Dead

6*

  

  La rouquine mit quelques instants à comprendre ce qui lui arrivait. Enfoncée dans un tas de poubelles malodorantes, elle glissa par deux fois avant de réussir à se relever. L'écho du métal se répercuta à maintes reprises dans ses mouvements gauche.

  Du côté d'Hayley, l'homme qui se tenait tantôt face à elle, marchait à présent d'un pas décidé en direction de sa sauveuse. Prise de panique par ce qui venait de se passer, Hayley partit rejoindre la rouquine au pas de course. Bousculant au passage l'homme mystérieux qui grommela quelque chose d'inaudible, sans rien perdre de sa superbe.

  La zombie ne voyait que ce type qui venait de perdre l'équilibre, enfin c'est ce qu'elle pensait. En son for intérieur, c'était comme si les flammes de l'enfer la dévoraient. La colère l'envahissait sans qu'elle ne le comprenne. En un clin d'œil elle se retrouva face au gêneur. Tel un retour de bâton, l'homme se prit à son tour un violent coup de talon dans l'abdomen, le propulsant dans le décor. Rebondissant dans un grillage plutôt que d'atterrir dans une poubelle, qui sont tout de même nombreuses à Death Thing.

  Hayley vint à la rencontre de la rouquine, elle semblait essoufflée alors que l'homme à quelques mètres d'elles se relevait presque instantanément.

- Vite ! On doit se casser !

  Hayley empoigna sa sauveuse par le bras, bien décidée à décamper. Mais c'était sans compter sur cette tête de mule fermement prête à en découdre. La rouquine repoussa Hayley sans la brusquer et fonça droit sur le sabreur. Avant qu'il n'ait pu se remettre sur pied complètement, elle lui asséna un nouveau choc du plat de sa botte, l'obligeant à lâcher sa lame. L'homme l'attrapa par la cheville et tira de toutes ses forces pour la forcer à tomber tête la première dans un ignoble claquement.

  Hayley, qui était restée en retrait, n'arrivait pas à masquer son regard face à ce combat acharné. La rouquine ne resta pas longtemps étalée au sol, se relevant dans une cabriole nonchalante en faisant craquer sa nuque pendant que l'homme effectuait une roulade pour rejoindre son katana. S'en était trop pour Hayley qui secoua le bras de la bagarreuse.

- Sors ton flingue ! Sa voix tremblotante trahissait son affolement.

- Je... j'y arrive pas... Souffla l'autre d'agacement ne faisant qu'augmenter la panique de la brunette.

  En règle générale son Colt venait à elle comme par enchantement. Et comme beaucoup de choses, elle ignorait comment procéder. Elle avait beau penser à l'arme à feu, rien n'y faisait, elle n'apparaissait pas. Et malheureusement le temps lui manquait, le sabreur trancha l'air en la dévisageant. Réussissant même à leur envoyer une brise glaciale à l'aide de son mouvement.

  La zombie était partagée entre la furieuse envie de défoncer cet empêcheur de fuir et le souhait de ramener Hayley en lieu sûr. Un coup d'œil furtif à cette dernière finit par la convaincre. La rouquine esquiva un nouveau coup de lame qui aurait pu lui détacher le bras, poussant par la même occasion Hayley dans son dos. Dans un mouvement habile, elle agrippa l'homme par une bretelle de son débardeur et lui fracassa le visage contre le mur adjacent. Le coup fut si bref que lui-même ne s'y était pas préparé. L'homme chuta lourdement au sol dans un son guttural, son katana émit un bruit métallique qui résonna dans la ruelle pendant de longues secondes.

- Maintenant on peut courir ! Surprise par l'action de sa sauveuse, Hayley resta bouche bée devant ce manque d'émotion.

  L'homme bougeait toujours et ne tarderait sûrement pas à se relever plus énervé que jamais. Hayley saisit la main de la rouquine pour être sûre de ne pas la laisser sur le carreau avant d'enfin prendre ses jambes à son cou.

  Le sabreur s'appuya sur un genou tout en se pinçant le nez. A l'autre bout de la rue, il aperçut les deux demoiselles en fuite. Il ne pouvait pas se tromper au vu de la force surhumaine que possédait cette chose. Mais l'autre était bien vivante, il en était certain. Il avait du mal à comprendre comment.

- C'est quoi ce bordel ?! Il ramassa son katana qu'il glissa dans le saya qu'il portait dans le dos puis emprunta tranquillement la même allée que les fuyardes.