Chapitre 9

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Marine se réveilla seule dans son appartement, le silence pesant accentué par l'absence de Samir. La veille avait été marquée par un mélange d'émotions fortes, et ce matin, elle sentait encore les répercussions de ce qui s'était passé entre eux. Cependant, la réalité ne tarda pas à la rattraper. Le travail de Samir l'avait rappelé à ses responsabilités, et il avait dû partir tôt, laissant Marine à ses propres réflexions.

Elle aurait aimé qu’il soit là, surtout aujourd’hui. Le souvenir des photos trouvées sous l’essuie-glace de Samir, preuve indéniable qu’ils étaient surveillés, la mettait sur les nerfs. Malgré tout, elle savait qu’elle devait continuer. Leur enquête ne pouvait pas attendre.

Elle passa la matinée à analyser les informations qu'ils avaient rassemblées. La liste de noms obtenue auprès de l'ancien policier la veille était cruciale. Chaque nom, chaque connexion devait être minutieusement examiné. Marine nota les détails les plus importants, traça des lignes entre les individus, cherchant la fameuse faiblesse commune que leur contact avait mentionnée. C'était un travail fastidieux, mais nécessaire.

Cependant, sans Samir à ses côtés, tout lui paraissait plus difficile. Sa présence la rassurait, l’aidait à garder son calme dans cette situation de plus en plus précaire. Seule, elle sentait le poids des événements l'écraser, la peur insidieuse de faire une erreur, de baisser sa garde ne la quittait pas.

Vers midi, Marine décida de sortir pour prendre l’air. L’appartement lui paraissait étouffant, rempli des ombres de ses doutes et de ses craintes. Elle se couvrit rapidement et descendit dans la rue, essayant de se fondre dans la foule anonyme.

Elle marchait sans but précis, espérant que le mouvement la distrairait. Mais à chaque coin de rue, elle jetait des coups d’œil nerveux autour d’elle, cherchant des signes de surveillance, des regards insistants, des silhouettes suspectes. À mesure que les minutes passaient, son angoisse grandissait. Elle savait que les "Ombres" ne la laisseraient pas tranquille, surtout si elles avaient perçu sa vulnérabilité.

Soudain, elle se figea. Un homme, à quelques mètres de là, semblait la suivre. Il portait un manteau sombre, ses traits indistincts sous un chapeau large. Marine accéléra le pas, mais l'homme fit de même, sans se précipiter, mais sans la perdre de vue non plus. Son cœur battait à tout rompre, le souffle court. Elle devait garder son calme.

Marine tourna rapidement à l’angle d’une rue, entrant dans un petit café. Elle se glissa à l'intérieur et s'assit à une table près de la fenêtre, essayant de se calmer tout en gardant un œil sur la porte. Quelques minutes plus tard, l'homme en manteau sombre passa devant la vitrine du café, jetant un rapide coup d’œil à l'intérieur avant de continuer son chemin. Elle ne put retenir un soupir de soulagement, mais l’angoisse restait, tapie juste sous la surface.

Elle resta dans le café un moment, observant les passants, essayant de déterminer si elle pouvait rentrer chez elle sans être suivie. Après une demi-heure, elle se décida enfin à quitter les lieux. Elle prit soin de changer plusieurs fois d'itinéraire avant de retourner à son appartement, espérant semer toute éventuelle surveillance.

En arrivant chez elle, Marine verrouilla soigneusement la porte et la vérifia plusieurs fois, sentant l'adrénaline redescendre lentement. Elle se laissa tomber sur son canapé, épuisée, mentalement et physiquement. Samir lui manquait, et elle détestait se sentir aussi vulnérable sans lui.

Elle savait qu’elle ne pouvait pas se permettre de rester inactive. Alors, après quelques minutes, elle se força à se replonger dans les dossiers. Mais la concentration était difficile à trouver. Les souvenirs de l'homme en manteau, le sentiment d'être constamment épiée, l'accablaient.

Au cours de l'après-midi, elle reçut un appel. Le nom de Samir apparut sur l’écran, et elle décrocha immédiatement, soulagée d’entendre sa voix.

— Marine, ça va ? demanda-t-il d'une voix inquiète.

— Oui… enfin, aussi bien que possible, répondit-elle en essayant de masquer son angoisse. Et toi ?

— J'ai eu une journée compliquée, mais ça va. J'ai essayé de te joindre plus tôt, mais j'étais pris dans une réunion interminable. Tu as avancé sur la liste ?

Marine lui raconta sa journée, y compris l’incident avec l’homme qui la suivait. Samir écouta en silence, puis répondit d’une voix grave.

— Marine, tu dois être encore plus prudente. Si quelqu'un te suit, c'est qu'ils sont plus proches que ce qu'on pensait. Je suis désolé de ne pas avoir été là aujourd'hui.

— Ne t’en fais pas. Je vais bien. Mais c’est vrai que tout est plus difficile quand tu n’es pas là.

Il y eut un moment de silence, puis Samir reprit, la voix plus douce.

— Je serai bientôt de retour, Marine. Et cette fois, on ne les laissera plus nous échapper. On doit rester forts, ensemble.

Les paroles de Samir réchauffèrent le cœur de Marine. Elle se rendit compte à quel point il comptait pour elle, non seulement dans cette enquête, mais dans sa vie tout entière. Leur relation, qui avait commencé par une simple collaboration, s'était transformée en quelque chose de bien plus profond.

— Je t’attends, répondit-elle finalement, sa voix tremblante d'émotion.

La journée s'écoula lentement après cet appel. Marine continua à travailler, mais la fatigue et l’inquiétude pesaient lourdement sur ses épaules. Le soir venu, elle décida de se préparer quelque chose à manger, espérant que cela l’aiderait à se détendre.

Elle venait de finir de préparer son repas lorsqu’un bruit sourd retentit à la porte, comme si quelqu'un avait déposé quelque chose devant. Marine s’approcha prudemment, l’angoisse montant en elle. Elle ouvrit la porte avec précaution, découvrant une petite boîte en carton, sans aucune indication.

Elle hésita un instant, puis la ramassa et la ramena à l'intérieur. Assise à la table de la cuisine, elle ouvrit lentement la boîte. À l’intérieur, elle trouva une clé USB, posée sur un simple bout de papier portant une inscription manuscrite : **"Pour votre enquête."**

Marine sentit un frisson parcourir son dos. Était-ce une aide inattendue ou un piège ? Elle ne savait pas quoi penser. Samir n’était pas là pour l’aider à décider. Mais elle savait qu’elle devait prendre des risques si elle voulait avancer.

Elle prit une grande inspiration, alluma son ordinateur portable, et inséra la clé USB, les mains légèrement tremblantes. L’écran clignota un instant, puis un dossier unique apparut, intitulé simplement "Vérité".

Marine ouvrit le dossier, découvrant une série de documents, des photos, et une vidéo. Elle lança la vidéo, son cœur battant à tout rompre. Les images qui apparurent à l'écran la laissèrent sans voix.

C'était une séquence filmée dans une pièce obscure, où plusieurs hommes, dont certains faisaient partie de la liste qu'elle avait reçue, discutaient de manière animée. Ils parlaient de plans, de transactions illégales, et surtout, ils mentionnaient les "Ombres". C'était la preuve qu'elle cherchait, le lien tangible entre ces hommes puissants et l'organisation criminelle.

Marine éteignit la vidéo, le souffle court. Elle venait de mettre la main sur quelque chose de potentiellement explosif. Mais cette découverte la mettait également en grand danger. Elle devait à tout prix contacter Samir, partager avec lui cette nouvelle information, et surtout, se préparer à ce qui allait suivre.

Le soir tombait, et l'obscurité envahissait lentement son appartement. Marine savait qu’elle était désormais au cœur de la tempête. Seule, elle sentit le poids de cette responsabilité, mais elle savait que dès que Samir serait de retour, ils seraient prêts à affronter ensemble les "Ombres", quel qu’en soit le prix.

Les ombres du portOù les histoires vivent. Découvrez maintenant