement parce que dans l'impossibilité d'occuper son corps, et parconséquent son esprit, ce dernier vagabondait dans des questionnements qu'ilaurait aimé ignorer. La mystérieuse disparition des passagers était-elle liée à lamagie ? Le crash également ? Qu'est-ce que pouvait bien cacher cette île... Etcette amulette ? Il y avait sans aucune doute quelque chose de magique chezelle. Mais y avait-il un lien avec cette île ? Il tentait de chasser toutes cesquestions, mais elles revenaient sans cesse à l'esprit. Son Maître était-ilréellement mort ? Pourquoi une part de lui était persuadé du contraire ?Pourquoi une part de lui était persuadé qu'une menace autre que la viesauvage pesait sur lui ?« Respire Nathan. Ne pense qu'à ta respiration. Concentre-toi sur tesobjectifs prochains. Concentre-toi sur le calme qui t'environne et laisse-le entreren toi. Repousse tout ce chao et ne garde que le calme. Respire. »Il se rappela ses heures passées aux maniements des armes,notablement l'épée et le bouclier. Il se remémora tous ces gestes répétés desmilliers de fois au point d'en devenir des réflexes. Il s'imaginait dans sa salled'entraînement qui s'ouvrait sur un immense balcon, donnant lui-même sur lefleuve de l'Arno. Leur maison à Florence dominait toute la ville, offrant une vuesans pareil. Il se rappelait de la chaleur apaisée par un vent frais. De l'odeur desa demeure. Il se remémorait l'épée d'entraînement qui dansait devant sesyeux comme les mouvements hypnotique d'un charmeur de serpent.Son esprit s'enfonça lentement dans les pays des rêves.