"Les Echos d'un Réveil"

6 3 0
                                    


Point de vue de Emma

Je me réveille avec une lourdeur dans la tête, les rayons du soleil filtrant à peine à travers les rideaux. Je me lève lentement, la sensation de nausée que je ressens depuis quelques jours se fait encore plus pressante. Chaque pas vers la salle de bain semble être un effort colossal.

Je m'agenouille au-dessus du lavabo, tentant de repousser ce malaise qui me serre l'estomac. La chaleur qui remonte est presque insupportable, et je laisse échapper un soupir désespéré. Je me redresse, les mains tremblantes, et je me regarde dans le miroir. Mon visage est pâle, fatigué, et j'essaie de comprendre ce qui se passe. Mon ventre se tord à chaque vague de nausée.

J'essaie de me ressaisir, me dirigeant vers la cuisine dans l'espoir de calmer mon estomac avec un petit déjeuner léger. Le café que j'aime d'habitude semble d'un coup trop fort, et l'odeur me soulève le cœur. En versant le café dans la tasse, je frissonne, me demandant ce qui cloche avec moi.

Je me force à préparer un toast, mais la vue et l'odeur de la nourriture me dégoûtent. Chaque bouchée semble me donner plus de nausées. Je laisse le toast intact et m'assieds, désespérée.

Je me demande ce qui peut causer ce malaise persistant. Un virus? Le stress? Les questions tournoient dans ma tête alors que je prends la décision de consulter un médecin dès que possible. En attendant, je me prépare pour la journée, bien que chaque tâche me semble écrasante.

Ce matin, la simple routine devient un véritable défi, et je ne peux m'empêcher de me demander ce qui ne va pas.

Je me dirige vers la sortie, l'esprit embrumé mais la détermination intacte. En bas des escaliers, je tombe sur le groupe d'harceleurs de Gabriel. Leur présence me tord l'estomac, mais je garde mon calme en leur faisant face.

Un homme avec un sourire narquois s'avance et dit : « Alors, tu es la fiancée du pauvre ? J'imagine que tu n'as pas beaucoup à offrir. »

Sans me laisser démonter, je rétorque avec une froideur mordante : « Vous devriez peut-être vous demander si votre humour est aussi pitoyable que votre portefeuille. »

Leurs visages se durcissent instantanément. L'homme, visiblement vexé, s'approche et me donne un coup violent dans le ventre. La douleur me fait plier en deux, me laissant à genoux sur le pavé.

Ils ne prennent pas la peine de s'arrêter et commencent à fouiller dans mon sac avec une avidité cruelle. Me vidant de l'argent que j'avais sur moi, ils échangent des rires moqueurs avant de partir. Alors que je reste là, haletante et meurtrie, les éclats de rire résonnent dans ma tête, ajoutant une couche de honte à ma douleur.

« Sales cons.. »

Quelques jours après le coup, je me mis à saigner et la douleur devint de plus en plus aiguë. Gabriel, inquiet de me voir si mal, insista pour que nous consultions un médecin. Nous attendîmes, le cœur battant, chaque minute semblant durer une éternité.

Lorsque le médecin entra dans la pièce, son visage sérieux annonçait déjà de mauvaises nouvelles. Après un examen rapide, il prononça des mots qui résonnèrent comme un coup de tonnerre : « Vous avez perdu votre bébé. »

La révélation me frappa de plein fouet. Je n'avais même pas su que j'étais enceinte, et pourtant, cette perte était maintenant une réalité cruelle. Je me sentis envahie par un vide immense, une douleur poignante d'un chagrin inconnu jusqu'alors.

Gabriel, stupéfait, resta figé, incapable de comprendre l'ampleur de ce qui venait de se produire. Le choc de découvrir que je portais un enfant et qu'il était désormais parti le laissa dans une désorientation totale. Nous étions tous deux perdus dans une mer de tristesse, désemparés face à la brutalité de notre sort.

Après cette révélation, le monde autour de moi sembla s'effondrer. Chaque jour se teintait d'une grisaille que je ne parvenais plus à dissiper. Mon cœur, autrefois vibrant d'un espoir fragile, se retrouva plongé dans une obscurité silencieuse. La perte que je ressentais était une ombre constante, étouffant la lumière et noyant mes pensées dans une brume épaisse.

Je errais à travers mes journées comme une spectre, les gestes routiniers devenant des épreuves insurmontables. Les rires et les couleurs du monde semblaient si lointains, comme si je vivais derrière un voile opaque de mélancolie. Chaque souvenir, chaque rêve évanoui était une morsure douloureuse, un rappel incessant de ce que j'avais perdu.

Les nuits étaient peuplées de rêves troublants, des visions de ce qui aurait pu être, hantant mon sommeil avec une intensité désespérée. Le silence de ma chambre se faisait lourd, presque oppressant, chaque moment de solitude amplifiant l'écho de ma peine.

Gabriel, lui aussi, semblait distant, perdu dans son propre tourbillon de désespoir. Nous partageions un silence complice, mais la distance émotionnelle était palpable, creusant un abîme entre nous. Les jours s'étiraient, chaque instant une lutte contre la dépression qui s'était emparée de moi, me laissant vide et désespérément en quête d'une lumière que je ne savais plus où chercher.

•Dear Diary• Où les histoires vivent. Découvrez maintenant