"Dans Les Brumes Du Temps"

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Je rangeais mes livres , le cœur lourd et l'esprit ailleurs. Chaque volume que je prenais entre mes mains semblait porter le poids des années et des souvenirs. Le silence régnait dans la maison, seulement troublé par le froissement des pages et le craquement des vieilles reliures.

Alors que je tentais d'oublier ce vide intérieur, la sonnette retentit soudainement, m'arrachant à mes pensées. Je me dirigeai vers la porte, et là, je les vis : mes neveux, souriants et insouciants. Leur présence apporta une brève lueur dans la pénombre de ma journée. Nous passâmes du temps ensemble, et je me forçai à sourire, à rire avec eux, bien que mon cœur fût ailleurs, piégé dans des souvenirs que je préférais taire.

Mais alors que nous parlions, ma nièce se baissa pour ramasser une serviette tombée, et son regard se posa sur un objet que j'avais oublié. Mon vieux journal intime, couvert de poussière, était là, à découvert.

"-Tu rangeais tes livres Tata Emma ? Mais..c'est ton journal intime! Celui dont tu m'avais parlé. Dit-elle en s'asseyant près de moi, le journal à la main.

-Ahh.. Oui Elise..c'était il y a fort longtemps tu sais..quand ta tante était encore belle..

-Ne dis pas n'importe quoi Tata..les petits jouent dans le jardin et..Tu m'avais promis de parler de ce journal..Alors.."

Je ris, regardant Elise, les yeux qui brillent. Puis, je pris le journal et l'ouvrit, la première page frappa mon cœur:

« A mon premier et dernier amour, Gabriel. »

Emma, 1959

Je marchais d'un pas léger, entourée de mes amis, alors que le bruit de nos pas résonnait sur les pavés encore humides de rosée. Vêtue de ma robe à pois bleus et de mon manteau en laine soigneusement boutonné, je discutais avec animation des dernières nouvelles et des petits secrets échangés entre amies. Nos cartables, ornés de motifs colorés, balançaient au rythme de notre marche, tandis que les premiers rayons de soleil caressaient les façades des maisons. Le chemin vers l'école semblait être un lieu empreint d'insouciance, où chaque matin offrait la promesse d'une nouvelle journée pleine d'aventures et de découvertes.

" - Mon père a dit non pour le voyage. Dis-je en marchant d'un pas plus rapide
- Ton père fait tellement chier, mais bon.. D'ailleurs a-t-il fini ma robe ou pas ?"

Je regardais mes chaussures, tout en marchant,puis hocha la tête. Elisabeth souria, sa cigarette à la main tout en marchant main dans la main avec son amoureux, Marcus,Il y avait aussi George et Monique. Mon père m'avait forcer à traîner avec eux, des pourris gâtés. Comme moi en faite..Alors..si je suis comme eux..pourquoi je me sens si inconfortable auprès d'eux ? Avant même que mes pensées me hantent encore plus je me fis coupé par Monique.

"-Clara s'est suicidée. Je n'arrive pas à croire que cette petasse l'ait fait, enfin..c'était juste des taquineries non? On ne l'embêtait pas plus..Et puis c'est sûrement son père alcoolique qui l'a poussé à faire ça..On va pas avoir des emmerdes hein ?? Dit-elle en ricanant nerveusement.

-Monique.. Dit Elisabeth, tout en fumant. Arrête de parler, ça me fait stresser. Rien ne vas changer, bref..On se voit à la cafétéria."

Je marchais, silencieuse, d'ailleurs on me surnomme murmure au lycée..Je trouve ça stupide, je parle pourtant..Et si je pourrais je crierai même, je crierais mes ressenties et leur demanderai d'aller se faire foutre..

En me dirigeant vers ma classe, je pris un chemin moins fréquenté du couloir, cherchant à éviter le tumulte des autres élèves. C'est alors que j'entendis des éclats de voix étouffés venant d'un coin sombre. Curieuse et inquiète, je me penchai discrètement. Ce que je vis me glaça le sang : un groupe de garçons entourait un jeune, le dos contre le mur, et les coups pleuvaient sur lui avec une brutalité impitoyable.

— "Et c'est quand que tu vas nous redonner notre argent ?!" cria l'un d'eux, la voix empreinte de menace.

Le garçon, les yeux pleins de defiance leur dis:

— "Je t'ai dis que je n'avais encore rien ! C'était ta décision de me les donner maintenant tu patientes. "

Je restai figée, le cœur lourd, en proie à un tourbillon d'émotions contradictoires. Une partie de moi voulait intervenir, mais une autre, paralysée par la peur et l'incapacité, restait immobile. J'observais, les yeux rivés sur cette scène de cruauté, sans oser bouger.

Puis, poussée par une vague de honte et de culpabilité, je me détournai précipitamment et poursuivis mon chemin, les échos des coups résonnant encore dans mon esprit. Chaque pas me rapprochait de ma classe, mais aussi de l'angoisse croissante qui déchirait mon cœur.Regarde toi, tu ressemble de plus en plus à tes fréquentations.. Je ne suis pas comme ça de base..Maman n'aurait pas voulu.  C'est alors que je me précipita vers le couloir.

Mais en arrivant, je découvris le couloir désert, l'endroit était maintenant tranquille et silencieux. Il n'y avait plus de traces de l'agression ni du garçon. Mon cœur se serra encore plus en réalisant que je l'avais laissé dans sa détresse, et que j'avais manqué l'occasion de faire quelque chose. La culpabilité me pesait lourdement, une ombre sombre sur une journée qui, malgré tout, continuait d'avancer.

Quelques jours passèrent, c'était natation aujourd'hui, plusieurs classes étaient partagés entre eux, et je suis tombé dans la classe de ce garçon. Le pire que je pensais arriva, mes amis se moquèrent de lui..Quelle honte, quelle honte que je sois associé à eux putain. Je l'avoue..Ce garçon avait des habits de bas de gammes et même déchirés..mais cela ne voulait rien dire car, en voyant son visage il était plutôt beau.

" -C'est bon? Vous avez fini de faire joujou avec lui ? Le professeur nous attend. Dis-je en me mettant entre eux et le garçon.

-je rêve ,c'est toujours Emma pour gâcher tout..Souffla George avant de partir lui et toute la bande.

-Je te connais toi..C'est celle qui m'a regardé me faire démolir devant elle ? Il s'approcha de moi, son regard noire tout en croisant les bras.

-Je..vous demande pardon ? On ne se connaît pas alors vouvoyez moi..et puis..et puis je suis revenu mais vous n'étiez plus là. Maintenant j'attends votre remerciement pour le fait que je vous ai éviter mes amis!

Il rigola

- Vous êtes très culotté. Si..ce sont vos amis..Pourquoi n'approuviez vous pas leur comportement ? Je veux dire..que ce sont vos amis tout de même.

-..De quoi je me mêle ?! Laissez tomber, vous parler ne vaut pas le coup."

Pour qui ce garçon se prend-t-il ? Pour quelqu'un de misérable il est plutôt audacieux ! Je le regardais pendant que celui-ci remettait en place ces cheveux noirs, puis partit.

•••

•Dear Diary• Où les histoires vivent. Découvrez maintenant