𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟓

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Vancouver, Canada

Louis

Elle est immobile. Le visage déformé, elle semble pétrifiée au point de ne plus pouvoir respirer. L'incompréhension m'envahit, je suis de plus en plus décontenancé.

— Aylin, est-ce que ça va ? demandé-je en me rapprochant d'elle sans pour autant la toucher.

La musique continue de résonner dans la maison, les jeux de lumière avec les leds éclairent faiblement la pièce, l'ambiance devient pesante tout à coup. Soudain, c'est comme si le temps s'était ralenti.

Aylin n'a plus l'air d'être là. Je la vois en face de moi vêtue de son déguisement de sorcière avec son chapeau pointu, pourtant, c'est comme s'il n'y avait que son corps, on dirait que son esprit l'a quitté. On dirait une coquille vide. La panique commence à me submerger, chaque cellule de mon être est soumise à une angoisse grandissante.

— Aylin ! hurlé-je pour essayer de la sortir de cet état de léthargie. Écoute ma voix.

Ça ne fonctionne pas. Je suis désemparé. Le désespoir de n'être d'aucune utilité m'achève et me pèse. Est-ce que c'est encore de ma faute ?

« Tout est toujours de ta faute, Louis. Si seulement tu n'étais jamais née ».

Si seulement...

Arrête ça tout de suite, souffle la voix de Miller dans ma tête. S'apitoyer sur son sort n'a jamais aidé à régler un problème.

Oui. Il a raison. Mon regard dévie sur Alec et Lucas en pleine partie de bière-pong, Lucas observe Alec comme si c'était la dernière fois qu'il le voyait, quant à Alec, un sourire timide commence à se dessiner sur ses lèvres. Lui qui était si triste à notre arrivée, on peut dire que Lucas sait comment lui remonter le moral.

Mes yeux trouvent ensuite Malia et Alice, elles dansent en se frottant l'une contre l'autre, se fixant comme si elles étaient hypnotisées. Alice a même abandonné son verre d'alcool, c'est dire à quel point la danse doit être enivrante et captivante à elle seule.

Il n'y a que moi qui n'arrive pas à gérer ma partenaire. Je dois me réveiller. Tout de suite. J'avance vers Aylin et attrape ses bras. Ce que je m'apprête à faire n'est pas sympa, mais aux grands maux les grands moyens.

— Aylin ! Eh oh l'aveugle, c'est à toi que je parle, hurlé-je de toutes mes forces.

Son sourcil droit réagit, signe qu'elle m'entend. J'espère que ça va fonctionner.

Sache que je n'en pense pas un traître mot.

— Ou bien... ne me dis pas que tu es aussi sourde en plus d'être aveugle ? lancé-je de ce ton condescendant que Miller adore.

Cette fois, ses deux sourcils réagissent. Je continue d'effectuer de petites pressions sur ses bras afin de la faire réagir. En temps normal, j'aurais pu la gifler pour la sortir de ce mauvais pas, mais hors de question de toucher à une femme de la sorte. Surtout quand cette femme, c'est elle.

Abîmer son visage angélique me crèverait le cœur sur le champ. Enfin, ce qu'il en reste. Soudain, une idée horrible me vient à l'esprit. Cette altercation avait fait le tour de l'établissement le jour de la rentrée. La reproduire pourrait bien réveiller des souvenirs en elle. Je tends une de mes mains devant son visage et la secoue avec vivacité.

— Dit moi l'aveugle, j'ai combien de doigts là ?

Aucune réaction. Bon, je n'ai plus le choix, même si je ne compte pas aller jusqu'à la gifler, il faut une stimulation physique pour la faire émerger. Avec mes doigts, je pince alors son bras gauche.

BLINDLY [Sous contrat d'édition chez &H]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant