Chapitre 7

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Marine n'avait presque pas dormi depuis l'incident à l'entrepôt. Malgré la sécurité renforcée, la tension ne la quittait pas. Elle savait que les "Ombres" ne lâcheraient pas l'affaire. La révélation qu'elle avait frôlé la mort la nuit dernière planait comme une ombre dans son esprit.

Au petit matin, Samir passa chez elle. Il apportait des croissants et un café fort, un geste simple qui réchauffa un peu l’atmosphère lourde qui régnait dans l’appartement.

— Je sais que tu es sur les nerfs, dit-il en s’installant à la table de la cuisine. Mais tu dois prendre un moment pour souffler.

Marine hocha la tête sans grande conviction. Elle se laissa tomber sur une chaise et prit un croissant sans appétit.

— Merci, Samir. Pour tout. Si tu n’étais pas venu hier…

Samir leva la main pour l’interrompre.

— N’y pense plus. Ce qui compte, c’est que tu sois saine et sauve.

Un silence s’installa entre eux, seulement brisé par les bruits du petit-déjeuner. Marine s’aperçut qu'elle se sentait en sécurité en sa présence, un sentiment rare ces derniers temps. Le regard de Samir, habituellement plein d’ironie, était ce matin-là empreint d’une douceur inattendue. Cela la toucha plus qu'elle ne voulait l'admettre.

— Et maintenant ? demanda Samir, brisant le silence. Que comptes-tu faire ?

Marine soupira en fixant son café.

— Je dois continuer. Je ne peux pas m’arrêter maintenant, Samir. J'ai des preuves, mais il manque encore quelque chose. Une pièce du puzzle.

— Et cette pièce, tu penses la trouver où ?

— J’ai un contact. Un ancien policier qui a travaillé sur des affaires de corruption. Il pourrait avoir des informations que nous n'avons pas encore. Je vais le rencontrer ce soir.

Samir fronça les sourcils, visiblement préoccupé.

— Marine, c’est trop dangereux. Si les "Ombres" ont su pour l'entrepôt, elles peuvent savoir pour ce rendez-vous.

— Je le sais. Mais je ne peux pas reculer maintenant. Ils doivent être arrêtés.

Un moment passa, puis Samir se pencha légèrement vers elle, sa main frôlant la sienne sur la table.

— Je viendrai avec toi.

Marine leva les yeux, surprise.

— Non, Samir. C’est trop risqué. Je ne veux pas te mettre en danger.

— Je ne te laisse pas y aller seule, Marine. Pas après ce qui s'est passé hier.

Marine sentit son cœur se serrer. Elle ne s’attendait pas à cette détermination de la part de Samir. Leurs regards se croisèrent, et pour la première fois, elle lut autre chose que de l’amitié dans ses yeux. Une chaleur, un intérêt qu’elle n’avait jamais remarqué auparavant.

Un silence tendu s’installa, chargé d’une émotion nouvelle. Marine sentit son pouls s’accélérer. Elle savait que la situation était dangereuse, mais quelque chose en elle résonnait avec la proximité de Samir.

— D'accord, dit-elle enfin, sa voix à peine un murmure. Mais nous devons être prudents.

Samir hocha la tête, satisfait.

— Ensemble, on est plus forts, Marine.

Ils passèrent le reste de la journée à élaborer un plan pour le rendez-vous. Samir était concentré, mais Marine sentait l’intimité naissante entre eux, comme un fil ténu qui se tendait doucement, prêt à se transformer en quelque chose de plus fort. Ils ne parlaient pas de ce qui venait de se passer, mais chacun en sentait le poids.

Quand la nuit tomba, ils partirent pour leur rencontre. Marine ne pouvait s'empêcher de jeter des regards en coin à Samir, essayant de comprendre ce qu’elle ressentait. Une nouvelle complicité s’était installée entre eux, renforcée par les épreuves qu'ils traversaient ensemble.

Le rendez-vous se déroula dans un vieux café, en périphérie de la ville. Ils arrivèrent un peu en avance, repérant les lieux. L’ancien policier, un homme usé par la vie mais encore vif, les rejoignit peu après. Il jeta un coup d'œil prudent autour de lui avant de s’asseoir avec eux.

— Vous avez été discrète, c’est bien, commença-t-il en guise de salutations. Mais je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir vous aider.

Marine alla droit au but, posant sur la table les copies de certains documents qu’elle avait pu récupérer.

— Ces noms vous disent quelque chose ?

L’homme regarda les papiers, son expression se durcissant.

— Oui, répondit-il après un moment. Trop bien. C’est une liste de personnes intouchables. Vous vous attaquez à un nid de vipères, mademoiselle. Vous en êtes consciente ?

— Je le sais. Mais je ne peux pas reculer. Ils doivent être exposés.

Le vieux policier soupira et se pencha en avant.

— Écoutez, j’ai vu trop de collègues tomber pour moins que ça. Vous jouez avec le feu. Mais si vous êtes décidée, je peux vous dire que cette liste est la clé. Tous ces gens ont un point commun, une faiblesse qu'ils partagent. Si vous la trouvez, vous pourrez peut-être les faire tomber. Mais faites attention, ils vous surveillent déjà.

Marine hocha la tête, enregistrant chaque mot. Elle sentait Samir à côté d’elle, silencieux mais présent, un soutien précieux dans cette situation dangereuse.

Après le rendez-vous, en sortant du café, ils marchèrent en silence, chacun absorbé dans ses pensées. Puis, sans un mot, Marine attrapa la main de Samir. Il la serra en retour, leur silence se transformant en quelque chose de plus profond, de plus intime.

Ce geste, si simple mais si chargé de signification, fut la première étape vers quelque chose de nouveau entre eux. Leur relation changeait, évoluait, sous la pression de tout ce qu’ils traversaient. Marine sentait cette attraction croissante, mêlée à la peur du danger qui les entourait.

Ils rentrèrent finalement chez elle, où Samir insista pour rester un peu, pour s'assurer qu'elle allait bien. Marine ne s'opposa pas. Assis côte à côte sur le canapé, ils parlèrent peu, mais chaque regard, chaque geste en disait long.

Avant de partir, Samir se pencha et déposa un baiser léger sur sa joue, un geste empreint d’une tendresse qu’il n’avait jamais exprimée ouvertement. Marine sentit son cœur s'emballer, mais elle ne dit rien, se contentant de lui sourire.

Quand il quitta l’appartement, elle resta un moment à la porte, son esprit en ébullition. Les "Ombres" étaient toujours là, menaçantes, mais pour la première fois, elle sentait qu’elle n’était pas seule dans ce combat.

Samir était à ses côtés, et leur lien, encore fragile mais puissant, serait peut-être ce qui lui permettrait de tenir bon face à l’orage qui approchait.

Les ombres du portOù les histoires vivent. Découvrez maintenant