Le Double-Jeu ~ {Fanfiction Le Comte De Monte-Cristo}

Chapitre X : Monte-Cristo

Des yeux bleus vifs sous une capuche noire. Le visage masqué par un foulard. Si Adélaïde avait pu douter un instant de son identité, d'une chose, elle fut au moins sûre ; cet homme n'était pas le Comte.

- Qui êtes-vous ?

Pendant qu'elle parlait, elle étudiait rapidement les lieux autour d'elle. Un grand lustre à basse altitude emprisonnait la moitié de la pièce et séparait les deux adversaires. Il y avait au moins un obstacle entre l'inconnu et elle, avantage dérisoire. Adélaïde ne put retenir un mouvement impulsif vers sa ceinture, où devait initialement se trouver un petit poignard qu'elle gardait en permanence sur elle. Mais les nouveaux vêtements donnés par le Comte ne comportaient pas de fourreau, elle avait donc abandonné sa dague. Elle n'avait aucune arme. Les mâchoires serrées, elle reporta son attention sur l'inconnu, qui avançait à pas lents vers elle en faisant claquer son bâton dans ses mains.

- Donc vous ne parlez pas, marmonna-t-elle pour elle-même en s'efforçant de calmer les battements effrénés de son cœur, eh bien, à défauts de mots, je vous arracherai des cris !

Adélaïde ponctua sa phrase d'un vigoureux coup de pied dans le lustre, l'envoyant droit sur son interlocuteur. Ce dernier, visiblement surpris, fit un bond sur le côté. Puis il franchit d'une traite l'espace à présent dégagé qui le séparait de la jeune femme. Celle-ci rentra aussitôt la nuque et protégea sa tête de ses bras. Juste à temps ! L'homme lui envoya un coup brutal sur l'épaule avec son bâton, moins fort, néanmoins, que ce qu'elle avait craint. Or, Adélaïde possédait un avantage qui lui était propre : elle était particulièrement lourde. C'est pour cela que lorsqu'elle se jeta sur l'inconnu en le ceinturant à la taille, ce dernier tomba sans un cri sur le sol, emporté par son poids. À califourchon sur son adversaire, Adélaïde s'apprêtait déjà à le rouer de coups sans ménagement lorsqu'une vive lumière l'aveugla, suivie d'une voix qu'elle n'avait pas entendue depuis quatre ans.

- Ça suffit, gronda une silhouette autoritaire en haut des escaliers.

Saisie par la stupéfaction, la jeune femme releva la tête vers l'homme éclairé par les lumières, qui s'étaient brutalement allumées, dont elle avait complètement oublié les traits mais dont la prestance ne s'était pas amoindrie au fil des années.
Le Comte de Monte-Cristo.

- Lâche ton arme, André, ordonna le Comte en descendant les escaliers. La demoiselle nous a prouvé qu'elle savait se défendre.

André ? Adélaïde reporta un regard incrédule sur l'homme en dessous d'elle. Ce dernier lâcha l'arme, retira son capuchon et le visage de la jeune femme fit face à celui d'un garçon de son âge aux yeux bleus aussi froids que de la glace. Le mystérieux inconnu qu'elle avait vu quatre ans plus tôt. Cela ne manqua pas ; la rougeur envahit aussitôt les joues brûlantes de la jeune femme.

- Pourriez-vous me libérer, je vous prie ? fit André avec ironie. Sauf votre respect, vous êtes un peu lourde.

Prenant conscience du ridicule de la situation, Adélaïde se leva d'un bond, puis elle fit face au Comte avec indignation.

- Vous...! Qu'est ce que.. que signifie tout ceci ? s'exclama-t-elle violemment, sans réussir, à sa grande fureur, à gommer les balbutiements dans sa voix.

Le Comte termina paisiblement de descendre les marches, puis il fit face à la jeune femme, insolemment majestueux dans son costume sombre. À côté, elle avait le sentiment de faire tâche.

- Cette petite mise en scène était nécessaire pour vérifier l'étendue de vos capacités, répondit-il calmement.

Il n'y avait pas l'ombre d'un remord sur ce visage impassible.

- Mais... je.. vous rendez-vous compte que je suis allée -sur votre ordre !- en Espagne pendant quatre ans, quatre ans ! s'insurgea Adélaïde. Je me suis pliée à tous vos enseignements sans me plaindre ! Je n'ai même pas cherché à connaître la finalité de toute cette démarche, je vous ai fait aveuglément confiance !