Hayley n'avait pas véritablement réussi à fermer l'œil de la nuit. Chaque bruit, chaque miaulement, chaque lueur provenant des phares d'un véhicule l'avaient empéché de trouver le sommeil. Le soleil avait fini par pointer le bout de son nez, achevant sa nuit de terreur et d'angoisse.
La jeune femme se prépara un encas composé de tartines beurrées qu'elle ne mangea même pas, préférant ingurgité deux cafés amer, son sucrier étant fâcheusement vide. Hayley s'habilla rapidement remettant exactement le même t-shirt que la veille, en beaucoup plus propre néanmoins, avec un jeans simple.
Elle avait énormément de temps avant de prendre son poste mais elle ressentait le besoin de marcher, de reprendre sa vie où elle l'avait laissé hier dans les ruelles. Elle toucha du bout des phalanges la lettre écrite par sa mère et se mit en route. Les allées étaient plutôt calme à cette heure. 7h30, le moment où les voyous allaient se coucher du repos des dépravés. On aurait presque pu entendre les oiseaux chanter, s'ils n'étaient pas aussi haut perchés. La brise fraîche lui faisait le plus grand bien.
Ses paupières étaient extrêmement lourdes et elle ne pouvait se retenir de repenser à cette soirée. Entre l'altercation de gang où elle s'était retrouvée par malchance au milieu, la rencontre de cette mystérieuse fille qu'elle avait prénommée Carrie sans oublier l'homme énigmatique qui leur était tombé dessus, rien n'avait été normal. La brunette s'arrêta au beau milieu de la rue, prenant une grande inspiration. Cette journée allait s'avérer longue, très longue. Hayley se tapota les joues, elle ne devait plus y songer. Surtout, elle devait contacter sa mère, le meilleur remède à tous les maux. Il ne fallut que deux tonalités avant qu'une voix douce et maternelle ne réponde.
- Oui m'man, désolé d'appeler si tôt même si je s...
- Excusez-moi mais vous devez vous tromper. Je n'ai pas d'enfant.
La voix à l'autre bout du fil ne faisait montre d'aucune animosité. Hayley écarquilla les yeux, vérifiant le numéro composé sur son écran. Sans conteste c'était bien celui de sa mère, unique membre restant de sa famille proche.
- Mais... maman... c'est moi, Hayley...
- Vraiment, vous devez faire erreur. Au revoir.
Sans demander son reste, la femme raccrocha laissant la brunette pantois. Il lui fallut quelques minutes pour s'en remettre, elle avait eu du mal à lâcher des yeux son écran de téléphone tant que le message fin d'appel était toujours affiché. Une journée bien longue sans l'ombre d'une hésitation.
Il fallait tout de même qu'elle aille travailler. Après tout, la jeune femme s'était sûrement trompée d'un chiffre, peut-être l'avait-elle modifié par mégarde en dormant avec son cellulaire dans les mains, bien que la voix à l'autre bout du fil ne laissait percevoir aucun doute, c'était bien celle de sa mère. Hayley déglutit difficilement, elle irait voir sa mère après sa journée pour éclaircir ce mystère. D'ailleurs elle venait d'arriver devant la supérette : Baazar Life. Nom en tout point stupide, mais c'était ce qui payait son loyer.
La boutique n'était ni trop grande ni trop petite. Implantée en plein centre ville aux côtés d'un nombre interminable d'enseignes similaires. De l'intérieur, le magasin semblait immense avec ses larges rayonnages qui parcouraient l'entièreté de l'édifice, imitant le corps d'un serpent rampant dans une boîte à la recherche d'une issue. Le vaste choix de produits était l'atout qui démarquait l'enseigne de la proche concurrence. Entre les longues gondoles remplies à rabord de nourriture rapide, en conserve ou surgelée, accolées directement aux vêtements bas de gamme aux couleurs immorales et nauséeuses sans oublier le coin lecture aménagé entre les accessoires de vie et les produits d'entretien. Il y avait de tout pour tous.
En entrant dans la supérette, aucun collègue ne fit attention à Hayley. La brunette les salua, comme à son habitude, d'un signe de main amicale. Pourtant aujourd'hui personne ne lui répondit. Enfin simplement de manière formelle comme si elle n'était qu'une cliente banale parmi tant d'autres. Hayley ne releva pas vraiment leur attitude mais une fois devant l'accès réservé aux employés, l'agent de sécurité se plaça entre elle et la porte de service. C'était le genre de type hyper bodybuildé à qui on ne cherchait que très occasionnellement des noises. Ses bras croisés faisaient trois fois la largeur d'Hayley, si ce n'était plus, et son visage froid laissait à comprendre qu'elle n'avait rien à faire ici.
- Salut Bob, Hayley se força à sourire malgré que les événements saugrenus de la veille ne faisaient que persister.
- Madame, vous ne pouvez pas entrer. Cet accès n'est autorisé que pour le personnel.
Madame ? C'était quoi encore que ce foutoir ? D'abord sa mère, si c'était bien le bon numéro, et maintenant il s'agissait de l'employé de la sécurité qui s'y mettait. Elle nageait en plein délire, c'était évident maintenant.
- Je travaille ici, Bob ! Si c'est une blague, elle est de très mauvais goût !
Sans même prendre la peine de répondre, le dénommé Bob, en realité il se nommait Robert mais personne ne l'appelait comme ça depuis des lustres, appuya sur son oreillette en parlant d'une voix inaudible, tournant le visage pour que la jeune femme ne puisse lire sur ses lèvres. Mais qu'est ce qu'il se passait dans sa vie en ce moment ? Rapidement, le responsable arriva, passant par la porte qu'Hayley était interdite de franchir. L'homme dévisagea tout d'abord Bob puis passa son regard inquisiteur sur Hayley.
- Que se passe-t-il ?
- Cette jeune femme prêtant travailler ici, monsieur.
Le tas de muscle avait toujours les bras fermement croisés et son regard glacial vissé sur elle.
- C'est quoi ce délire ?! Mark, dites quelque chose !
L'homme au costume de mauvais goût, chemise jaune pastel sur pantalon de ville rouge pétant avec la cravate assortie, remonta ses lunettes à grosse monture noire.
- Comment vous êtes-vous procuré le t-shirt de l'entreprise mademoiselle ? Je pourrais contacter la police et cela pourrait aller loin.
- Mais...
- Et ce badge vierge ?
Mark attrapa du pouce et de l'index l'insigne accroché à son t-shirt. Étonnamment son prénom avait disparu.
- Je...
- Écoutez, je passe l'éponge cette fois-ci. Si vous réitérez votre petit manège, je me verrai dans l'obligation d'agir en votre défaveur. Bob, veuillez la raccompagner à la sortie, je vous prie.
Honteuse, Hayley se fit reconduire à l'extérieur sans faire de zèle en promettant en plus de restituer les affaires du magasin.
Debout, seule, face à la rue qui s'animait peu à peu, Hayley éclata en sanglots. Certains piétons se retournaient sur son passage. Elle n'en avait plus rien à foutre de personne. Aucun regard, aucun jugement ne pouvait plus l'atteindre. Elle avait déjà trop subi aujourd'hui, s'en était trop. Puis une averse s'invita pour lui tenir compagnie.
Quelle saison de merde !
Et quel joyeux anniversaire...
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Dead
Science FictionDans un monde où les âmes sont précieuses, deux femmes se croisent dans un destin tragique. L'une avait décidé de donner son âme à une entité mysterieuse, perdant ainsi son humanité. Tandis que l'autre se trouvait simplement au mauvais endroit au...