Les ombres du port

Chapitre 8

Le lendemain matin, Marine se réveilla avec une étrange sensation de calme, un contraste frappant avec l'anxiété qui l'avait habitée ces derniers jours. Les événements de la veille tournoyaient dans son esprit : la rencontre avec l'ancien policier, les informations cruciales qu'il avait partagées, et surtout, le lien grandissant entre elle et Samir.

Alors qu’elle se levait pour se préparer, elle se surprit à sourire en repensant au baiser léger de Samir sur sa joue. C’était un geste simple, mais il avait marqué un tournant. Elle ne savait pas encore où tout cela les mènerait, mais pour la première fois depuis longtemps, elle sentait qu'elle pouvait se permettre de laisser entrer quelqu'un dans sa vie, malgré les dangers qui les entouraient.

Elle était en train de boire son café lorsque son téléphone vibra sur la table. Un message de Samir :

**"Je passe te chercher dans une heure. On doit parler du plan."**

Elle répondit rapidement et passa les minutes suivantes à se préparer. Malgré l’apparente routine de la matinée, elle ne pouvait s’empêcher de sentir une tension latente, une menace invisible qui planait au-dessus d’eux.

Samir arriva comme prévu. Lorsqu'il entra dans l’appartement, Marine remarqua qu'il semblait plus tendu que d'habitude.

— Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-elle en posant sa tasse.

— Je pense que nous sommes surveillés, répondit-il en jetant un coup d’œil rapide autour de lui.

Marine sentit son estomac se nouer.

— Comment tu le sais ?

Samir sortit une petite enveloppe de sa poche et la posa sur la table.

— Ce matin, j’ai trouvé ça sous mon essuie-glace.

Marine ouvrit l’enveloppe avec précaution. À l’intérieur, il y avait une simple feuille de papier, pliée en deux. Lorsqu’elle la déplia, elle découvrit une série de photos. Des photos d’elle et de Samir, prises la veille, dans le café où ils avaient rencontré l’ancien policier. Les images étaient claires, capturant chaque mouvement, chaque expression.

Elle déglutit avec difficulté.

— Ils savent tout… Ils nous surveillent vraiment de près.

— Oui, répondit Samir en s’asseyant en face d’elle. Je pense qu’ils essaient de nous intimider. Nous faire savoir qu’ils peuvent frapper à tout moment.

Marine hocha la tête, essayant de contenir la panique qui menaçait de l’envahir.

— Ça ne change rien. On continue, Samir. On ne peut pas reculer maintenant.

Samir posa sa main sur la sienne, un geste qui, malgré la gravité de la situation, lui apporta un certain réconfort.

— Je suis d’accord, mais on doit être plus prudents. Ils ne vont pas nous lâcher, Marine.

Ils passèrent la matinée à revoir leur plan. Le contact qu'ils avaient rencontré la veille avait mentionné un homme, un ancien juge, qui pourrait détenir des informations cruciales pour faire tomber les "Ombres". Cet homme, retiré depuis quelques années, vivait en dehors de la ville, dans une maison isolée en bordure d’un lac. Selon le contact, il avait autrefois tenté de s’opposer aux "Ombres" avant d’être contraint à la retraite sous la menace.

Marine et Samir décidèrent de lui rendre visite le lendemain. Mais avant cela, ils devaient prendre des précautions. Marine proposa d’utiliser une voiture louée pour le déplacement, afin d’éviter d’être facilement suivis. Ils passèrent également en revue les différents itinéraires possibles, cherchant à éviter les endroits où ils pourraient être piégés.

La journée se déroula dans une ambiance tendue. Marine ne pouvait s’empêcher de jeter des coups d’œil par la fenêtre, s’attendant à voir une voiture suspecte ou un visage inconnu l’observer depuis la rue. Mais rien d’anormal n’apparut.

Le soir venu, Samir resta chez Marine pour continuer à planifier. Ils décidèrent de commander à manger, trop absorbés par leur travail pour cuisiner. Alors qu’ils discutaient, le ton devint progressivement plus détendu. La conversation dériva, quittant le terrain de l’investigation pour aborder des sujets plus légers. C'était un moment de répit bienvenu, où ils pouvaient être eux-mêmes, sans la pression constante de l'enquête.

Après le repas, Samir suggéra de regarder un film pour se changer les idées. Marine accepta avec un sourire, reconnaissante pour cette pause dans la tourmente. Ils s'installèrent sur le canapé, côte à côte, la tension entre eux palpable. Au fil du film, Marine sentit le bras de Samir se rapprocher du sien, jusqu'à ce que leurs épaules se touchent. Elle ne bougea pas, appréciant cette proximité.

Le film se termina tard dans la nuit. Marine se tourna vers Samir, son regard rencontrant le sien. Il y avait quelque chose de différent dans la façon dont ils se regardaient maintenant, une connexion plus profonde qui allait au-delà de la simple camaraderie.

— Merci d’être resté, dit-elle doucement, brisant le silence.

— Je ne voulais pas te laisser seule ce soir, répondit-il, sa voix tout aussi douce. On ne sait jamais ce qui peut se passer.

Marine hocha la tête, puis, sans vraiment réfléchir, elle se pencha et déposa un léger baiser sur sa joue, exactement là où il l’avait embrassée la veille. Samir resta immobile un instant, surpris, puis un sourire tendre éclaira son visage.

— Marine… murmura-t-il, hésitant.

Elle sentit son cœur battre plus fort, l’émotion montant en elle. Ce qui s’était passé entre eux ces derniers jours n’était pas simplement le fruit des circonstances. C’était quelque chose de réel, quelque chose qu’elle ne pouvait plus ignorer.

— Je sais que ce n’est pas le bon moment, Samir, dit-elle en baissant les yeux. Mais… je ne peux pas nier ce que je ressens.

Samir ne répondit pas tout de suite. Il posa une main douce sous son menton et la força à lever les yeux vers lui.

— Ce n’est peut-être pas le bon moment, mais c’est réel. Et c’est ce qui compte.

Leurs regards se croisèrent, et cette fois, aucun d’eux ne recula. Samir se pencha doucement et l’embrassa, un baiser tendre, empli de la promesse de quelque chose de plus grand. Marine se laissa emporter par ce moment, oubliant un instant les dangers, les peurs, et tout ce qui les entourait.

Lorsqu'ils se séparèrent, le silence était chargé de sens. Marine savait que tout avait changé. Ce baiser n’était pas simplement le début d’une romance, mais aussi un engagement, une promesse qu’ils seraient là l’un pour l’autre, quoi qu’il arrive.

— Reste ce soir, dit-elle enfin, la voix tremblante d’émotion.

Samir acquiesça, un sourire complice aux lèvres.

— Je ne comptais pas partir de toute façon.

Ils s'installèrent à nouveau sur le canapé, mais cette fois, l'ambiance était différente, plus intime, plus assurée. Marine se blottit contre lui, sentant sa chaleur, et pour la première fois depuis des jours, elle se sentit en sécurité.

Ils savaient tous les deux que le lendemain apporterait son lot de défis et de dangers, mais pour l’instant, ils se contentèrent de savourer cet instant de paix, ensemble.

L’orage grondait toujours à l’horizon, mais ils étaient prêts à l’affronter, main dans la main.