Chapitre 11

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Samir marchait rapidement dans les rues de la ville, les pensées tournant en boucle dans sa tête. Le message qu'il avait reçu plus tôt brûlait encore dans sa poche, comme une menace latente prête à exploser à tout moment. Le visage de Marine, allongée inconsciente à l’hôpital, revenait sans cesse, alimentant sa colère et son désespoir. Mais au fond de lui, une résolution s'était formée, froide et implacable.

Il avait contacté une source, un vieil ami qui avait ses entrées dans les réseaux souterrains, des cercles qu'il avait délibérément évités jusqu'à présent. Mais maintenant, il n’avait plus le choix. Les "Ombres" venaient de s’attaquer à la seule personne qui comptait vraiment pour lui, et Samir était prêt à tout pour les faire tomber.

Arrivé à une petite rue isolée, il entra dans un bar à l’aspect anodin, mais dont la clientèle et l’atmosphère ne laissaient aucun doute sur la nature des affaires qui s’y déroulaient. Le lieu était sombre, rempli de la fumée de cigarettes et du murmure constant des discussions à voix basse. Samir balaya la salle du regard jusqu'à repérer un homme assis seul à une table au fond, un verre de whisky à la main.

— Salim, fit Samir en s’approchant.

L’homme leva les yeux et esquissa un sourire en voyant Samir. Il avait le visage buriné, marqué par des années de vie dans l’ombre, et des yeux perçants qui semblaient tout deviner en un regard.

— Samir, mon vieux. Ça faisait un bail, dit-il en désignant la chaise en face de lui. Assieds-toi.

Samir s’installa, tendu, mais déterminé.

— J’ai besoin d'informations, Salim. Sur les "Ombres". Je sais que tu en as entendu parler.

Salim haussa un sourcil, amusé.

— Les "Ombres" ? Tu n'es pas le premier à poser des questions sur eux. Mais, mon ami, c’est un jeu dangereux, même pour toi.

— Ils ont attaqué Marine. Ils l'ont laissée pour morte, répliqua Samir, la colère sourdant dans sa voix.

Le sourire de Salim s'effaça, remplacé par une expression grave.

— Désolé d’apprendre ça. Mais tu sais que ce n’est pas aussi simple que de demander des infos et de les démolir. Ces gars-là, ils ne jouent pas selon les règles. Ils sont partout et nulle part à la fois.

Samir serra les poings sous la table.

— Justement, je dois comprendre comment ils fonctionnent. Je veux savoir qui est à leur tête, comment ils communiquent, et surtout, où les trouver.

Salim resta silencieux un moment, pesant ses options. Puis, il se pencha en avant, parlant plus bas.

— Les "Ombres" sont un réseau, Samir. Pas juste un groupe de types en costume. Ils infiltrent tout, des entreprises aux gouvernements, en passant par la police et même les médias. Ils tirent les ficelles dans l’ombre, et ceux qui tentent de les exposer finissent... disons, mal en point.

Il marqua une pause avant de reprendre.

— Il y a une rumeur, une légende parmi les initiés. Une femme connue sous le nom de **"La Chouette"**. C’est elle qui serait derrière tout ça, celle qui orchestre les opérations. Personne ne l’a jamais vue, mais elle est redoutée même par les plus puissants. On dit qu’elle est capable de faire disparaître n'importe qui sans laisser de trace. Et si les "Ombres" s'en sont pris à Marine, c’est probablement parce que vous vous êtes approchés trop près d’elle.

Samir sentit un frisson glacé parcourir son échine.

— Comment je la trouve ?

Salim secoua la tête.

— C’est ça le problème. Personne ne sait où elle se cache, ni à quoi elle ressemble. Mais il y a un homme qui pourrait t'aider. Un type qu’on appelle **"Le Renard"**. C’est un ancien membre des "Ombres", exilé pour une raison inconnue. Il connaît les rouages internes du groupe mieux que personne. Le problème, c’est qu’il est aussi très méfiant. Il ne parle pas facilement, et encore moins à ceux qu’il ne connaît pas.

— Où je le trouve ?

— Il est à Berlin, dans un vieux quartier à l’écart du centre-ville. Je peux te donner l’adresse, mais fais attention, Samir. Tu joues avec le feu, et cette fois, il n’y a peut-être pas de retour en arrière.

Samir acquiesça, prêt à prendre ce risque. Salim griffonna une adresse sur un morceau de papier et le tendit à Samir.

— Je te souhaite bonne chance, mon ami. Tu en auras besoin.

Samir prit le papier et se leva, déterminé.

— Merci, Salim. Je te revaudrai ça.

Salim sourit tristement.

— J’espère que tu en auras l’occasion.

Samir quitta le bar, la tête pleine de questions et le cœur alourdi par l’appréhension. Il savait que ce qu’il s'apprêtait à faire était risqué, mais il n’avait plus le luxe de reculer. Pour Marine, pour tout ce qu'ils avaient perdu et pour ce qu'ils espéraient encore sauver, il devait continuer à avancer.

Il monta dans sa voiture et regarda une dernière fois l'adresse sur le papier avant de l'insérer dans son GPS. Berlin. Le cœur de l’Europe, un endroit où les secrets et les mensonges se croisaient dans un labyrinthe de pouvoir et de corruption.

Alors qu'il démarrait, une pensée fugace traversa son esprit : ce voyage pourrait bien être son dernier. Mais il était prêt à tout pour retrouver Marine et faire payer ceux qui l’avaient blessée.

La route s'étendait devant lui, longue et incertaine. Mais pour la première fois depuis longtemps, Samir se sentait prêt. Prêt à affronter les ténèbres, à plonger dans l’ombre pour y traquer ceux qui s’y cachaient.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 08 ⏰

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